École Jean-Jacques Rousseau
L’humour pour répondre au racisme
Dans le cadre de la Semaine neuchâteloise d’actions contre le racisme, Christian Mukuna était à Fleurier vendredi dernier. L’humoriste et comédien a abordé le racisme ordinaire et les discriminations avec les élèves des 10e et 11e années du Cercle scolaire du Val-de-Travers, mais toujours avec humour.
« Sale noir », cette insulte, Christian Mukuna l’a entendue lorsqu’il n’était « qu’un gamin » sans vraiment la comprendre. « J’étais sale alors que pourtant je me lavais tous les jours », s’étonnait-il, avant d’essayer de se laver à l’eau de javel, produit permettant de rendre plus blanc ce qui était sale, « noir ». L’anecdote, l’humoriste et comédien aux origines congolaises et arrivé à un an aux Verrières, l’a racontée durant ses échanges avec les élèves de 10e et 11e années du Cercle scolaire du Val-de-Travers, vendredi dernier à la salle Fleurisia à Fleurier.
Au préalable, Christian Mukuna a débuté son intervention avec humour : « À mon visage, vous voyez que je suis 100% Suisse ». Des rires ont parcouru l’assemblée, déjà embarquée par l’humour et la répartie de l’artiste. « L’humour, le rire, sont rassembleurs, c’est une force. Alors que le racisme divise », estime celui qui se considérait Suisse jusqu’au moment de vivre des discriminations en raison de sa couleur de peau. « Alors que je ne connaissais que ce pays et que j’avais grandi ici », a-t-il expliqué, en arguant que notre couleur de peau ne nous définit pas.
Différents mais tous égaux
L’humoriste a proposé un petit exercice aux élèves, en demandant qui possède d’autres origines qu’helvétiques. Une multitude de pays est citée, de l’Angleterre à la Thaïlande, en passant par le Japon ou la Russie. « C’est pas beau ça ? Nous avons fait un tour du monde, en restant à Fleurier », lance-t-il. Et le constat de diverses origines ne paraît aucunement choquer. « Ici, nous sommes tous différents, mais nous sommes tous égaux », remarque Christian Mukuna, en avançant que tout le monde est parfois l’étranger de quelqu’un. Plus globalement, ce dernier demande si une différence justifie l’inégalité. « Toi là, tu as des lunettes. Est-ce que je peux te dire : je suis meilleur que toi ? », interpelle-t-il, avec ses talents de comédien.
Également, Christian Mukuna, qui a grandi avec trois sœurs, questionne les inégalités liées au genre. « Si je vous dis que pour un même job, les personnes sans ‹ zigizigi ›, vont gagner moins, vous trouvez cela juste ? », demande-t-il à une assemblée mi-amusée, mi-interloquée. Et l’humoriste fait part aux élèves d’un constat : ce sont eux l’avenir. « Très tôt, il faut dire stop aux clichés, aux préjugés. C’est vous qui pourrez changer le monde », affirme-t-il, en soulignant que la démarche concerne aussi le harcèlement scolaire. « Comment répondre à des propos racistes ou discriminatoires ? Parlez-en ! Vous n’êtes pas seuls, il y a les amis mais aussi des profs », rappelle-t-il.
« Plus malin » que celui qui insulte
Autre exercice proposé aux élèves par Christian Mukuna : citer des clichés. Plusieurs sont exprimés. « Et puis, c’est vrai cela ? », interroge l’humoriste, en remarquant qu’il ne s’agit que d’idées reçues véhiculées par la méconnaissance de l’autre. Cette constatation a été soudainement exemplifiée par le témoignage poignant d’un élève mineur non accompagné, originaire d’Afghanistan. Intervention qui a un peu décontenancé le comédien. « Il y a des gens pas bien, ceux-ci ne valent pas la peine de leur répondre », a-t-il noté, en relevant que des lois existent pour lutter contre les propos racistes.
Néanmoins, Christian Mukuna est convaincu que l’humour peut briser les insultes racistes et ceux qui les profèrent. À la question de savoir s’il s’était déjà battu, l’humoriste a répondu par l’affirmative, mais dans sa jeunesse. « La violence est la réponse de ceux qui ne savent plus quoi dire. Il faut être plus malin que celui qui nous insulte », a-t-il jugé, ajoutant que les discriminations peuvent être combattues si tout le monde participe à lutter contre les inégalités. « Ensemble, on va plus loin », a-t-il conclu.
Gabriel Risold
Œuvre de 2021 à voir ou revoir à espaceVal
En huit éditions, Môtiers Art en plein air a laissé nombre d’œuvres dans l’espace du village môtisan, et plusieurs pièces ont été acquises par les autorités communales ou données par les artistes, depuis 1985. Une des œuvres marquantes de la dernière édition, « Please wait to be seated », du couple d’artistes Jonathan Delachaux et Zoé Cappon, un ensemble d’une quarantaine de personnages moulés qui était confiné dans la cabane des Mermet en 2021, est d’ailleurs à voir à espaceVal jusqu’au 13 avril dans le cadre de la première exposition des biens culturels et des acquisitions artistiques de la commune.