Élection complémentaire au Conseil d’État
Tous derrière et lui devant
L’élection aurait pu être tacite… mais elle ne le sera pas ! Depuis que les citoyens Pieren et Wroblevski ont fait acte de candidature. Après confirmation du Conseil d’État que le premier tour de l’élection complémentaire se déroulerait le 26 novembre, la plupart des partis avaient jeté l’éponge laissant le champ libre à Frédéric Mairy. C’était sans compter sur l’intérêt du Parti démocratique européen et de Modernocrate, tous deux mobilisés pour barrer la route au représentant du Parti socialiste. Sur fond de démocratie, ce scrutin estimé à Fr. 190’000.- permettra peut-être, au premier tour déjà, d’élire le successeur de Laurent Kurth.
Grande interview de Frédéric Mairy, le Vallonnier qui court toujours (Éditions Alphil 2023).
Né à Fleurier en 1973, celui qui a fait ses écoles à Neuchâtel et Strasbourg possède l’avantage de connaître le fonctionnement d’un exécutif. Papa de 3 enfants, il siège depuis 2013 en qualité de conseiller communal à Val-de-Travers et préside depuis 2016 l’Association des communes neuchâteloises. Rencontre avec celui qui s’était retiré en 2021 au 2e tour de l’élection au Conseil d’État au profit du vert Roby Tschopp, offrant au PLR la majorité au Château.
Couvet, le Val-de-Travers, le canton de Neuchâtel, un dénominateur commun ?
Oui, la cohérence. Je partage la vision du Conseil d’État d’un canton uni, fort de 4 régions. Tisser des liens, trouver des solutions d’union est important pour valoriser notre canton qui n’est pas un poids lourd à l’échelle du pays.
Remplaçant du Chaux-de-Fonnier Laurent Kurth, comment serez-vous le représentant de toute la population y compris de la gauche des Montagnes ?
Ça coule de source de représenter les régions des Montagnes, du Littoral et des deux vallons. Il y a les partis, il y a des femmes et des hommes qui s’engagent dans une ligne commune pour satisfaire nos 4 régions ; c’est avec cet objectif que je travaillerai à représenter l’ensemble de la population.
Quel regard portez-vous sur la cohésion cantonale, sa fragilité, exacerbée lors du scrutin des hôpitaux ou dans le dossier de répartition des subventions aux régions d’altitude ?
Elle est de meilleure qualité que dans le passé mais rien n’est jamais gagné ; il faut la nourrir pour la maintenir. Ce sont les actions qui prouvent ce que j’avance et, en la matière, nous sommes très près de décrocher un succès de taille dans le dossier de la répartition de la subvention allouée aux communes d’altitude. La commission parlementaire a fait un bon travail de compromis, prolongeant celui du Conseil d’État et de l’ACN. La balle est désormais dans le camp du Grand Conseil, qui en traite tout bientôt.
Inscrit depuis 2004 au PS, vous fêterez un 20e anniversaire sympa en cas d’élection. Qu’est-ce qui changera avec vous au gouvernement ?
C’est avant tout pour moi que les choses changeront avec un nouveau périmètre de responsabilités et aussi avec la charge de travail. Nouveau venu, sachant qu’une transition n’est jamais simple, j’ai à cœur de trouver mes marques dans le Conseil d’État et auprès des services qui me seront confiés.
Pronostics sur le 26 novembre, quel taux de participation et quel score pour vous ?
Heureusement, plusieurs votations sont à l’agenda ; je pronostique 30% avec optimisme. Quant à mon score, j’espère qu’il évitera un second tour ! (réd : avec plus de 50% des suffrages en sa faveur).
Le département de Laurent Kurth est un mastodonte. Espérez-vous un rebrassage des départements et une rocade entre membres de l’exécutif ?
Tout changement au sein d’un exécutif permet d’en repenser la répartition. J’imagine que les discussions vont bon train au Conseil d’État. Sachant que la tradition veut que le dernier arrivé s’exprime à la fin, je suis ouvert à tout, mais on sait aussi que tout changement est délicat et qu’il faut en mesurer la portée à un an de la fin de la législature.
Quel est le département idéal pour le candidat Mairy ?
