École Jean-Jacques Rousseau
La diversité et la tolérance selon Licia Chery
Dans le cadre de la 29e Semaine neuchâteloise d’actions contre le racisme, l’artiste et autrice genevoise Licia Chery rencontrait, ce mardi à Fleurier, trois classes de 1re et 2e Harmos pour parler de la diversité et de l’ouverture aux autres via ses livres pour enfants, les Aventures de Tichéri.
Chanteuse, autrice, compositrice, présentatrice de télévision, Licia Chery, de son vrai nom Leticia Andris, est une artiste « pluridisciplinaire ». Mardi dernier, pour la Semaine neuchâteloise d’actions contre le racisme, c’est en sa qualité d’écrivaine qu’elle était à Fleurier pour parler de la diversité du monde à trois classes de 1re et 2e Harmos, au travers de ses livres pour enfants et de son héroïne de 7 ans « afropéenne » Tichéri. La Genevoise, aux origines haïtiennes, a l’habitude d’intervenir dans des écoles pour aborder ces thématiques, mais rarement auprès d’un aussi jeune public. « Je me réjouis de voir comment ils se situent face à la différence », avance-t-elle, avant le début de la rencontre.
Après les présentations, Licia Chery explique que, petite, elle était souvent la seule « fille noire de l’école » et qu’aucun livre ne représentait une petite fille comme elle, d’où la volonté de créer ce personnage de Tichéri, pour que des enfants puissent avoir « l’habitude de se voir ». « Moi, je suis brune », lance une élève. Plusieurs sourires parmi les encadrants. L’atelier débute par une première lecture d’un livre des Aventures de Tichéri, « Les lunettes magiques », abordant les biais de regard de chacun en raison des origines, de l’éducation et des a priori. « Tout le monde perçoit les choses à travers ses propres lunettes », explique l’autrice. Le jeune auditoire est relativement studieux et grâce aux talents de conteuse de Licia Chery, il y a des rires.
« Dans les magasins »
« Et vous savez où on les trouve ces lunettes ? », demande l’écrivaine. Les réponses fusent : « à l’école », « chez l’orthophoniste », « dans les magasins ». « Non tout le monde à faux », répond Licia Chery, en ajoutant que tout dans la vie, film, école, livre, les parents, la langue, « donne » des lunettes. L’autrice poursuit qu’il est important de parfois voir les choses avec « les lunettes des autres » pour mieux comprendre, et que des lunettes peuvent être bienveillantes ou malveillantes. « Il est facile d’oublier que l’on porte des lunettes, et de croire avoir toujours raison », précise-t-elle, en demandant aux élèves ce que c’est de voir plus loin que le bout de son nez. « C’est voir plus loin que les lunettes », lance un élève. Le message de la première histoire semble avoir passé.
Le second livre choisi par Licia Chery, « Les cheveux crépus » traite des micro-agressions et des préjugés liés aux différences physiques et raciales. « Des petites attaques que l’on ne remarque presque pas, qui ne font pas mal à la peau, mais font mal dans le cœur », détaille-t-elle, au cours de la lecture. Aux élèves, elle demande s’ils ont déjà entendu le mot racisme ? « C’est se moquer des gens qui n’ont pas la même couleur de peau, non ? », avance un élève. Pour Licia Chery, la réponse est assez juste, mais elle ajoute que « c’est surtout de se penser supérieur en raison de sa couleur de peau ».
Préjugés qui enferment
Parmi les stéréotypes liés à l’origine, l’autrice prend les exemples du « rythme dans la peau » des personnes de couleur ou de « la vitesse à la course à pied », qui effacent le talent au profit d’une normalité inhérente à la race. « Cela a l’air de compliment, mais ce n’en est pas », explique-t-elle, en demandant si la remarque « tu es jolie pour une Noire » en est un. Il y a des hésitations à répondre parmi les élèves, et Licia Chery leur montre le caractère négatif de la phrase. Puis, elle développe que les préjugés enferment dans des cases ou des fausses catégories.
L’idéal, pour l’autrice, n’est pas pour autant d’ignorer les différences. « Parfois les voir permet de se rendre compte des inégalités », poursuit-elle, en ajoutant que cela pousse à aider les autres à lutter contre celles-ci. La conclusion de Licia Chery, à la fin de cette rencontre d’une heure et demie, est d’une grande évidence. « Au final, les aspects physiques n’ont pas d’importance. L’important, c’est ce qu’il y a à l’intérieur », termine-t-elle.
Gabriel Risold