Face à la douleur, Colò ne peut pas lutter !
Kilian Colò, c’est 125 kilos de force et de puissance au service d’un sport : la lutte. Ce corps hors norme est un magistral atout lorsqu’il s’agit d’affronter des adversaires qui dépassent aussi largement le quintal. Mais quand la machine s’enraie et refuse d’avancer, le sportif peut vite perdre l’équilibre et la patience. Lourdement blessé en fin d’année 2022, le « boucher de Saint-Sulpice » devait faire son retour à la compétition cette saison. Mais son corps en a décidé autrement…
« Je reviendrai ! Je sais que je reviendrai mais je ne peux pas encore dire quand. J’ai 25 ans et j’étais entré dans la meilleure phase de ma carrière au moment de ma blessure. Cette situation est tellement frustrante mais je suis obligé de l’accepter. » Vous l’acceptez vraiment, Kilian Colò ? « Non ! Je n’arrive pas à l’accepter même si je sais aussi que je dois l’accepter pour avancer. Pour le moment je patiente, je ne peux pas faire grand-chose d’autre malheureusement. Vous savez, j’ai envie de craquer des fois mais je tiens car c’est tellement plaisant d’avoir une couronne sur la tête après un dimanche de compétition. »
Oui, Kilian reviendra !
Le colosse souffre mais il s’accroche. Il vit d’autant moins bien ce blocus sportif qu’il a un esprit de compétition très développé. « Je lutte car j’aime lutter bien sûr. Mais je le fais aussi pour voir une progression dans mes résultats et pour gagner des récompenses. Je n’arrive pas à lutter juste pour le plaisir. Et c’est long cette période sans compétition depuis fin 2022. Mais je reviendrai. Je souffre mais je reviendrai. » « Je reviendrai », ces mots tournent en boucle dans le discours de Kilian Colò qui a du mal à cacher sa douleur intérieure. Celle-ci se couple à la douleur physique qui l’affecte depuis des mois. Souvenez-vous…
Un genou qui se tord à nouveau
Le Vallonnier avait terminé la Fête fédérale de lutte 2022 avec une rupture des ligaments du genou gauche. Cette blessure avait entraîné une saison 2023 totalement blanche. Il avait ensuite pu faire son retour à l’entraînement à partir de juin 2023. Au début du mois de février de cette année, il était revenu à 100% après un hiver passé notamment avec son préparateur physique David Favre, du Centre SAS. « Beaucoup de force, un peu d’endurance et ce qu’il faut de vitesse : tout était en place. » Et puis… un mauvais appui, un genou gauche qui se tord à nouveau et revoilà Colò sur la touche.
Le test quotidien du boucher
« J’ai une élongation des ligaments depuis deux mois. J’ai dû interrompre ma préparation et retarder le début de ma saison à une date ultérieure. » Quand pourra-t-il faire son retour ? « Personne ne peut me le dire ! Je suis suivi par un physiothérapeute mais je ressens encore des douleurs. J’ai tout essayé (ce qui est légal) pour accélérer le processus mais rien ne peut remplacer le temps et son pouvoir de guérison. » Pendant que le temps prend… son temps, le « boucher de Saint-Sulpice » trépigne. « J’ai essayé de reprendre le sport il y a deux semaines mais c’est encore trop tôt. » Chaque jour, il espère qu’il pourra vivre une journée de travail debout sans douleur (il est boucher à 100%), ce qui constituerait alors le feu vert pour la reprise de la lutte. Mais ce jour se fait attendre…
Le mental plutôt que les fléchettes
« J’ai aussi un hématome sur le plateau de l’os du tibia, ce qui intensifie encore la douleur. Il m’arrive de me dire qu’il aurait été plus simple de faire du billard ou des fléchettes », rigole ce bon vivant qui retrouve un peu le sourire. Une question subsistera après sa guérison, à savoir s’il sera capable de lutter sans appréhension de se blesser à nouveau ? « Honnêtement, je ne sais pas. Tout va se jouer dans la tête comme le 70% des choses. J’avais d’ailleurs fait appel à un coach mental avant la Fête fédérale 2022. » C’est le corps qui avait finalement fini par lâcher. « Moi, je ne lâcherai pas, croyez-le bien. En plus, j’ai déjà essayé le billard et les fléchettes et c’était pas trop mon truc… »
Kevin Vaucher