Festival de la Chapelle
Nouveautés, premières et habitués
Du 29 septembre au 2 octobre, la Chapelle aux Concerts de Couvet accueillera son Festival. Pour sa neuvième édition, l’association les Évasions musicales a quelque peu innové en proposant un film, une conférence historique et une programmation revue dans le but de toucher un large public.
Enfin une édition 2022 « normale », après une annulation en 2020 et une édition marquée du sceau des mesures sanitaires en 2021, cela est presque sous-entendu dans le soupir de Fabienne Pantillon, car, comme nous l’avoue-t-elle, la gestion de la dernière cuvée fut compliquée. Toutefois, pour cette neuvième édition, les Évasions musicales ont souhaité innover et proposer d’autres éléments relatifs à la musique et au Val-de-Travers, avec, dès le jeudi soir, un film, « Song of love » de Clarence Brown, au cinéma Colisée et le samedi, une conférence de l’historien originaire du Vallon, Jean-Pierre Jelmini.
L’idée de proposer un film en lien avec la musique n’est pas toute récente et est venue à la suite des discussions avec Jean-Patrice Hofner (ndlr : vice-président de l’association du cinéma),
explique celle qui est membre des Évasions musicales en précisant que la projection est gratuite et qu’elle marquera le début de quatre jours de festival. Autre nouveauté, la conférence de Jean-Pierre Jelmini, le samedi à 19 h, à propos des mémoires de Jonas-Henry Berthoud (1743-1831), dont l’historien travaille actuellement à leur édition.
Par le passé, d’autres conférences avaient eu lieu, mais toujours en lien avec la chapelle, là, la thématique sera la vie « d’autrefois » à Couvet. S’ils viennent étoffer le programme du Festival de la Chapelle, les deux événements ont aussi pour but « éventuellement d’attirer d’autres personnes pour le week-end », reconnaît Fabienne Pantillon. Pour autant, le programme répond aux attentes des mélomanes avec des artistes confirmés internationalement. En vedettes de l’édition 2022, le duo de pianistes Adrienne Soós et Ivo Haag, qui interpréteront des œuvres de Schumann, Frank Martin et Mozart, une troisième venue au festival due, comme d’habitude, grâce aux liens personnels.
Ivo, je le connais depuis 40 ans et un concours,
sourit Marc Pantillon.
C’est un duo de piano rare.
Le pianiste note que c’est la première fois qu’un duo ouvrira le festival et qu’il s’agit d’une prestation « à quatre mains et à deux pianos ».
Premières
Second moment de seul piano, le dimanche après-midi avec la première visite au festival covasson de la pianiste virtuose, Katja Avdeeva, lauréate de concours en Suisse, en France et en Espagne et qui intégrera dans son registre de Rachmaninov et Scriabine, des œuvres du Neuchâtelois Jean-Philippe Bauermeister. Un élément « suisse » ou « régional » qui est toujours le fruit d’une discussion amicale entre les artistes et les membres de l’organisation du festival. Autre première, celle de l’accordéon et du bandonéon du tango avec l’ensemble « Histoires de musique » le dimanche soir, avec aux arrangements : Birgit Frenk-Spilliaert et Ariane Franceschi, Vallonnière de Couvet. Fabienne et Marc Pantillon reconnaissent avec la présence de l’accordéon et du tango que le festival de la Chapelle s’ouvre vers d’autres champs musicaux, même si, selon le conseiller artistique, les compositions de Piazzolla sont désormais des classiques.
Cela passe dans les examens du conservatoire aujourd’hui,
note-t-il, en évoquant que le compositeur argentin a débuté par des musiques de films.
Musiques de films, c’est aussi ce qu’a composé Nino Rota pour Federico Fellini, dont certaines des partitions seront jouées le samedi soir par le Trio Clarion, et dont le pianiste n’est autre que Marc Pantillon.
Un artiste qui se permettait tout,
explique le musicien aux multiples casquettes. Enfin, le Festival de la Chapelle connaît cette année une légère modification de programme, la place « solistes de demain », visant à mettre en avant les jeunes musiciens prometteurs, ne sera plus cantonnée à trois heures de musique le samedi après-midi. Au contraire, leurs prestations ont été réparties sur l’ensemble du week-end, du vendredi au dimanche, afin qu’ils bénéficient d’une plus belle audience et d’un large public.
Éclectique ? Peut-être
Il semble que l’édition 2022 marque un léger tournant dans la programmation du Festival de la Chapelle, avec en majorité des compositeurs du 20e siècle et quelques touches de modernité. Mais pour autant, ce programme peut-il être qualifié « d’éclectique » ?
Peut-être qu’il y a un peu plus d’œuvres du vingtième siècle, mais oui, il est un peu plus éclectique tout de même,
reconnaît Marc Pantillon, avec un sourire rempli de malice, ce qui augure forcément de bons instants mélodiques. Ultime ajout au festival, des flyers avec commentaires historiographiques sur les œuvres interprétées et qui seront à dispositions avant les concerts. Un plus pour « guider l’écoute et comprendre », notent Fabienne et Marc Pantillon.
Si la programmation différente de cette année ne se poursuivra pas forcément en 2023, la proposition cinématographique devrait, elle, perdurer.
Jean-Patrice Hofner nous a énuméré un nombre incroyable de films traitant de musique, donc je pense que cela va continuer ,
explique Fabienne Pantillon, en soulignant qu’il s’agit d’un biais différent pour la découverte de la musique. Cela tombe bien car, l’année prochaine, le Festival de la Chapelle fêtera ses dix ans, toujours avec des sponsors fidèles, des artistes au rendez-vous, mais avec aussi des idées nouvelles. Mais cela est encore de la musique d’avenir.
Gabriel Risold
Tarifs identiques ou presque
Concernant ses tarifs, le Festival de la Chapelle demeure sur une ligne constante : Fr. 50.- le pass pour les trois jours de concerts et une entrée journalière à Fr. 30.-. L’entrée gratuite pour les jeunes demeure également dans l’objectif exprimé de toucher un public large et diversifié. Enfin, cette année, les Évasions musicales ont décidé aussi d’offrir la gratuité aux réfugiés ukrainiens.