Extention du certificat Covid
Un « pass » qui passe cahin-caha
Depuis lundi dernier, 13 septembre, le certificat Covid est obligatoire pour accéder à l’espace intérieur des lieux de restauration, de culture, de sport et de loisirs, ainsi qu’aux manifestations se déroulant à l’intérieur. Le Courrier du Val-de-Travers hebdo est allé voir comment cette nouvelle mesure s’appliquait.
En ce début de semaine, il fait beau et le café du matin en terrasse ne nécessite pas de présenter de QR code ou de bout de papier. Il en aurait été tout autre si le temps n’avait pas été au rendez-vous. La décision du Conseil fédéral de l’extension du certificat Covid aux espaces intérieurs des lieux de restauration, de culture, de sport et de loisirs a pu faire grincer des dents, mais les restaurateurs se plient bon gré mal gré aux nouvelles mesures.
Cette décision n’est pas drôle, mais elle n’est drôle pour personne,
déclare Matthias Von Wyss, patron de l’hôtel de l’Aigle à Couvet et membre du conseil de gestion de Goût & Région. La mise en place des nouvelles mesures fédérales est en soi peu compliquée. Par une newsletter, les employés des sites de Couvet, Noiraigue et des Mines de la Presta ont été informés vendredi dernier des adaptations par rapport à celles-ci et en ce lundi matin, jour de notre passage, tout se déroule convenablement.
Une cliente nous interrompt. Malheureusement, elle n’arrive pas à obtenir le QR code nécessaire. L’hôtelier la rassure, car le couple de touristes a montré la preuve papier.
Nous allons appliquer les directives strictement, mais avec un minimum de compréhension,
explique-t-il, en soulignant que ce matin il n’y a eu aucun problème et que les clients sont informés. Par contre, les clients de l’hôtel n’ayant pas le sésame nécessaire ont déjeuné en terrasse,
sinon nous les aurions servis en chambre,
ajoute Matthias Von Wyss.
La terrasse : une préoccupation
La terrasse, voilà un élément qui interroge, car à l’extérieur, point besoin de pass Covid. à la vue de celle du bistrot le Picotin chez Didi, juste de l’autre côté de la rue, beaucoup, en cette belle matinée, ont choisi l’extérieur, pour raison de certificat ? Le tenancier, Avdi Arifi, hoche la tête et ne mâche pas ses mots.
C’est dégueulasse ! Décider d’une mesure le mercredi pour l’appliquer le lundi suivant. Non, c’est trop rapide !
déplore-t-il. Même fâché, le gérant va respecter les nouvelles directives car c’est la loi. Cependant, il s’interroge sur sa clientèle une fois la fin des beaux jours. Est-ce que les ouvriers et les habitués viendront encore boire le café ou prendre l’apéro s’ils doivent rester à l’extérieur ? Ce lundi, jour de notre venue, Avdi Arifi nous avoue avoir déjà vu des groupes plus parsemés.
Nous verrons à la fin du mois le résultat,
conclut-il, un peu désabusé. Un cri du cœur qui touche, mais en quittant le café, un groupe d’habitués entre et brandit les QR codes. Les clients semblent avoir assimilé rapidement les nouveaux réflexes.
Une impression confirmée au bar la Tanière à Môtiers. La serveuse qui nous apporte l’express reconnaît que malgré quelques réactions énervées, la plupart des gens présentent spontanément leurs téléphones. Là aussi, en cette matinée ensoleillée, la terrasse ne désemplit pas et on s’interroge sur une possible baisse de fréquentation une fois les beaux jours terminés. Toutefois, la serveuse nous avoue une chose : être soulagée de ne plus avoir à porter de masque en tant que personnel vacciné.
Pas que la restauration
Les nouvelles mesures n’impactent pas que les bistrots et restaurants du Vallon.
On est ravi de cette décision !
,ironise Yann Klauser, de la Maison de l’absinthe, qui rit jaune, en avouant n’avoir que le choix de s’en remettre aux décisions fédérales. Pourtant, le directeur de la Maison de l’absinthe se veut presque optimiste.
Nous avons eu des annulations la semaine dernière, mais cela a été suivi d’autres réservations,
note-t-il en prônant l’adaptabilité.
La Maison de l’absinthe est plus qu’un « simple musée » avec son espace bar, ce qui demande plus d’attention pour appliquer les mesures. Néanmoins, Yann Klauser relève que probablement la clientèle de la Maison de l’absinthe, surtout touristique, fait que beaucoup ont déjà un certificat et ne sont donc pas impactés. En exemple, un groupe d’Américains, premiers visiteurs certifiés Covid, en début de semaine. Une réflexion suivie par Matthias Von Wyss qui estime à 90% le niveau de vaccination de sa clientèle, composée surtout de voyageurs.
Une clientèle toute différente de celle du cinéma Colisée, faite en bonne partie d’habitués et de cinéphiles réguliers.
Dimanche dernier, des clients nous ont déjà dit qu’ils ne pourraient pas revenir avant un certain temps,
avoue le responsable, Bertrand Stoller, qui s’attend à une baisse de fréquentation. Pour appliquer la nouvelle réglementation, le cinéma a engagé une personne supplémentaire pour le contrôle à l’entrée. Ensuite, à l’intérieur, il n’y a plus de masque obligatoire, ni de limitation de capacité. Deux éléments qui ne soulagent en rien l’exploitant.
À espaceVal, le directeur, Jean-Michel Messerli, indique que l’application des mesures « est un peu plus compliquée qu’en théorie » et celles-ci seront réadaptées par rapport aux règles édictées vendredi dernier. En effet, le centre accueille différents profils de personnes et offre plusieurs types de prestations.
Nous accueillons des cours de formation pour lesquels le certificat ne s’applique pas,
cite-il, en exemple. De ce fait, une uniformisation va être élaborée pour permettre l’accès aux multiples profils qui fréquentent espaceVal. Toutefois, le directeur reconnaît que dans l’ensemble les mesures sont bien acceptées » et que les personnes détentrices du certificat Covid sont contentes de pouvoir tomber le masque.
Pas « des douaniers ! »
Dans tous ces brefs entretiens, ce qui est le plus problématique pour les différents acteurs est le fait de devoir contrôler l’identité des clients. Même après des mois de prises de coordonnées, qui seront remplacées par un contrôle du certificat, le directeur de la Maison de l’absinthe dit « ne pas vouloir jouer au douanier ! ». Un aspect du contrôle qui gêne aussi à l’hôtel de l’Aigle, où Matthias Von Wyss estime que la vérification de l’identité n’a rien d’agréable, en plus s’il faut le faire de manière journalière. Le rôle du personnel n’est pas de faire la police. Toutefois, dans certains cafés, comme au Picotin Chez Didi, les clients sont des habitués et les identités connues du patron. Enfin, tous les témoignages sont unanimes sur le fait que l’on espère que cette situation soit la plus courte possible. Personne ne dira le contraire.
Gabriel Risold