128 heures de course dantesques !
Julia Fatton apprécie les efforts de longue durée. La course « Crossing Switzerland » lui a offert une sacrée virée pour finir le mois de juillet en beauté. 390 bornes et 24ʼ000 mètres de dénivelé positif lʼattendaient sur le chemin de la Via Alpina reliant Vaduz à Montreux. La coureuse néraouie a mené la course féminine jusquʼà 28 kilomètres de lʼarrivée avant de connaître une fin dʼeffort apocalyptique. Erreurs de parcours, course interrompue à cause dʼun énorme orage, sommeil compliqué et hallucinations ont fini par lui faire perdre la tête… de la course. Malgré tous ces obstacles, son temps résume à lui seul lʼénorme performance quʼelle est allée chercher au courage : 128 heures de course auxquelles il faut ajouter une minute.
Première sieste au kilomètre 154
Julia Fatton a dormi une première fois à Engelberg, après 154 kilomètres. Elle a ensuite été stoppée en raison dʼun orage virulent en pleine nuit. Toujours cloué au lit à la suite dʼun pied blessé, son mari Christian sʼest enthousiasmé et a souffert à distance au gré des faits de course.
Il semblerait que les participants nʼaient pas tous été autorisés à repartir en même temps, ce qui laisse malheureusement de gros doutes sur la façon dont a été gérée cette interruption de course. Dommage pour lʼéquité sportive.
Malgré tout, Julia a réussi à conserver 4 heures dʼavance sur sa dauphine au moment dʼentrer à Gstaad.
Son mari lʼappelle au téléphone en pleine course
Cʼest à partir de là que les choses ont commencé à se gâter pour elle. Elle sʼest perdue une première fois et elle a dû appeler lʼorganisation pour retrouver son chemin. Puis elle sʼest à nouveau égarée après le Col de Jable. Cette fois, cʼest son mari qui lui est venu en aide.
Comme je suivais lʼévolution de la compétition sur internet, jʼai vu quʼelle nʼétait pas sur le bon chemin. Je lʼai donc appelée pour lui dire de faire demi-tour.
Quel homme ! Pour la défense de Julia, il faut dire que le parcours nʼest pas balisé, hormis lorsque le tracé sort de la Via Alpina.
Quand les cailloux ont des visages
Les mésaventures de la Vallonnière ont permis à sa concurrente Fanny Jean de refaire son retard et de lui passer devant entre lʼEtivaz et le Col de Chaude. Cʼest là que les hallucinations ont commencé.
Elle me voyait lʼencourager dans les pâturages alors que jʼétais à la maison. Puis elle voyait des visages sur les cailloux. Bref, cʼétait la galère. Elle avançait au ralenti et avait de la peine à garder lʼéquilibre. Elle a mis 10 heures pour faire les 14 derniers kilomètres. Cʼest énorme !
Plus fraîche, la Suissesse Weronika Troxler a profité de la dépasser à deux bornes de lʼarrivée.
Jamais une plainte et jamais de juron, Julia a vraiment fait preuve dʼun mental dʼacier pour accepter une fin de course pareille,
relève avec admiration Christian. à noter que le Môtisan Jean Rota a jeté lʼéponge en cours de route, à Lauterbrunnen.
Kevin Vaucher