Exposition Val-de-Travers au fil des décennies
Rien ne s’efface, tout s’entasse !
Au fil des décennies, il s’en est passé des choses au Val-de-Travers. Mais la mémoire est ainsi faite qu’une large part des souvenirs, même marquants, s’efface de nos têtes avec le temps. Heureusement, il existe un lieu où rien ne s’efface mais où tout s’entasse. Ce lieu est appelé « archives ». Les archives communales regorgent de plus de 1800 objets historiques et culturels. Malheureusement, ils dorment le plus souvent au fin fond du grand sous-sol du bâtiment Dubied. Réjouissez-vous, le Conseil communal, via sa commission culturelle, a dépoussiéré quelques traces marquantes d’époque pour retracer la vie du Val-de-Travers avec une exposition qui est à voir jusqu’au 13 avril à espaceVal.
Cette mise en lumière de quelques biens historiques et culturels de la commune de Val-de-Travers émane de deux volontés conjointes. L’envie de soutenir quelques artistes professionnels vallonniers en achetant certaines de leurs œuvres, d’un côté. Et le besoin d’inventorier et de rassembler les biens culturels et patrimoniaux des 9 communes liées au moment de la fusion, de l’autre. C’est la commission du Patrimoine et des Arts qui avait à charge de s’occuper de ce second point.
Un puzzle de 1800 pièces
« Il a fallu trier tout ce qui se trouvait dans les bâtiments publics pour garder ce qui valait le coup et jeter le reste. Je dois bien avouer que je n’ai pas eu la force de jeter beaucoup de choses personnellement », confie Laurence Vaucher, membre de cette commission. Elle s’explique : « Chaque objet en lien avec le passé est susceptible de raconter beaucoup de choses sur son époque. Le but ultime était de rassembler un maximum de pièces de ce grand puzzle pour retracer l’histoire du Val-de-Travers depuis 1848. » Au total, ce gigantesque puzzle recense 1800 « pièces ». En filigrane, l’idée réside aujourd’hui à valoriser ces éléments d’archives via des mises à vue publiques notamment.
L’alambic : discret mais bien présent
« Comme il n’était pas possible de faire entrer autant d’objets dans le hall d’espaceVal, il a été décidé d’en sélectionner un ou deux par décennie depuis 1848 et jusqu’à la fusion. La convention de fusion fait d’ailleurs partie de l’exposition. » Une édition du Courrier du Val-de-Travers de 1948 est également en vitrine. Un article y relate les 100 ans de la République neuchâteloise et un dessin représente quelques-uns des atouts économiques de la région. Il est intéressant de voir qu’un alambic y est discrètement représenté dans un coin alors que l’absinthe est encore interdite à cette époque. « Cela prouve à quel point elle est liée à l’histoire du Vallon », réagit Laurence Vaucher.
L’histoire d’un canular géant
Un peu plus loin, une photo renvoie à 1988 et à l’inauguration de l’entreprise Bioren de Couvet. « L’écroulement de l’industrie horlogère avait poussé l’état à sortir de la mono-industrie. La venue de cette entreprise de produits pharmaceutiques au Vallon démontre que la région n’avait pas envie de se laisser mourir à petit feu. » Dix ans plus tard, en 1998, c’est l’histoire d’un canular géant qui est racontée aux visiteurs. « À cette époque, le canton de Neuchâtel n’était vraiment pas en odeur de sainteté par chez nous et la population avait proclamé l’indépendance du Val-de-Travers lors d’une cérémonie animée par Jean-Marc Richard. »
La douane de La Clusette
La blague avait été poussée à son extrême se souvient Laurence Vaucher : « Une relique en carton du château de Neuchâtel avait été brûlée pour symboliser le ras-le-bol vallonnier face aux mesures d’économies qui conduisaient au regroupement de services ou à leur disparition. Une grande fée verte avait remplacé l’emblématique drapeau suisse de Môtiers et une douane avait été installée à l’entrée de La Clusette. La goutte d’absinthe avait vraiment fait déborder le vase. » Et le peuple vallonnier s’était transformé « en sales gosses d’un jour ». Quoiqu’il faut bien défendre notre Vallon, personne ne va le faire pour nous. Si la mémoire peut effacer beaucoup de choses, elle n’arrivera jamais à bannir le souvenir qui nous rappelle toujours d’où l’on vient…
Kevin Vaucher