Couvet est le centre de la Suisse !
Couvet n’est pas encore le centre du monde mais il est devenu le centre de la Suisse ! Vous en doutez ? En tout cas, c’est une réalité depuis la semaine passée dans le monde des sapeurs-pompiers helvétiques. Le centre de formation covasson de l’ECAP est désormais l’un des deux sites de Suisse (avec Seewen) qui dispensent le cours de base pour les instructeurs dans les trois langues nationales. Le mélange des « genres » entre sapeurs tessinois, germanophones et romands a pour but d’enrichir la formation en favorisant le partage des connaissances et des méthodes. La première « volée mixte » a suivi la formation, la semaine dernière, à Couvet et nous étions de la partie…
Nous sommes en plein milieu de la semaine (passée). à espaceVal, la salle de conférence de l’ECAP (Établissement cantonal d’assurance et de prévention) déborde d’une énergie tout à fait nouvelle. On y entend tantôt du français, tantôt de l’allemand et tantôt de l’italien. Réunis autour de la table, six responsables échangent sur le programme de la journée à venir. Certains butent parfois sur la prononciation de tel ou tel mot dans une des langues qui n’est pas la leur mais la discussion est tout à fait fluide.
L’atout de l’hébergement
Le chef de cours alémanique, Mathias Roth, résume bien la situation : « Une formation qui mélange les ‹ apprentis instructeurs › des cantons et des régions est un plus pour la coordination. Ils sont confrontés à des cas concrets et chacun apporte sa vision et ses idées pour les résoudre. Cela conduit à un enrichissement mutuel. » Pour cette première sur sol vallonnier, 26 participants, répartis en 4 classes, se côtoient. Le programme est intensif avec des cours qui commencent à 7 heures et qui se terminent aux alentours de 20 heures. La facilité d’hébergement (sur place ou à proximité immédiate) est notamment l’un des grands atouts du centre de formation d’espaceVal.
Piste d’entraînement modernisée
L’agrandissement et la modernisation de la piste d’entraînement de Couvet (la piste feu de La Presta) est l’autre magnifique ressource proposée par l’ECAP. Ces travaux sont bien avancés et ils placent désormais la piste vallonnière comme une valeur sûre en termes de formation sur le plan national. « Cela permet de former les formateurs avec un excellent ‹ outil de travail › qui permet de se rapprocher des conditions réelles que l’on retrouve sur de vrais incendies », rapporte Adam Poloni. Le commandant de cours tessinois poursuit : « Nous demandons à nos futurs instructeurs de prendre des initiatives et de laisser place à leur créativité pour résoudre certains cas pratiques. C’est ici et maintenant qu’ils peuvent se tromper, pas sur le terrain. Le but est ensuite de leur fournir des méthodes d’intervention adaptées à chaque cas d’urgence. »
Du feu, une évacuation et de la logique
Pendant que nous parlons, les quatre classes sont justement en train de mettre à l’épreuve leurs réflexes et leur créativité. À la piste feu, le groupe romand est en prise avec les flammes. La simulation d’un feu de cuisine, sur lequel on y jette de l’eau (à absolument éviter !), crée une boule de feu qui lèche le plafond du container d’exercice. Frissons garantis ! Pendant ce temps, les Tessinois se sont réfugiés dans le garage de l’ECAP, à espaceVal. Il pleut et ils sont bien contents d’être au sec. L’ambiance est détendue mais studieuse. Ils sont mis en condition par leurs formateurs sur une situation d’évacuation de personne inconsciente. Un autre groupe de Tessinois se trouve à l’étage où leur logique est mise à rude épreuve.
Oser se tromper pour s’améliorer
Pour tester leurs qualités d’instructeur, les « apprentis » ont à disposition des objets (cordes, cônes, feutres,…) avec lesquels ils doivent trouver les meilleures méthodes d’enseignement pour transmettre certaines techniques utiles aux pompiers. La classe des Alémaniques est, quant à elle, testée sur le leadership et la dynamique de groupe.
Qui suit et qui a vraiment l’âme d’un leader ? Différents exercices sont proposés pour répondre à ces questions. Chaque comportement est disséqué et analysé pour être amélioré. Car, arrivés au vendredi, les 26 participants ont reçu leur attestation d’instructeur sapeurs-pompiers, comme une centaine d’autres chaque année. Ce sera désormais à eux de veiller à la formation des quelque 80’000 « soldats du feu », répartis sur tout le territoire. Au centre, le savoir-faire délivré à Couvet est désormais pleinement valorisé !
Kevin Vaucher