573 tours de piste en 24 heures
Courir la plus longue distance possible durant 24 heures d’affilée, tel était le concept des « 24 h Freelap espaceVal Couvet ». Organisé sur la piste d’athlétisme covassonne par le couple Christian et Julia Fatton, l’événement a donné lieu à une magnifique bataille. Julia a finalement pris le meilleur sur une autre femme, Claire Bannwarth, en parcourant près de 230 kilomètres. Christian s’est quant à lui approché de la barre des 200 bornes, cinq mois seulement après une opération du cœur.
Afin de contrer l’annulation de la quasi-totalité des courses ces derniers mois, Christian et Julia Fatton ont convié, le week-end dernier, onze autres athlètes pour tourner en rond avec eux. Tourner en rond oui mais de façon active. Leur mission était d’avaler un maximum de tours de piste sur un jour entier. Seuls Markus Joerg (62 ans) et Roland Barbezat (53 ans, 1re expérience de ce type) ont abdiqué avant la fin. Parmi les néophytes, l’ancien vainqueur du BCN Tour Pierre Fournier est allé au bout de l’effort, moyennant quelques pauses plus ou moins longues (91.748 kilomètres). Autre profil, le médecin thurgovien Beat Knechtle. Un habitué d’effort de très longue durée.
Pour lui, vingt-quatre heures, c’est court,
précise Christian avec le sourire aux lèvres. Il a finalement enquillé 132.918 bornes soit un peu moins que Marc Graf (148.518) et qu’Eusebio Bochons (149.799).
Dix-neuf participations à ce type d’épreuve
Pour monter sur le podium chez les hommes, il fallait s’approcher des 200 kilomètres et des 500 tours. Ainsi le Tessinois Matteo Tenchio (3e avec 470 tours pour 188.417 bornes) et Christian Fatton (2e avec 491 tours et 196.443 kilomètres) ont accroché un bel accessit.
En temps normal je n’aurais pas été satisfait puisque mon objectif minimal était de 200 bornes. Cependant, comme j’ai été opéré du cœur le 13 novembre dernier et que j’ai eu une contracture tenace de l’épaule gauche durant la course, je dois quand même m’en satisfaire,
relevait ce dernier. Il faut dire que celui qui se frottait une 19e fois à un effort de 24 heures a également laissé passablement d’énergie pour organiser cette épreuve.
Au final, ce fut une totale réussite. De samedi midi à dimanche midi, la météo fut agréable bien qu’un peu chaude pour les coureurs en plein après-midi. Aucun couac majeur n’a été enregistré et tous les participants sont repartis avec une médaille confectionnée par le résident de Noiraigue lui-même.
J’ai aussi pris le temps de faire trois trophées ‒ des horloges en bois naturel ‒ pour les meilleurs hommes et trois autres pour les femmes les plus performantes.
Côté masculin, c’est Dominik Erne du club de triathlon de Genève qui s’est imposé en réalisant son record personnel (223.084 km). Le sportif de quarante ans s’est pleinement livré sur la piste et a eu un petit coup de moins bien après la course. Plus de peur que de mal heureusement.
Doyenne de bientôt 77 ans et mode « SpaceX »
Quatre femmes étaient également au départ. Parmi elles, l’Allemande Edda Bauer qui a disputé une course de dix jours le mois dernier. Elle en a payé un peu le prix en totalisant 103.682 bornes. Ah oui j’oubliais… elle fête ses 77 ans cette année. Devant elle, on retrouve la Vaudoise Emilia Rais. Elle aussi une adepte de ce genre de compétition. Même si elle est restée assez loin de sa meilleure marque fixée à 178 kilomètres, elle est malgré tout allée chercher 143.399 bornes avec les tripes. Les deux autres concurrentes étaient sur une autre planète, en mode SpaceX probablement. Claire Bannwarth et Julia Fatton se sont livré une bataille magnifique et haletante. L’Alsacienne a longtemps devancé la régionale de l’étape avant de devoir s’incliner pour… 921 mètres. Imaginez-vous ce que cela représente au terme de 24 heures d’effort.
À mi-course, Julia avait une dizaine de kilomètres de retard sur Claire avant de revenir progressivement,
détaille son mari. Ce n’est pas pour rien que sa femme est surnommée « la métronome ». Méticuleusement, patiemment et dans une fascinante facilité (du moins d’apparence), celle qui disait ne pas être au top de sa forme s’est sublimée au fil des tours :
Je suis contente d’avoir tenu le bon rythme jusqu’au bout même si je peux vous dire que j’ai quand même souffert les deux dernières heures,
reconnaissait la reine du week-end. C’est pourtant à ce moment-là, dans le « money time », qu’elle a pris la tête.
Tout s’est joué dans les trois dernières heures
À trois heures de la fin, Claire la devançait encore de 400 mètres. Une heure plus tard, c’est elle qui avait 400 mètres d’avance sur la Française. à la fin, la Vallonnière faisait valoir 229.345 kilomètres (à savoir 573 tours complets et 145 mètres) contre 228.424 à sa rivale qui n’a rien lâché jusqu’au bout. Un combat XXL ‒ au format de la course ‒ et une gagnante magistrale ! Un suivi régulier de l’événement a été assuré sur le compte Facebook du « Courrier du Val-de-Travers » et vous y trouverez des photos, des vidéos ainsi qu’une interview « en pleine course » de Christian Fatton. Un complément parfait si vous souhaitez approfondir le sujet et en savoir un peu plus sur ces performances hors-normes.
Kevin Vaucher