Conseil général de Val-de-Travers
Dernier acte de législature: 12 millions pour un CAD à Môtiers
Vendredi dernier, lors de sa dernière séance de la législature, le Conseil général de Val-de-Travers a validé, à l’unanimité, un crédit de plus de 12 millions de francs pour un réseau de chauffage à distance à Môtiers. En parallèle, il a aussi accepté les comptes 2024 bénéficiaires. Enfin, cette séance était la dernière pour le conseiller communal Yves Fatton.
Après Couvet et Les Bayards, Môtiers aura peut-être à son tour un chauffage à distance (CAD) communal. Lors de sa dernière séance de la législature, vendredi dernier à Couvet, le Conseil général a accepté une demande de crédit de 12,2 millions de francs pour l’étude de projet d’ouvrage d’un réseau de CAD et sa construction à Môtiers. Le projet prévoit une production de chaleur par des chaudières à bois et des pompes à chaleur eau/eau et devra s’appuyer sur un modèle autofinancé comme celui des premiers villages précités.
L’ensemble des groupes politiques a fait bon accueil au rapport du Conseil communal en saluant notamment le modèle économique retenu. « C’est presque avec soulagement que nous l’accueillons », a déclaré la socialiste Cécile Mermet, rappelant que le projet était en réflexion depuis plusieurs années. Pour le PLR, Caryl Tüller a souligné que les CAD des Bayards et de Couvet avaient fait leurs preuves et que Môtiers était une « suite logique ». « Le montant est de prime abord important mais il s’agit d’un très bon projet », a reconnu André Rosselet pour l’UDC, relevant que celui-ci permettait une transition vers un mode de chauffage écologique, tout en valorisant le patrimoine forestier de la commune.
Autofinancement : condition sine qua non
Les groupes POP et Agora ont également noté la pertinence du dossier. « Si ce projet s’avère autofinancé, il sera excellent pour la commune sur le long terme », a remarqué le popiste Jean-Noël Bovard. D’ailleurs, l’autofinancement constitue la condition sine qua non à celui-ci. Si cela ne devait pas être le cas en raison d’un manque de souscriptions à un raccordement, le projet serait abandonné. Les montants des études d’avant-projet, estimés à environ 250’000 francs, seraient alors à charge de la commune.
Le reste du crédit ne serait alors pas dépensé.
Si le groupe Agora a jugé favorablement un projet contribuant « au bien-être de la population et de la planète », il souhaitait par un amendement exiger un rapport d’information des autorités une fois l’étude réalisée. Après une suspension de séance, l’amendement fut finalement refusé. Si le projet de CAD de Môtiers devait se révéler financièrement viable, actuellement 45 bâtiments se sont annoncés intéressés au projet, il verrait le jour dans un délai de trois à cinq ans, et permettrait, selon le conseiller communal Eric Sivignon, de réduire les émissions de CO2 de plus d’une centaine de tonnes par an.
Unanimité pour des comptes noirs
Au préalable, le Conseil général avait approuvé à l’unanimité les comptes 2023 de la commune, bénéficiaires pour près d’un million de francs. Tous les groupes politiques ont salué ce deuxième exercice dans les chiffres noirs, surtout que celui-ci résultait, comme l’a souligné Alexandre Iseppi du PLR, d’un « compte d’exploitation positif » et non pas d’un « artifice comptable » comme en 2022. Le socialiste Emil Margot a relevé que, malgré un résultat satisfaisant, son parti restait conscient des difficultés financières communales.
Bien qu’heureux du dernier exercice, l’UDC et le groupe Agora étaient les plus réservés. L’agrarienne Sylvie Schulé a noté qu’il ne fallait pas « sauter de joie de façon irréfléchie », questionnant certaines dépenses, tel l’octroi de l’échelon salarial ou l’indexation à l’inflation du personnel communal.
Pour Agora, Thierry Ray a rappelé que les budgets présentés étaient « toujours dans le rouge vif ». Le popiste Philippe Vaucher a argué que Val-de-Travers présentait toujours des budgets prudents en raison de la difficulté d’estimer les rentrées fiscales et exhorté ses collègues à « ne pas paniquer au moindre budget déficitaire ». Prochain round, l’examen du budget en décembre prochain.
Gabriel Risold
Les adieux à Yves Fatton
La séance de vendredi dernier était aussi la dernière d’Yves Fatton qui a reçu les honneurs du législatif après 16 ans au Conseil communal. Président du Conseil général, Niels Rosselet-Christ a salué un « esprit aiguisé » et un « verbe affûté ». « La Commune de Val-de-Travers perd le dernier de ses Mohicans et un de ses pères fondateurs », a imagé Florian Dreyer du PLR. Le socialiste Emil Margot a rendu hommage aux qualités humaines du conseiller communal en filant la métaphore automobile, clin d’œil à une des passions du « pilote » du dicastère des infrastructures. Le groupe Agora a relevé son engagement sans faille et son « professionnalisme ». Un radical « à l’ancienne » et « humaniste », a estimé Philippe Vaucher du POP. Ému par les hommages, Yves Fatton s’est dit « fier de voir ce que sont devenus ces neuf villages », avant de remercier ses services qui l’ont conseillé, aidé et protégé. « Tout seul on ne fait rien en politique », a-t-il conclu.