Des morilles, sauce Red Bull, ça vous dit?
Une poignée de morilles, une chaussure, des médicaments, un fouet et des dizaines et des dizaines de canettes de Red Bull (et autres). Voilà une partie de la cueillette de samedi, sur les bords de la Côte-Rosière. La 2e édition de l’opération « nettoyage de printemps » du Mouvement citoyen neuchâtelois a permis de retirer une cinquantaine de kilos de déchets, uniquement avec ce qui se trouvait en bordure de route. Alors qu’ils étaient une dizaine en 2022, ils n’étaient que deux à se retrousser les manches cette année. Il faut voir les choses du bon côté, il y aura moins à partager lorsque les morilles trouvées seront dégustées au cours d’un bon repas.
On en plaisante mais l’organisateur de cette opération de nettoyage avait un peu de peine à comprendre le manque de mobilisation pour venir l’épauler. « Je veux bien qu’il y a beaucoup d’autres choses à faire ce week-end mais c’est vraiment dommage que les gens ne se sentent pas plus concernés par quelque chose qui coûte 500’000 francs par année à l’état de Neuchâtel. » Ce quelque chose à quoi Cédric Huguenin fait référence, c’est le coût engendré par le ramassage des déchets, juste pour ce qui est des bordures de routes. C’est dire l’ampleur du phénomène dans sa globalité.
Une Môtisanne répond à l’appel
« Que voulez-vous, s’il n’y a pas de récompense au bout, les gens ne se déplacent pas. » La seule à avoir répondu à son appel est la Môtisanne Elisabeth. « J’ai eu connaissance de cette matinée de ramassage de déchets dans le Courrier et je me suis dit que je pouvais bien donner quelques heures pour cette cause. »
La locale de l’étape est venue équipée de gros gants de jardin et bien lui en a pris. Son sac poubelle de 60 litres a rapidement été percé par un morceau effilé de pare-chocs. Sans doute un reste de tête-à-tête un peu trop rapproché entre deux véhicules. « Je peux vous dire qu’il y avait une BMW impliquée dans l’accident. » Nostradamus a parlé ?
Un insigne BMW, un fouet puis une chaussure
Non, Cédric Huguenin sort de son sac l’insigne BMW, vraisemblablement tombé lors du contact. « On en trouve des objets improbables », rigole-t-il, autant par dépit que par fatalisme. Voilà à peine dix minutes que le duo remonte la Côte-Rosière que leur deux sacs sont déjà à moitié remplis. « Je viens de tomber sur un fouet de cuisine. » Peut-être quelqu’un qui s’est arrêté pour faire des crêpes ? « Il aurait pu nous attendre et nous inviter ! » L’idée est originale. En tout cas, la personne en question ne nous a pas attendus. Et elle a peut-être aussi perdu une de ses chaussures dans sa fuite. Elisabeth vient effectivement de retrouver une chaussure. L’autre est sans doute encore
au pied de l’hurluberlu qui l’a laissée là. À peine le temps d’échanger quelques mots avec Cédric, que la Môtisanne sort un nouveau
déchet improbable de « son chapeau ».
Red Bull donne des… crampes au bras
Un gros bidon vide d’AdBlue. « C’est un additif utilisé dans les véhicules diesel pour qu’ils polluent moins.» Ça fonctionne peut-être pour ce qui est de la pollution de l’air mais si c’est pour que l’emballage soit jeté par terre en pleine nature, c’est un non-sens total ! « ça s’est sûrement envolé d’une remorque. Il y a beaucoup de choses qui s’envolent pour terminer en bord de route », ironise Elisabeth. D’ailleurs, en parlant de s’envoler, beaucoup de canettes de Red Bull ont été repêchées le long de la Côte-Rosière. Ça donne des ailes mais ça donne aussi des crampes au bras lorsqu’il s’agit de trouver une poubelle pour s’en débarrasser apparemment. Samedi, toutes ces trouvailles ont terminé dans le camion des employés des Ponts et Chaussées pour trouver de meilleures pistes d’atterrissage.
Kevin Vaucher