Course d’orientation – Famille Hamel
Quand les enfants donnent le cap
Dans la famille Hamel, ce sont les parents, Sophie (conseillère socio-éducative) et David (enseignant et directeur du Cercle scolaire du Val-de-Travers), qui enseignent au quotidien. Mais ce sont bien leurs enfants Simon (18 ans), Justine (15 ans) et Jules (12 ans) qui ont montré la voie à suivre pour ce qui est de l’activité sportive. Au final, c’est en famille que les cinq s’adonnent à la course d’orientation depuis une dizaine d’années désormais.
C’est une chance énorme que d’avoir pu réunir toute la famille l’histoire d’un instant pour évoquer sa vie qui file à cent à l’heure. Entre les entraînements, les camps et les compétitions, l’organisation est millimétrée pour réussir à satisfaire tout le monde. Qui est le responsable de ce train de vie d’enfer ?
C’est Simon qui nous a lancés là-dedans,
balance d’entrée la maman dans un éclat de rires général.
C’est vrai, je l’admets. J’ai découvert la course d’orientation lors d’une initiation sCOOL au collège de Môtiers.
Le projet sCOOL est un projet national initié par la Fédération suisse de course d’orientation encourageant sa pratique dans les écoles. Les élèves du Vallon, à commencer par Couvet, auront d’ailleurs droit à une initiation à la rentrée des vacances de Pâques.
Du judo à la course d’orientation, toujours à trois !
Simon poursuit :
J’ai eu l’occasion de participer à une course en 2012 et je me suis pris au jeu.
Entraînant dans son sillage sa sœur Justine et son cadet Jules. Ce n’est pas la première fois qu’il est « imité » ainsi puisqu’avant de manier la boussole, les trois enfants faisaient du judo. En revanche, c’est la première fois que les parents ont suivi le mouvement.
On a mordu à l’hameçon à force de les accompagner sur leurs événements. Un jour, j’ai suivi l’un de mes fils en camp et un ami m’a gentiment poussé à faire le pas. Il m’a dit que je ne pouvais pas rester trois jours à attendre, il m’a mis une boussole dans les mains et il m’a dit vas-y c’est facile.
Sophie était devenue orienteuse.
Les cinq membres de la famille sont rapidement devenus membres de l’ANCO (Association neuchâteloise de course d’orientation). Il n’y a pas de club à proprement parler dans chaque ville ou village, cette association fait office de « grande structure » pour tous les orienteurs et orienteuses du canton.
De mon côté, j’ai commencé du ski d’orientation en parallèle l’année passée,
tient à placer Justine.
C’est un bon complément durant l’hiver.
La saison de course d’orientation se déroulant de mars à novembre, la jeune fille n’arrête donc jamais. Quel souffle ! Les autres ne chôment pas non plus puisque le ski de fond est une autre passion commune.
Ne pas courir pour rien !
Notez que les trois enfants s’entraînent une fois par semaine « en club » mais Simon et Justine transpirent seuls le reste de la semaine. Et ce, grâce à des programmes préparés avec Sandra Lauenstein et Chloé Blanc. Vélo, renforcement musculaire, course et pilates sont notamment au menu. Jules ne les suit pas tous les jours mais il multiplie également les sports « de complément ».
Il y a pratiquement des courses tous les week-ends pour jauger sa forme et comme si ça ne suffisait pas, nous profitons aussi des vacances d’été pour consacrer au moins une semaine à une compétition à l’étranger,
ajoute Sophie.
Ils ont ainsi pu visiter notamment la Slovénie, le Portugal, la Croatie et la Finlande au gré de leurs émulations estivales.
Ce qui est bien dans cette discipline, c’est qu’il y a toutes les catégories qui participent à la même course le même jour. Donc cela nous permet de nous déplacer tous au même endroit que ce soit en Suisse ou à l’étranger. On court simplement à des horaires différents, parents compris évidemment,
apprécient-ils. Mais qu’est-ce qui peut donc bien les faire parcourir le monde ainsi, carte à la main ?
J’aime l’idée de ne pas courir pour rien entre guillemets. Dans le sens où il y a aussi une bonne part de réflexion dans notre discipline,
note l’aîné.
Ni gloire ni richesse mais de la solidarité
À la base, ce n’est pas forcément un sport très onéreux en termes d’équipement. Mais comme on est cinq à le pratiquer, il faut logiquement multiplier chaque coût par cinq et ça va vite. Sans oublier les frais d’hébergement lors de nos fréquents déplacements,
détaille le papa David. Un investissement payant puisque Simon fait partie du cadre national, Justine du cadre romand et Jules est encore trop jeune pour viser de telles sélections. Nul doute qu’il s’y prépare déjà :
C’est un bel objectif en tout cas et j’aurai la chance de bénéficier de leur expérience pour y arriver,
confirme le plus jeune de la famille.
À l’arrivée, ni gloire ni richesse pourtant. Même pour les meilleurs, il est pratiquement impossible de vivre de ce sport et c’est probablement ce qui lui permet de rester très sain. Toute la fratrie souligne son côté familial, bienveillant et solidaire où tout le monde est accessible.
Parfois, on court au même endroit qu’une manche de la Coupe du monde et on peut donc être au plus proche de l’élite mondiale. J’ai pu tisser certains liens privilégiés avec de grandes athlètes et c’est vraiment sympa,
se réjouit Justine.
Sur les sentiers à 91 ans
Pas de star-système, juste du plaisir, de la simplicité et de la transmission.
Dans le canton de Neuchâtel, on a le gros avantage d’être coachés par deux élites (Baptiste Rollier et Marc Lauenstein) durant nos années juniors par exemple,
appuie Simon. Mais pas de retraite dorée non plus ! Pour l’anecdote, l’orienteur le plus âgé que la famille a côtoyé jusqu’ici avait 91 ans. Et oui, ça conserve ! On pourrait écouter leurs souvenirs des heures mais le temps passe vite et les deux grands s’apprêtent à partir en camp de sélection. Alors souhaitons-leur « bon cap » avec les Championnats du monde et d’Europe en ligne de mire.
Kevin Vaucher