Conseil général de Val-de-Travers
La soirée de lʼunanimité ou presque
Deux demandes de crédits, un achat de parcelle à Couvet et des modifications de règlements étaient à lʼordre du jour du Conseil général de Val-de-Travers, lundi soir. Des objets qui ont pour la grande majorité rencontré lʼunanimité de lʼhémicycle, tant ceux-ci apparaissaient comme nécessaires pour la commune.
Lundi soir, le Conseil général de Val-de-Travers était appelé à se prononcer sur six rapports de lʼexécutif, dont trois demandes de crédits, deux modifications de règlements et une modification partielle du plan dʼaménagement local à Noiraigue. Des propositions du Conseil communal qui ont reçu un accueil très favorable de la part des différents groupes politiques et qui ont presque tous été approuvés à lʼunanimité. En premier lieu, lʼexécutif demandait au Conseil général dʼaccepter un crédit de 186ʼ000 francs pour le remplacement du pont de lʼÎle à Buttes.
En effet, le conseiller communal en charge du dicastère des infrastructures, Yves Fatton, a souligné que, depuis 2005, la dégradation de lʼouvrage avait déjà contraint les autorités à limiter le tonnage. De plus, une expertise réalisée dès 2017 a qualifié ce pont comme en mauvais état. « En bout de vie », a même imagé Yves Fatton, en ajoutant que son remplacement était la solution la plus pérenne, une réfection se révélant plus coûteuse et ne permettant pas lʼaugmentation du tonnage de 5 à 32 tonnes. La variante dʼune construction mixte en bois-béton, qui plus est en bois suisse ou local, était celle retenue par les autorités. Le PLR et les Verts ont tenu à relever la logique de ce remplacement, alors que le Parti socialiste notait que ce « crédit était une nécessité ». Les autres groupes ont tous exprimé quʼils voteraient à lʼunanimité ce crédit en soulignant la pertinence de la variante choisie. Sans surprise, le crédit a été accepté sans aucune opposition, ni abstention.
Rénovation pour le CAD des Bayards
Cʼétait peut-être le « gros morceau » de la séance de lundi soir, en tout cas dʼun point de vue financier, les demandes de crédits de 1ʼ050ʼ000 francs pour la rénovation et de 5ʼ500ʼ000 francs pour lʼextension du chauffage à distance (CAD) des Bayards. En fonctionnement depuis 1994, le conseiller communal, Eric Sivignon, a expliqué que les installations techniques « ne répondaient aujourdʼhui plus aux normes » et quʼune rénovation devait être entreprise pour une poursuite de lʼexploitation. Subtilité du CAD des Bayards, celui-ci est propriété de la société anonyme C.C.B.B (Chauffage au bois Les Bayards), dont les actions sont détenues à 80% par la Commune de Val-de-Travers et à 20% par la Scierie Keller, or cette dernière souhaite se désengager de la société, ainsi le projet de rénovation proposé prend compte de « ce changement à venir », avec le rachat des parts et la liquidation de la C.C.B.B et lʼachat du bâtiment de chaufferie. Si lʼensemble des groupes ont salué le rapport et le projet en question qui permet de pérenniser un type dʼénergie durable, « une solution pragmatique à ce qui ressemblait de plus en plus à un serpent de mer », a noté Sergio Santiago, des Verts, des réserves ont été émises au sujet du modèle de chaudière et de la société choisis.
Le choix de lʼexécutif sʼest porté sur un nouveau type de chaudière développé par lʼentreprise Fireforce, dont le « modèle dʼaffaires » consiste à ne pas vendre de chaudière, mais lʼénergie produite par celle-ci. Énergie ensuite revendue par la Commune, propriétaire du réseau, aux clients. Les Verts sʼinquiétaient de la mise en place d’une installation non éprouvée à moyen et long terme, et le PLR relevait le risque possible de faillite de cette nouvelle société, qui pourrait laisser la Commune avec une chaudière sans équivalent technique sur le marché. à ces remarques, le chef du dicastère du territoire, des sports et de la culture (DTSC) a répondu quʼen 1994 le CAD des Bayards était « un projet pionnier » et que la configuration dʼaujourdʼhui était similaire. « Une chaudière, ce nʼest quand même pas une fusée au niveau technologique », a estimé Eric Sivignon, pour dissiper les doutes du PLR, en ajoutant que tous les « garde-fous » avaient été pris en la matière. Et à la crainte des Verts que la Fireforce nʼutilise pas de bois local, le chef du DTSC a précisé que son utilisation était dans lʼintérêt de cette société, le bois local ayant des prix plus compétitifs en raison des frais de transports. Soumise au vote, la rénovation du CAD des Bayards a été acceptée à lʼunanimité. Quant au crédit pour le projet dʼextension, lʼexécutif précisait quʼil serait corrélé aux futures nouvelles demandes de raccordement et au maintien dʼun coût de lʼénergie de 15 cts kw/h. Les groupes politiques y étant tous favorables, ce deuxième crédit fut approuvé à lʼunanimité.