Siéger dans un exécutif cantonal est un exercice qui demande de l’ouverture. Chaque département, chaque service a ses enjeux et ses spécificités. Prêt à m’inscrire dans la continuité, je me réjouirais notamment de reprendre la santé, véritable enjeu de politique publique.
En matière de caisse maladie, la gauche veut limiter à 10% les primes et la droite offrir des déductions supplémentaires sur l’impôt. Quelle est votre opinion sur ces ponctions dans le porte-monnaie de la classe moyenne ?
Tant que les primes ne seront pas indexées aux salaires, les faibles et les moyens revenus seront asphyxiés par celles-ci et les collectivités devront subventionner. Limiter les primes à 10% du revenu est une manière de faire pression sur la Confédération pour qu’elle assume enfin ses responsabilités. Quant à l’initiative du PLR, j’estime que les moyens à disposition des collectivités publiques doivent être préservés.
Comment lutter contre la vie chère et juguler les coûts de la santé ?
Puisque tout augmente, on ne peut pas se contenter de correctifs en aval pour que la population puisse s’acquitter de ses factures. Il faut viser une augmentation générale des salaires, en gardant en tête que le bénéfice se ressentirait sur plusieurs fronts, dont ceux de l’économie locale et de l’impôt. Face à la cherté des primes, on s’époumone contre les caisses qui répercutent les coûts alors que c’est tout le système qui doit être entièrement repensé, en impliquant davantage financièrement la Confédération. Cela n’empêche pas de travailler à des améliorations cantonales en améliorant les synergies entre les structures pour éviter toute fuite en avant.
À quels défis majeurs le Canton devra-t-il faire face ?
Le réchauffement climatique est un défi planétaire dont les conséquences sont visibles ici. La sécheresse des forêts, les températures élevées et les catastrophes naturelles sont là pour nous rappeler que l’avenir de la planète est un enjeu majeur. Afin de limiter le réchauffement, je ne vois pas comment y parvenir sans restrictions. Limiter le transport aérien peut paraître choquant aujourd’hui mais sera sans doute naturel demain.
Anthony Picard
PORTRAIT MINUTE
De quoi avez-vous peur ?
Ma principale crainte est liée aux bouleversements climatiques. Sur un plan plus personnel, j’avoue n’être pas vraiment à mon aise dans les grands mouvements de foule.
Quel objet emporteriez-vous sur une île déserte et pourquoi ?
Un livre parce que je suis un lecteur assidu et que celui-ci me donnerait de la compagnie (rires…)
Rasage manuel ou électrique ?
Électrique dit-il en précisant « pas tous les jours »…
Ce que vous détestez chez les autres ?
L’hypocrisie.
Avez-vous des sujets tabous ?
Non.
Quel est votre plat préféré ?
La parmigiana, gratin d’aubergines.
Enfant, quel métier rêviez-vous d’exercer ?
Grutier et je dois dire que je ne suis pas loin du compte ; en politique il faut savoir construire et prendre de la hauteur.
Quel est pour vous LA personnalité vivante neuchâteloise ?
Baptiste Hurni.
LES ADVERSAIRES
Le Chaux-de-Fonnier Jean-Luc Pieren
Né en 1955, le citoyen originaire d’Adelboden a défrayé la chronique en 2018 avec sa plainte nominative conséquente à un projet immobilier inabouti. Celui qui aime les défis a convaincu 171 citoyens de voter pour lui lors de l’élection au Conseil national de 2019. Dopé par ses passages devant les tribunaux, la bête politique continue sa quête. Après une condamnation pour blanchiment d’argent par le Tribunal cantonal en avril 2023, celui qui vient d’échouer pour une place au Conseil des États désire succéder à Laurent Kurth.
L’habitant de Neuchâtel Thomas Wroblevski
Né en 1987, le citoyen de Neuchâtel n’en est pas à son premier coup d’annonce en vue d’accéder à une fonction fédérale ou cantonale. Celui qui milite pour changer la loi cantonale sur les droits politiques pour que les bulletins blancs soient considérés, revient épisodiquement sur le devant de la scène. En 2014 dans sa course au Conseil d’État, il récoltait 10% des suffrages avant d’être balayé en 2019 dans sa course aux États avec 142 voix. En cas d’élection, le militant du vote blanc s’engage à démissionner immédiatement.