Une vie aux yeux de tous !
L’élégance, on l’a ou on ne l’a pas ! Chez Pélichet, le magasin donne du style à la Grand’Rue depuis le 19 avril 1937. Un style aussi bien intérieur qu’extérieur avec des vitrines habillées au moins six fois par année au gré des saisons et des tendances. Depuis 30 ans maintenant, c’est Patrick Pélichet le maître d’ouvrage. Son lieu de vente et de vie, ce veuf sans enfant y tient beaucoup, notamment pour le contact avec les clients. à l’époque, il l’a également sorti d’une jeunesse rebelle parfois difficile. Ses vitrines lui ressemblent : chics et pleines de ressources.
Au numéro 22 de la Grand’Rue de Couvet, le commerce est en mains de la famille Pélichet et il passe de génération en génération.
C’est mon grand-père qui a lancé la mode,
rigole Patrick.
Ensuite mon papa Ernest lui a succédé avant que j’en hérite la responsabilité le 1er octobre 1991. Ah ben ça fait trente ans cette année, j’ai complètement oublié d’organiser un événement pour marquer le coup.
La spontanéité du chic Vallonnier de 63 ans a parlé ! Plus qu’une simple « passation de pouvoirs », cette nouvelle responsabilité a donné un cadre et de la stabilité à la vie de Patrick.
J’étais un peu rebelle plus jeune. Je n’aimais pas forcément les études, je travaillais à gauche à droite et je bougeais pas mal aussi. à une période, j’ai connu une grande addiction à l’alcool et je peux dire que cette boutique m’a apporté un but et un deuxième souffle de vie.
Magasin pour hommes courtisé par… les femmes
Il a d’abord travaillé comme vendeur avec son père puis il a acquis les bons réflexes ainsi que les connaissances avant d’être nommé à la tête de l’entreprise Pélichet. Et en même temps, il s’est également totalement sevré à l’alcool. Double réussite !
Mais je n’ai pas repris la boutique par dépit, attention. J’aime la mode pour avoir baigné dedans toute ma jeunesse et j’aime le contact avec les clients. D’ailleurs, je ne pense pas que je prendrai ma retraite à 65 ans. Rien ne presse étant donné que je n’ai pas d’enfant et par conséquent aucun repreneur désigné. Soyez rassurés, Chez Pélichet perdurera encore au moins quelques années. La suite, on verra à ce moment-là.
Avant de songer à l’avenir, regardons un instant le passé.
En 1937, le magasin proposait habits et accessoires aussi bien pour hommes que pour femmes et enfants. Mon père faisait hommes et femmes et moi je me consacre uniquement à la mode hommes. Pour la simple et bonne raison qu’il y a toujours plus de choix et que les murs du magasin ne sont pas extensibles. Et comme on a toujours été un peu spécialisé pour les produits masculins, j’ai souhaité continuer en ce sens.
Mais le shopping n’est-il pas plutôt un loisir de dames ?
Peut-être. Vous savez, il y a quand même des hommes qui aiment faire les boutiques. Mais c’est vrai qu’une grande partie de ces messieurs préfèrent envoyer leurs femmes au magasin.
« L’achat à choix », l’atout de Chez Pélichet
Qu’à cela ne tienne, Patrick Pélichet sait s’adapter et il propose ainsi « l’achat à choix ».
Si une dame vient chercher une chemise pour son mari, je la laisse emporter plusieurs modèles pour qu’il puisse faire son choix depuis chez lui. Puis, elle me ramène les chemises en trop, tout simplement.
C’est un style de « drive de luxe ». Et il y a de quoi s’habiller de la tête aux pieds Chez Pélichet, ça en fait des allers-retours pour Madame !
J’ai plusieurs fournisseurs et je vais régulièrement à Zurich au « Textil & Mode Center », à Villars-Sainte-Croix ou encore à Morteau.
Une fois ses choix effectués et la marchandise réceptionnée, il faut encore la vendre en la mettant bien en évidence.
Ce sont les vitrines qui vont attirer ou non un passant dans un commerce. Moi, cela fait trente ans que je les fais alors je peux dire que je sais de quoi je parle avec mes quatre grandes vitrines.
Ses grandes vitrines, il les décore et les change au moins six fois par année pour coller aux saisons et aux actions. Pour éviter que les articles se gâtent avec le soleil également.
« Sans vitrine, on est personne »
J’aime prendre mon temps pour bien faire les choses. En moyenne, j’ai besoin d’une semaine pour faire une vitrine si le magasin est ouvert et d’une journée s’il est fermé.
Son meilleur atout est le grand galetas de l’étage au-dessus de la boutique où il a regroupé au fil du temps différents accessoires de décoration. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les clients n’achètent pas prioritairement ce qu’il y a en vitrine.
Je dirais plutôt que cela les attire à l’intérieur et après ils découvrent toute l’offre que j’ai à leur présenter. Sans vitrine, on est personne et la porte ne serait jamais poussée.
À Couvet, les commerçants sont notablement créatifs et ils participent chaque année aux vitrines de l’Avent jusqu’à Noël. Chez Pélichet sera la fenêtre numéro 22 cette fois et il fera donc une action le 22 décembre. Et envisage-t-il de créer à terme une boutique en ligne pour booster ses ventes ?
C’est impossible pour moi car je n’ai pas l’infrastructure pour le faire. Je suis veuf depuis quatre ans et je travaille tout seul. Il m’est impossible de traiter les commandes tout en servant les clients. Avant, j’avais ma femme Françoise qui m’aidait mais aujourd’hui ce serait trop. Et ce, même si j’habite à quatorze marches de mon lieu de travail (Patrick loge au-dessus du magasin).
S’il descend aujourd’hui les marches pour aller travailler, son magasin lui a fait gravir plusieurs étages dans sa vie, c’est certain !
Kevin Vaucher