Crues et inondations
Des Vallonniers dans l’apocalypse valaisan
72 heures au cœur de la crise ! C’est le temps vécu par 4 membres du Service de défense incendie et de secours du Val-de-Travers (SDIS Valtra) du 30 juin au 2 juillet, lors des intempéries et des inondations qui ont ravagé une partie du territoire du Valais. Devant l’ampleur de la catastrophe, le canton valaisan a lancé un appel à l’aide à plusieurs homologues romands. Des forces de secours neuchâteloises se sont notamment rendues sur les lieux dont le SDIS Valtra. Des émotions encore plein la voix, le commandant Patrick Piaget revient avec nous sur cette aventure aussi intense que difficile.
Dimanche matin, le 30 juin dernier. Il est 7 h 15 lorsque le SDIS Valtra de Patrick Piaget reçoit le SOS envoyé par les autorités valaisannes. « L’eau du Rhône était sortie de son lit et elle remontait notamment à l’intérieur de la STEP de Monthey. On m’a d’abord demandé d’embarquer nos deux nouvelles pompes pour désengorger le bâtiment. » Le vaillant Vallonnier accepte ni une ni
deux. Premier problème : les pompes sont de nouveaux modèles et peu de personnes sont formées à les utiliser.
Deux pompes au rôle crucial
« Nous les avons reçues le 10 juin et seules six personnes ont commencé à être formées une semaine plus tard. J’ai donc contacté ces 6 personnes pour savoir qui était disponible et prêt à intervenir en urgence », cadre le commandant. Quatre personnes prennent finalement la route en direction de Monthey. « L’engagement sur place a débuté trois heures plus tard. Mais un nouveau problème se présentait à nous à peine arrivés. Les pièces de raccordement pour nos nouvelles pompes ont été commandées mais nous ne les avions pas encore reçues. » Et sans elles, impossible de servir les tuyaux de pompiers de 110 mm. Heureusement, un torrent de solidarité s’est alors mis en marche. Une entreprise valaisanne a accepté de souder en un temps record deux pièces de raccordement adaptées.
Évacuation par hélicoptère, plongeurs en sous-sol
« À midi, tout était prêt ! Et une fois que la situation était sous contrôle, dans l’après-midi, nous avons été envoyés en renfort à Sierre. » Là-bas, la situation était particulièrement critique. « Le quartier ‹ Sous Géronde › avait été traversé par 1m50 d’eau, ravageant tout sur son passage. Elle passait par-dessus la plupart des véhicules. Le quartier était évacué par hélicoptère pendant que des plongeurs sondaient les sous-sols pour s’assurer que personne n’était pris au piège. L’armée n’était pas encore sur place, c’était vraiment apocalyptique. La détresse de la population était palpable et la tristesse dans le regard des gens tout autant. Ils étaient abasourdis de vivre cela, un peu comme cela avait été le cas lors de la tempête de La Chaux-de-Fonds. » Même la caserne des pompiers était sous l’eau.
Troncs qui traversent la ville
Lundi et mardi, le SDIS Valtra est intervenu à Techno-pôle, une surface industrielle de 4500 mètres carrés. Il a aussi apporté ses pompes et son aide dans une usine d’aluminium. « Les 700 à 800 employés ont pu fuir à temps mais l’usine a bien été touchée. C’est difficile de se dire que des centaines de personnes vont peut-être se retrouver au chômage, au moins temporairement. Je me rappelle aussi de ces tonnes de bois et de déchets qui ont été charriées jusqu’à l’entrée d’un grand parking. Tous ces éléments ont traversé le quartier ‹ Sous Géronde › avec la force du courant. En surface, les troncs passaient à une vitesse folle. C’était vraiment incroyable. » Incroyable, comme l’engagement de toutes ces forces de secours qui ont permis de contenir la catastrophe et d’épargner quantité de vies de l’apocalypse valaisan. De l’apocalypse naît souvent la bravoure…
Kevin Vaucher