Le Conseil communal
en « intermédiaire »
Dernier crédit sollicité par lʼexécutif, celui de 280ʼ000 francs relatif à lʼachat de la parcelle n°3787 de Couvet (Le Méley). Devant lʼassemblée, Frédéric Mairy a rappelé que le Conseil communal avait déjà été intéressé précédemment au terrain en question en raison des « opportunités » quʼil offre. à lʼheure actuelle, la possibilité dʼune acquisition existe. La parcelle pourrait se prêter à terme à un projet immobilier avec lʼentrée en vigueur du plan dʼaménagement local (PAL) en 2024. Néanmoins, les autorités souhaitent donner la priorité à une relocalisation du Foyer du Parc, basé dans le même quartier de Couvet. Lʼinstitution est contrainte de rénover son bâtiment pour sʼadapter aux nouvelles normes, rénovation qui ne permettra pas de maintenir sa capacité dʼaccueil actuelle et une revente de la parcelle au propriétaire du bâtiment du Foyer du Parc, la société SenioRezidenz AG, permettrait de maintenir une vingtaine dʼemplois équivalents plein temps à Val-de-Travers, lʼaffectation de cette parcelle en zone dʼutilité publique et celle de lʼactuel bâtiment du Foyer du Parc en zone dʼhabitation à moyenne densité.
Le Conseil communal ne prend pas de risque en jouant les intermédiaires,
a noté Frédéric Mairy, en ajoutant quʼil sʼagissait dʼune opération gagnante pour tous les acteurs. De plus, il a souligné que le Foyer du Parc jugeait cette idée « idéale », bien quʼil demeure encore des inconnues à lever. Dans le cas de lʼabandon de la revente à SenioRezidenz AG, les autorités sont convaincues que la localisation et lʼaffectation de la parcelle offraient dʼautres opportunités. Globalement, lʼaccueil des groupes fut positif, le PLR saluant une « opportunité » et le PS, un achat « positif » pour le développement communal. Pour le POP, Adriana Ioset relevait que le projet poursuivait « un but social et dʼutilité publique ». Toutefois, lʼUDC et les Verts émettaient un doute sur lʼaffectation en zone constructible de la parcelle dans le futur PAL. à celui-ci, Eric Sivignon, chef du DTSC, a répondu que le terrain « cochait » tous les critères pour être mis en zone à bâtir. Son collègue, Frédéric Mairy, a aussi ajouté que la validation du PAL serait donnée par le Conseil général, lui-même. « La balle est dans votre camp », a-t-il conclu. Soumis au vote, lʼachat de la parcelle n°3787 de Couvet a été accepté par 29 oui, 0 non et une abstention.
Parallèlement à ces demandes de crédits, le Conseil général a également accepté à lʼunanimité deux mises à jour du règlement de distribution de chaleur du CAD de Couvet, avec le passage de 15 à 5 kw/h comme « puissance contractuelle et de raccordement » minimale, et du règlement relatif à la section des auxiliaires de circulation de la commune, dans lequel jusquʼalors, ces auxiliaires nʼavaient pas dʼexistence légale. Enfin, le législatif sʼest penché sur la modification partielle du PAL de Noiraigue, secteur « La Mercière », et une nouvelle affectation en zone dʼhabitation à faible densité et en zone de verdure. Le chef du DTSC justifiait ce changement afin de permettre la réalisation dʼun projet immobilier identifié depuis 2017. Lʼaccueil des groupes fut favorable saluant la volonté de permettre le développement de nouvelles habitations à Noiraigue. Seuls les Verts se montraient réticents et pas convaincus que cette modification de zone à moyenne à faible densité soit la « bonne voie du développement communal ». Cette modification a été approuvée par 28 oui contre deux oppositions. Lundi soir, le Conseil général a parlé presque dʼune seule voix.
Gabriel Risold