Conférence de Sœur Odette au cinéma Colisée
Les enfants et les ados la voient passer dans son costume, vêtue de bleu et de blanc. Les jeunes adultes se souviennent de sa présence à l’Abbaye de Fleurier, pour distribuer des laits. Les plus vieux se rappellent que son action a débuté quand le Carnavallon faisait encore vibrer les rues de Fleurier. « D’ailleurs, c’est le Paléo qui a été l’élément déclencheur », se rappelle Sœur Odette. C’est sur la plaine de l’Asse que la religieuse a signé sa première expérience lors d’événements populaires, à l’appel de la jeune Croix-Bleue romande. « J’étais ce qu’on appelle une fille parfaite, jamais je n’étais allée dans ces manifestations. » On est alors à la fin des années 80, début des années 90. Sœur Odette vient de lancer l’aventure du « Foyer de l’étoile » et de quitter son poste d’infirmière après 17 ans à l’hôpital de Couvet. C’est le début de sa propre action, avec une maison dont les portes sont toujours ouvertes. Elle continue de porter assistance dans des grosses fêtes, que ce soit lors des Promos du Locle, ou du côté de la Fête des vendanges à Neuchâtel, où elle passera 18 ans à « l’accueil dodo ».
« La rue est ma maison, ma maison est la rue »
Sœur Odette « n’est pas une solitaire », elle le dit elle-même. Elle fait partie de la grande famille du Val-de-Travers et vit de relations, d’échanges et de confidences avec les gens. Elle aime vivre en communauté, par exemple au détour d’une séance de cinéma. « Sous les étoiles de Paris », c’est un film qu’elle n’a pas vu. Mais Sœur Odette a vu les vraies étoiles de Paris, les sans-abri. Ceux qu’elle a aidés pendant 33 ans, au travers de missions au départ de Couvet. Accompagnée de bénévoles « qui n’oublieront jamais cette expérience », elle a apporté du matériel et marqué les esprits. Elle s’en est rendu compte il y a 4 ans, lorsqu’un étranger l’a approché à Paris. « Vous vous souvenez de moi Sœur Odette, je suis Monsieur Jean ». – « Mais des Jean (gens), il y en a beaucoup », lui avait répondu l’intéressée. Un simple échange qui aura permis à la religieuse de réaliser l’impact de son action à Paris, elle qui s’était sentie appelée par ces voyages. « Heureusement qu’on n’a pas conscience de notre action et de notre influence », rappelle humblement Sœur Odette. Et même si elle ne retournera plus en mission à Paris, elle regarde toujours « du coin de l’œil » ses étoiles.
Stéphanie Wenker