Docteur Cédric, Mister Zebrano
Connaissez-vous mieux Cédric Perret ou Zebrano ? Vous ne le savez peut-être pas mais c’est la même personne. Les deux faces d’une même pièce. Cédric, c’est le prénom de ce Vallonnier qui approche la soixantaine. Zebrano, c’est son nom d’artiste avec lequel il tortille les ballons pour leur donner vie depuis l’âge de 25 ans. Le revers de la médaille, Cédric l’a aussi connu. À moins que ce soit Zebrano ? Vous êtes perdu ? Ne vous en faites pas, lui aussi s’est parfois retrouvé étourdi à force de tourner d’une face à l’autre. L’artiste a accepté de nous confier « les aventures extraordinaires d’un homme ordinaire. »
« J’aimerais un thé magicien s’il vous plaît ! » Même lorsqu’il commande un thé, Cédric Perret ne s’éloigne jamais très loin de son domaine de prédilection. « À la base, je suis un passionné de ventriloquie et de magie. C’est Jean-Mi Pinky qui avait commencé à me former avant que je doive tout arrêter pour me soigner. J’avais 25 ans. » C’est à cette époque qu’on lui découvre une tumeur cancéreuse au niveau de la cage thoracique. « J’en ai vraiment bavé mais j’ai fini par obtenir une rémission totale de la maladie après un an de traitement. » Ainsi va la vie d’artiste ?
Une vocation née à l’hôpital
Cédric Perret n’aura pas tout perdu dans cette épreuve. C’est même exactement à ce moment-là que les ballons lui sont tombés dessus. « J’étais soigné à l’hôpital des Cadolles quand j’ai vu un vieux Monsieur qui sculptait des ballons pour les enfants. J’avais trouvé ma vocation, c’est ça que je voulais faire. » Problème : il n’existe qu’un seul livre sur l’art de façonner les ballons. « C’était considéré comme un art annexe de la magie et je me suis juré de lui donner ses lettres de noblesse un jour ou l’autre. » Il n’y a pas de hasard dans la vie. Son début de carrière, c’est dans les hôpitaux parisiens qu’il le passe. Lui, l’ancien malade miraculeusement remis sur pied, est engagé par différentes associations comme celle de Laurette Fugain.
La tour Eiffel et Montmartre
« Grâce à ma bonne étoile, j’ai bénéficié du soutien du staff de Michel Fugain et des parents du chanteur Grégory Lemarchal (décédé en 2007 de la mucoviscidose). » Cédric en profite pour faire ses premiers spectacles ambulants au pied de la tour Eiffel ou en plein Montmartre. Parallèlement, il continue à se produire au Vallon et à jouer devant un public parfois réduit à trois personnes. « Mais dans les trois spectateurs, il y avait toujours un producteur, un journaliste ou une personnalité artistique qui m’offrait du travail. Je vous l’ai dit, j’ai une bonne étoile. » Il participe aussi à des concours. C’est un habitué des deuxièmes places jusqu’à ce qu’il remporte le prestigieux festival « Talents de scène » de Nevers (2014). Dans la foulée, il assure le gala d’ouverture du 49e Congrès de l’illusion. Cédric a réussi son pari : placer ses ballons en haut de l’affiche et en faire un art majeur et reconnu.
Devant les caméras de TF1
Sa carrière explose alors à l’internationale. Italie, Belgique, Espagne, France, le voilà en plein envol. Il plane de gala en gala et rencontre les stars de sa discipline, et tous ceux qui gravitent autour du « showbiz ». Il assure même le spectacle devant les caméras de TF1, la plus grande chaîne d’Europe. Les gens le connaissent sous le nom de scène Zebrano. Cédric Perret existe-t-il encore aux yeux des gens ? Cédric se perd et il a parfois du mal à passer de l’un à l’autre. Qui est qui et qui fait quoi ? Il y avait Docteur Renaud et Mister Renard, il y a maintenant Mister Cédric et Docteur Zebrano (ou inversement, on s’y perd nous aussi). L’homme aux deux faces paie parfois le revers de la médaille de sa vie d’artiste comme en témoigne ses deux divorces.
L’hommage de la chaise vide
Mais voilà : « Zebrano fait partie de ma vie et je ne fais pas de concession sur ce sujet », grogne tout à coup Cédric. Ému, l’homme fait référence à son grand-papa avec qui il faisait de la radio amateur en son temps. « Zebrano est un surnom que j’utilisais à la radio et je l’ai gardé en sa mémoire. C’est le nom d’un bois exotique, j’y suis tombé dessus durant ma formation de menuisier. » Celui qui travaille aussi au sein de l’entreprise Waeber HMS prend toujours soin de faire garder un siège vide à ses spectacles, toujours pour la mémoire de son grand-père. « J’en profite pour remercier mon employeur qui m’accorde parfois certaines libertés. Là encore, je suis sous une bonne étoile.» À ce niveau-là, ce n’est plus une étoile mais une galaxie. La galaxie Zebrano ou la galaxie Cédric Perret ?
Kevin Vaucher