Dernière tournée
Pour le Snack, on craque !
Vendredi 28 février, il est 22 h 30 lorsque le couple Ursula et Claude Bourquin ouvre pour la dernière fois le Cavallino Snack Bar, autrement dit le Snack ! Le fidèle employé Laurent est bien sûr de la partie pour cette dernière soirée de nuit libre (1er mars oblige). Rapidement, les grappes de Vallonniers arrivent par tous les côtés et le lieu se remplit en un claquement de doigts. Le Courrier est là bien sûr et il vous propose de vivre cette dernière soirée comme si vous y étiez !
Trente-cinq ans ! Ursula et Claude Bourquin auront été à la tête de l’établissement durant 35 ans ! Une vie pour certains, comme moi, né en 1988.
Ce lieu est aujourd’hui mythique. Le Snack est un point de repère, utilisé par toute la population du Val-de-Travers comme tel. Vous avez besoin d’une preuve ? Pour guider quelqu’un à travers Fleurier, on prend toujours le Snack comme point de repère car on est sûr que notre interlocuteur saura le situer. Même ceux qui habitent en dehors de la vallée le connaissent. Eux, ils l’appellent plutôt « le restaurant dans le rond-point ». Le Snack est un terme local, une sorte de mot de ralliement pour nous, Vallonniers de tous villages.
Une histoire écrite sur les murs
Vendredi, il suffisait de jeter un œil sur la foule pour s’en convaincre : le Snack rassemble ! Des politiciens, des acteurs de la vie associative, des membres de différents clubs, bref des gens de tous horizons se sont côtoyés pour la tournée d’adieu des Bourquin. Surtout, plusieurs générations différentes sont venues danser et passer du bon temps à la même place. De tels endroits sont devenus denrée rare aujourd’hui.
« Vous voyez les murs ? Nos clients ont voulu nous laisser des messages d’adieu et de remerciements. C’est si touchant et cela veut dire tellement de choses pour nous », dépose Ursula en référence aux nombreux mots écrits aux feutres sur les murs et les vitres du Snack : « Un grand merci pour toutes ces belles années », « Merci pour votre gentillesse et votre convivialité », « Merci pour ces bons moments ensemble », « Quelle belle histoire. »
Ursula gardera un pied dans le « Snack de demain »
Les futurs gérants du restaurant ouvriront au mois de mai, ils auront donc le temps de donner un coup de chiffon sur les murs, sans pour autant effacer 35 années de souvenirs et d’engagement quotidien. Si Claude prend sa retraite, Ursula gardera un pied dans l’établissement qui conservera le mot Snack dans son futur nom (il s’appellera Le Snack67). « Je vais rester un moment en cuisine. Mon histoire ici n’est pas encore totalement finie », sourit-elle. Vendredi dernier, pour la dernière soirée, le couple n’a pas arrêté. Épaulés par leurs enfants et des proches, Ursula et Claude ont tenu à être derrière le bar une ultime fois. Le Snack aura vogué sur les nuits du Vallon sans jamais sombrer. Une bien belle réussite ! « Nous avons eu de la chance car ça a toujours été un lieu calme où les bagarres n’avaient pas leur place. Notre clientèle a été fidèle et respectueuse jusqu’au bout. Mes meilleurs souvenirs sont faits de tous ces moments de partage avec les gens formidables que nous accueillions chaque jour », révèle Claude.
Le réseau social humain du Vallon
L’Abbaye, les concerts ou les soupers à thème ont aussi marqué l’esprit des Bourquin qui remarquent que le métier a évolué au cours des décennies. « Les bars et les restaurants étaient les réseaux sociaux d’aujourd’hui. C’est là qu’on se retrouvait pour refaire le monde et pour être en contact avec les autres. » Que ce soit pour le café du matin, le repas de midi, les apéros de fin de journée ou les soirées entre amis, le Snack aura été le « réseau social humain » du Val-de-Travers. « Nous on va tourner la page et souhaiter le meilleur aux suivants », poste le couple ! Le mythique rideau du Snack a été définitivement tiré au petit matin après une soirée endiablée, un ultime croissant ou un dernier café. Pour le Snack, on craque !
Kevin Vaucher
35 ans de restaurant commun
En couple au Snack comme à la maison, Ursula et Claude ont réellement vécu une vie commune au sens premier du terme. « C’était presque du 24 heures sur 24 ensemble. C’est fou que tout aille encore si bien entre nous. Notre force a été de toujours savoir différencier vie privée et vie professionnelle. S’il y avait une tension à la maison, on arrivait à la mettre entre parenthèses au Snack », esquissent-ils. Tout se recoupe ! Une parenthèse de bonheur, voilà ce que le Snack a été pour nombre de leurs clients. Ce n’est pas moi qui le dis mais les murs du Snack qui parlent…