Festival Hors Tribu
Une ambiance retrouvée
Après deux éditions plus que réduites, le festival Hors Tribu s’est déroulé sans anicroche et dans une belle ambiance le week-end dernier à Môtiers. Premier bilan avec la présidente du comité de l’association, Emmanuela Minisini, sur cette 27e édition qui marquait un retour à la normalité du plus grand des plus petits festivals.
Un jour en 2020, deux en 2021 et des capacités limitées, en raison de « celui-dont-on-ne-prononcera-pas-le-nom », les deux dernières éditions du festival Hors Tribu n’avaient pas eu leur charme habituel. De ce fait, cette 27e édition avait tout du retour vers le futur.
Les gens étaient très heureux de retrouver l’ambiance Hors Tribu,
reconnaît Emmanuela Minisini, présidente du comité de l’association. Et de l’ambiance, il y en a eu durant les quatre journées du festival. Le jeudi, habituel jour de moindre affluence, a connu une bonne participation et ce n’était que le premier du festival.
C’était juste super de refaire cette édition comme avant, en quatre jours,
avoue Emmanuela Minisini. L’association qui prône l’écologie, la simplicité, la convivialité et la solidarité avance la participation de 1500 festivaliers sur l’ensemble de la manifestation comme premier chiffre, même si sa présidente a le sentiment qu’ils étaient plus nombreux. En effet, difficile de tenir un compte précis pour un festival qui propose deux jours à prix libre (le jeudi et le dimanche).
Les deux points d’orgue ont été les soirées du vendredi et surtout celle du samedi, mais l’ensemble des quatre jours a bénéficié d’une météo idyllique.
Grâce au temps, les gens sont restés plus tard, y compris durant la journée des familles du dimanche où ils sont restés longtemps durant la soirée,
relève la présidente. De tête, elle souligne que les festivaliers venaient majoritairement de Suisse romande, mais aussi du Jura bernois, de Berne et pour certains de France voisine. Autour de nous, les plus endurants des bénévoles s’activent pour poursuivre le démontage des installations, certainement la tâche la plus fastidieuse de la manifestation.
Il y a toujours plus de personnes au montage qu’au démontage,
rigole Emmanuela Minisini, en soulignant le travail dantesque des bénévoles pour la manifestation. Elle nous explique que lors des deux dernières années, les tâches étaient presque identiques à cette édition, mais avec uniquement un ou deux jours pour vivre l’événement. Cette année, l’équipe de Hors Tribu et des bénévoles ont pu enfin en profiter sur quatre jours.
Cela crée une ambiance un peu hors du temps et permet de décrocher du quotidien,
évoque-t-elle, dans un sourire.
Pas envie d’être les derniers
Un constat qui fait dire à la présidente du comité Hors Tribu que l’état d’esprit au moment de l’organisation de cette 27e édition était mêlé, entre peut-être volonté de réduire la voilure, comme lors des deux dernières années et de reconduire la recette éprouvée des festivals précédents.
Le choix est celui que nous connaissons.
Mais cela en valait la peine !,
note Emmanuela Minisini. Toutefois, « le plus grand des petits festivals », comme il aime se nommer, ne pourrait avoir lieu sans les centaines de bénévoles. Ce mardi en fin d’après-midi, seules les personnes du service civil international, le comité de Hors Tribu et quelques ultimes bonnes âmes poursuivent le démontage qui durera jusqu’à la fin de la semaine, et, cette année, le festival a peiné à trouver des bénévoles pour la cuisine. Néanmoins, la présidente de l’association se montre optimiste.
En nous voyant galérer, des gens ont proposé d’apporter une aide, et d’autres ont eu l’envie de s’investir un peu plus,
explique-t-elle. Un esprit d’entraide totalement en connexion avec la philosophie de Hors Tribu. Une ambiance d’équipe également qui a ravi certains nouveaux, puisque selon les dires, ceux-ci se sentaient faire partie d’une famille seulement après quelques jours. Une impression ressentie, alors que nous arpentions le site et que nous rencontrions les membres affairés au démontage.
Malgré le bon succès de cette édition 2022, la présidente de l’association émet une palpable inquiétude, celle du futur.
Nous cherchons de la relève, ça vous pouvez l’écrire,
reconnaît-t-elle avec un sourire et en ajoutant que des successeurs au comité actuel ne se présentent pas pour l’instant au portillon. Toutefois, Emmanuela Minisini tempère son propos. Avant le comité en place, les précédents songeaient à la même problématique et finalement une relève est venue. Sa certaine sérénité vient du fait que l’esprit de solidarité du collectif agit sur beaucoup de personnes qui, « spontanément», proposent leur aide, comme les producteurs et les acteurs de la région. Mais qu’est-ce que Hors Tribu au final ?
C’est un truc un peu meta où chacun y trouve son compte et sa définition,
estime Emmanuela Minisini, presque en haussant les épaules. La motivation de recommencer chaque année vient de cette envie de faire vivre culturellement une région et n’être pas les derniers à l’être.
Chaque année, il y a un petit doute,
conclut-elle, en soulignant que c’est de voir les gens contents « et trop heureux » qui motive l’association. Décidément, Hors Tribu n’est pas un festival comme les autres et tant mieux.
Gabriel Risold