Entrée dans la majorité à la lumière de la lutte pour la démocratie

Avoir dix-huit ans constitue assurément une étape essentielle dans une vie, et ce « passage » vers la majorité était célébré par les autorités de la Commune de Val-de-Travers, vendredi dernier à la salle Fleurisia. Une quarantaine de jeunes citoyens et citoyennes, ayant dix-huit ans cette année, avait répondu positivement à l’invitation de cette cérémonie officielle, en présence de plusieurs membres du Conseil communal et de quelques représentants du Conseil général. « L’entrée dans la majorité est un élément important d’ordre citoyen et politique », a souligné Frédéric Mairy, président de l’exécutif, dans son allocution. Une majorité qui donne accès au droit de vote. « Un droit que nous espérons que vous allez utiliser », a poursuivi le conseiller communal.

La récente création de la carte citoyenne, sésame permettant aux jeunes ayant dix-huit durant l’année de bénéficier de forfaits et de rabais au sein de commerces et établissements locaux, a été rappelée par Frédéric Mairy en insistant sur la nécessité de faire vivre ces lieux de proximité. « Le Conseil communal espère que vous allez rester attachés à cette commune », a souhaité le président de l’exécutif, et ce « malgré des parcours de vie qui peuvent vous emmener ailleurs ». La parole fut ensuite donnée au conseiller général, Philippe Vaucher, qui avouait reconnaître des visages, les « ayant eus en classe », a exposé la volonté du législatif communal de créer à terme un parlement des jeunes. « Il s’agit de permettre aux jeunes de se retrouver et de discuter de projets et de mesures pour eux-mêmes à Val-de-Travers », a insisté l’élu, en ajoutant que cela était sans arrière-fond politique et sans parti. Brièvement, « surtout qu’il y a un apéro après », il a invité les jeunes citoyens présents, intéressés de près ou de loin, à s’inscrire sur un registre à disposition avant la fin de la réception.

Vote : un droit, une responsabilité

La seconde moitié de cette partie officielle était marquée par l’intervention de Yuliya Page, Ukrainienne d’origine, et Vallonnière d’adoption depuis près de vingt ans, invitée par les autorités. En l’annonçant, Frédéric Mairy reconnaissait la difficulté de la tâche, « environ un quart d’heure pour expliquer la guerre en Ukraine » et également l’importance de « rappeler la réalité de ce qui se passe près de chez nous ». En premier lieu, l’habitante de Fleurier a relevé sur ce que représentait la majorité, soit le droit de vote. Un droit à exercer pour faire exister la démocratie, mais lié aussi à des responsabilités. « Mon pays d’origine se bat pour ce droit-là ! », a-t-elle insisté, avec force, avant de décrire, à cette nouvelle génération de citoyens et citoyennes, l’Ukraine en quelques chiffres.

« Depuis toute son existence, l’Ukraine a été confrontée aux guerres, et ce presque tout le temps », a expliqué Yuliya Page, en relatant les attaques des pays scandinaves, pays baltes et des empires ottoman et russe. « La première guerre avec la Russie date de 300 ans », a-t-elle relevé, en ajoutant que le dernier siècle « était noirci » par l’attachement de son pays d’origine avec l’URSS. Devant une assemblée sérieuse et captivée, Yuliya Page a souligné que les cultures ukrainiennes et russes divergeaient et, « par frustration historique », la Russie procédait à « un remodelage de l’histoire », et qu’en aucun cas elle n’était le grand frère de l’Ukraine.

« Chance de grandir » ici

Dans la conclusion de son exposé, Yuliya Page a tenu à faire remarquer son sentiment. « Aujourd’hui, la guerre a pris une autre dimension, c’est une confrontation entre le monde démocratique et le monde autocratique », a-t-elle proclamé. « Le résultat de cette guerre va définir notre modèle d’existence à tous pour la suite ». Toutefois, la Vallonnière d’adoption a précisé que son analyse était hautement subjective. Un projecteur sur une lutte pour la démocratie qui faisait échos aux mots prononcés par le président du Conseil communal un quart d’heure auparavant : « Vous avez la chance de grandir dans un pays où l’on peut se projeter, malgré toutes les incertitudes actuelles ».

La perceptible gravité de l’assistance laissait penser que les tout frais citoyens étaient marqués par cette présentation. Toutefois, cette soirée devait être également festive. Ainsi, Frédéric Mairy a invité les nouveaux citoyens de la commune à se réunir et échanger, « une des valeurs d’une démocratie » comme il l’a précisé, autour des tables de l’apéritif dînatoire. « La Commune de Val-de-Travers vous souhaite une bonne suite de parcours de vie ici ou ailleurs », a conclu le président du Conseil communal. Pour beaucoup, la suite imminente se trouvait sûrement au Carnavallon, les nouveaux citoyens présents ayant reçu un bracelet d’entrée.

Gabriel Risold