Conseil général de Val-de-Travers
Déficit budgétaire réduit à 1.5 million après un débat fleuve
Lors de sa dernière séance de l’année, une majorité du législatif de Val-de-Travers a accepté un budget 2025 amendé. Un amendement, issu de la droite de la commission de gestion et des finances, visant à réduire l’indexation des salaires du personnel communal, a notamment suscité de vifs débats entre les bords politiques.
Lundi soir, deux heures de débat et trois suspensions de séance auront été nécessaires au Conseil général pour accepter, par 24 oui, 14 non et 2 abstentions, le budget 2025 de Val-de-Travers. Objet des palabres, un amendement de la majorité de droite de la commission de gestion et des finances (CGF), quelque peu tardif aux yeux de la gauche, qui demandait une réduction à 1.2% du taux de l’indexation salariale prévue à 2.18%, et permettant une économie de 214’700 francs sur les charges du personnel communal.
Les critiques sur ce budget 2025 déficitaire pour 1.8 million de francs ont été les plus sévères à droite. « Un déficit préoccupant », selon la PLR, Céline Rufener Eschler, tandis que l’UDC Niels Rosselet-Christ a argué que celui-ci maintenait la commune dans « le sillon de l’incertitude financière ». Un avis partagé par Agora qui le qualifiait de « rouge sombre » et dénonçait une envolée des charges. Si Agora laissait la liberté de vote sur l’amendement de la CGF, les deux partis de droite faisaient de son acceptation une condition sine qua non pour voter le budget. « Une mesure prudente et cohérente », pour Céline Rufener Eschler.
Économies de « bouts de chandelle » ?
À gauche, si le déficit n’enjouait personne, le budget était jugé « acceptable », tout en opposant un refus ferme à cet amendement. « Des économies de bouts de chandelle sur le dos du personnel communal », a qualifié le socialiste Emil Margot, en soulignant que la somme économisée représentait 0.28% du total des charges. Le popiste Philippe Vaucher a fustigé des économies voulues par la droite en « faisant les poches du personnel communal ». Il a aussi regretté un amendement venant contredire le compromis trouvé en séance de CGF, soit refus de l’échelon salarial contre la pleine indexation des salaires, et en le qualifiant de « totale marque de mépris » envers les collaborateurs communaux. « Le PLR torpille le Conseil communal dans lequel il est majoritaire », a relevé le popiste.
Des affirmations qui ont fait bondir Niels Rosselet-Christ. L’élu UDC a rappelé que son parti ne s’était à aucun moment engagé dans un contrat « moral ou hypothétique » et que l’amendement correspondait à une décision « politique et pragmatique ». Pour sa part, l’exécutif combattait cet amendement, car se trompant « de cible », selon Benoît Simon-Vermot, conseiller communal en charge des finances. Comprenant la volonté de la droite, il proposait lui aussi un amendement qui revoyait à la hausse les revenus fiscaux en intégrant le refus, début décembre, de baisse fiscale du Grand Conseil. Une proposition qui avait un impact financier, de 180’000 francs environ, similaire à celui de l’amendement de la CGF.
Déficit réduit à 1.5 million
Après une suspension de séance de quinze minutes, une courte majorité de droite a accepté l’amendement de la CGF. Lors de l’examen de détail du budget, échaudée, la gauche, via un amendement du POP, a alors tenté d’allouer 160’000 francs supplémentaires au poste familles et jeunesse. Le PLR, l’UDC et Agora ont évidemment souligné leur soutien à l’accueil pré et parascolaire, mais se refusaient à le faire de cette manière, jugée « revancharde » par l’UDC et « tirée du chapeau » pour le PLR.
« On parle de l’argent du contribuable », a déclaré Niels Rosselet-Christ rappelant ironiquement au PS que « l’argent ne poussait pas sur les arbres ». Remarque qui a fait réagir le socialiste Emil Margot qui l’a remercié pour « ce cours de biologie » arboricole. Ambiance ! L’amendement fut refusé par une courte majorité. Quant à celui du Conseil communal, il a divisé l’assemblée et fut accepté par 17 oui, contre 13 non et 10 absentions. Au final, le budget 2025 de Val-de-Travers affiche désormais un déficit de 1’458’000 francs.
La séance s’est conclue par un oui de l’ensemble des conseillers généraux à une recommandation, émanant du PLR, pour le maintien d’un service postal de proximité à Couvet. L’occasion également de piques ironiques entre les deux bords de l’hémicycle, qui visiblement souhaitaient croiser le fer rhétorique avant les fêtes.
Gabriel Risold