Église de Môtiers
La cure de jouvence continue
À Môtiers, la rénovation totale de l’église Notre-Dame va bon train et se poursuit selon le calendrier établi. Point de situation avec Jean-Samuel Bucher, président de l’association pour la restauration de l’église de Môtiers.
L’exosquelette d’échafaudages autour de l’édifice et le déploiement des bâches sur la charpente « nue » révèlent immédiatement l’ampleur des travaux de rénovation. En ce moment, ceux-ci se concentrent sur l’enlèvement des tuiles de la toiture. Le président de l’association pour la restauration de l’église de Môtiers a le sourire lorsqu’il évoque l’avancée du projet.
Le nettoyage et le sablage du clocher ont été terminés en mai,
explique Jean-Samuel Bucher, en ajoutant que cela n’avait pas été entrepris depuis quarante ans. Les opérations de décrépissage des murs intérieurs et extérieurs sont également terminées. Le recrépissage à la chaux et l’application d’une peinture à la chaux devraient se faire durant les prochaines semaines.
Cela sera une rénovation à l’ancienne, dans la tradition,
souligne-t-il, en imaginant déjà les propriétés « acoustiques » de cette technique.
Les prochaines étapes de cette véritable cure de jouvence pour l’édifice du 8e seront le tuilage de la toiture, la mise en place du chauffage à pellets, la réfection de l’installation électrique, l’éclairage et la sonorisation.
Lors de la découverte du toit, nous avons constaté que la charpente datant de 1515 est relativement en bon état,
détaille Jean-Samuel Bucher. Le président de l’association explique que la future toiture, d’une surface de 700 m2, sera composée de tuiles similaires à celles du prieuré Saint-Pierre.
Dans le but d’une parenté esthétique entre les deux édifices,
ajoute-t-il.
Recours aux entreprises locales
Une des volontés principales de l’association était de recourir en priorité aux savoir-faire présents dans la région. Ainsi, la majorité des travaux a été confiée à des entreprises locales.
Nous voulions collaborer et construire avec les gens d’ici. En plus de la logique du « consommer local, cela résulte aussi d’une certaine éthique»,
souligne Jean-Samuel Bucher. L’association ne s’est tournée vers l’extérieur que pour quelques opérations particulières nécessitant des entreprises spécialisées, comme le sablage du clocher ou l’éclairage de l’église. Celui-ci sera pris en charge par la même société qui contribue aux travaux de la Collégiale de Neuchâtel.
Le président de l’association estime qu’il existe aussi une certaine satisfaction chez les maîtres d’état et les ouvriers à œuvrer à la restauration d’une église chère au cœur des habitants du Val-de-Travers. De ce fait, chacun apporte « une part de beauté à l’édifice ».
Un menuisier m’a dit apprécier participer à un tel projet,
confie-t-il, un peu ému d’observer cette « vieille dame » retrouver sa beauté presque originelle. Jean-Samuel Bucher tient à souligner l’excellente collaboration entre la Commune, l’Office cantonale du patrimoine et d’archéologie (OPAN), ainsi que tous les acteurs de cette rénovation. Si le chantier se poursuit au rythme prévu, l’inauguration pourrait avoir lieu à la fin de l’année et les cloches, muettes en raison des travaux et des ouvriers, sonner à nouveau.
Plus de mille ans d’histoire
Comme écrit dans ces colonnes en février dernier, cette restauration allait permettre à l’OPAN d’effectuer différentes analyses archéologiques. Conservateur cantonal et chef de l’office, Jacques Bujard parlait alors de l’église Notre-Dame comme de la dernière « pièce du puzzle ». Alors qu’en est-il de ces quelques mois d’études ?
Nous avons constaté plusieurs éléments qui laissent à penser que l’histoire est plus compliquée que ce que nous le pensions jusqu’à maintenant,
explique-t-il. Différentes traces suggèrent la présence d’un édifice antérieur à l’an mille, d’une construction importante au 10e siècle et renseignent sur les étapes de développement de l’église de Môtiers et du prieuré Saint-Pierre.
Nous avons encore deux hypothèses à vérifier,
ajoute le conservateur cantonal, en précisant que les analyses ont été fructueuses.
Les plus de mille ans d’histoire de l’église Notre-Dame seront accessibles aux visiteurs lors des Journées européennes du patrimoine, le 12 septembre prochain. à cette date, le retrait des échafaudages et le recrépissage dans un ton de couleur proche de celui du prieuré pour une harmonie de l’ensemble auront, sauf imprévu, été effectués.
L’église aura ainsi une apparence humble et discrète,
conclut Jean-Samuel Bucher. Tout le charme d’une « vieille dame ».
Gabriel Risold