Dominique Wyss : une vie sans non !
Certains diront que le défi de la vie est d’arriver à 60 ans et d’avoir le moins de regrets possible. Fort de ses 58 ans, Dominique Wyss arrive bientôt au cap de six décennies. Mais lui, il y a peu de risques qu’il éprouve le regret de n’avoir pas fait ou de ne pas avoir osé. « J’ai vécu beaucoup de choses, c’est vrai ! Par curiosité, sans doute, mais aussi parce que je n’ai jamais su dire non. » Et forcément, passer près de 60 ans à ne pas dire non, ça laisse des « traces ». Pompier, tir, scoutisme, gym, fanfare, politique ou encore championnat du monde des métiers, le Vallonnier a laissé son empreinte partout où il a dit « oui » !
Fait surprenant : Dominique Wyss n’est pas né à Môtiers. L’une des figures du Vallon y a posé le pied pour la première fois à l’âge de 3 ans. Sa curiosité, son envie de découverte et… son incapacité chronique à dire « non », déjà à cette époque, ont rapidement fait de son nom un repère inamovible dans la vie sportive, culturelle, associative et politique de la région. « J’ai fait de la gym, de la fanfare, du ski, du hockey aux Pinks de Couvet et quelques années de foot au FC Fleurier. J’ai ensuite rejoint le FC Môtiers où j’ai terminé ma carrière de footballeur. Vous ne le saviez pas ? Bon, si j’avais été un grand joueur, ça se saurait », rigole-t-il d’emblée.
Un homme qui parle peu
Simple, agréable, franc et droit sur ses idées, le Vallonnier s’est également imprégné de l’univers scout pour grandir intérieurement. « Cela a été une belle façon d’apprendre certaines valeurs dont je ne me suis jamais séparé. C’est dans cet environnement que j’ai eu mes premiers galons en tant que chef de patrouille puis chef de troupe jusqu’à mes 20 ans environ. » Si l’homme parle de galons, c’est qu’il n’a jamais reculé devant ses responsabilités. « Je n’ai jamais refusé un poste où il m’était possible de transmettre des compétences et des idées. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup mais je suis toujours là quand il faut donner mon avis et partager mon expérience. »
Capitaine pour le 499e anniversaire de l’Abbaye de Môtiers
Chose qu’il a allègrement faite en tant que directeur des jeunes tireurs, chef OJ, moniteur de ski ou entraîneur de foot par exemple. Lorsqu’il était gamin, il a lui-même bénéficié des conseils et de l’aile protectrice de son papa ainsi que de René Jeanrenaud notamment. « Il a été mon grand-papa de cœur. C’est grâce à lui si j’ai été initié au tir et si j’ai participé à toutes les abbayes de Môtiers depuis mes 12 ans. Par la suite, j’ai eu l’honneur d’être nommé capitaine pour les 499 ans de cette abbaye. »
Le double incendie du Crêt-de-l’Eau
Bien qu’il ait posé son empreinte et laissé un souvenir dans de nombreuses sociétés ou clubs du Val-de-Travers, Dominique Wyss n’est pas immortel ! Ce n’est donc pas 499 ans mais 36 ans qu’il a vécus sous l’uniforme des pompiers volontaires.
Comme à son habitude, il a rapidement pris du grade, passant de sapeur à officier puis à commandant de Môtiers, chef du DPS3 et enfin remplaçant du commandant du SDIS Valtra (service de défense incendie et de secours). « Parmi les faits marquants, je garde fraîchement en mémoire les deux incendies du Crêt-de-l’Eau à Couvet. L’un d’eux a fait plusieurs blessés et le feu menaçait de se propager aux maisons alentour, c’était un épisode stressant », se rappelle-t-il aujourd’hui avec davantage de décontraction.
Bye bye l’Australie à cause… d’une soudure froide
Professionnellement, le Vallonnier a entrepris un apprentissage d’électricien avant d’entrer chez le « géant bleu » qu’est Swisscom (ex-PTT). Il y a travaillé trente ans avant de rejoindre espaceVal avec les responsabilités de chef technique et de chef d’exploitation. C’était il y a six ans. « Je me souviens que j’avais remporté la finale romande du championnat des métiers. J’avais terminé au 3e rang de la grande finale qui permettait au meilleur Suisse de représenter le pays aux Mondiaux qui avaient lieu en Australie. J’avais manqué une soudure froide, ce qui m’avait malheureusement coûté ce beau voyage aux WorldSkills (qui ne s’appelaient pas encore ainsi à l’époque). »
Gendarme couché : l’œuvre perso de Dominique Wyss
Finalement, Dominique Wyss se remémore encore une soirée de Conseil général de Môtiers très mouvementée. « C’est la première et aussi la dernière fois que j’ai présidé la séance. J’appartenais au Parti radical et l’objet du vote était très tendu ce soir-là. Il portait sur la construction d’un gendarme couché à l’entrée du village, en direction de Couvet. C’est la gauche qui portait cette proposition. Évidemment, c’est moi qui ai dû trancher et j’ai voté avec la gauche car je trouvais l’idée utile pour la population. Les radicaux et les libéraux ne me l’ont pas pardonné. Depuis ce jour, mes amis me charrient à chaque édition de Môtiers Art en plein air en affirmant que le gendarme couché du village est mon œuvre personnelle. » Ces amis auraient pourtant dû le savoir, Dominique ne sait pas dire non…
Kevin Vaucher