Festival Trouble A
Des concerts majeurs, une affluence mineure
Le week-end dernier, la deuxième édition du festival Trouble A s’est déroulée à Fleurier. Si les prestations des artistes furent de haut vol, l’affluence ne fut pas celle espérée par les organisateurs, et ce en partie par une pluie et un froid peu engageants. De beaux souvenirs musicaux demeureront, mais le doute plane sur une future édition.
La météo n’aura pas « épargné » le festival Trouble A. Ce vendredi 13 septembre, tel était le constat de son directeur, Patrice Jeanneret, au moment d’annoncer un report de quelques minutes du début des concerts en raison d’une panne électrique sur la scène extérieure à la suite des intenses pluies de la fin de l’après-midi. Un imprévu pris avec jovialité par le groupe rock chaux-de-fonnier Seriously Serious et qui, malgré le retour des intempéries, assura un remarquable show devant quelques dizaines de courageuses et courageux munis de pèlerines ou parapluies.
Pluie et fraîcheur plus qu’automnal ont marqué la première soirée du festival, mais sans empêcher les artistes, comme le trio rock des Saint-Galloises de Velvet Two Stripes ou le duo pop genevois Stevans, de livrer des splendides performances musicales, malheureusement devant une affluence d’environ 300 personnes, principalement vallonnières. Des artistes qui ont salué la présence de ce public. « Franchement, cela n’est pas un temps à sortir », reconnaissait la Vaudoise d’adoption Fanny Leeb sur scène. Des conditions météo et la boue qui ont eu aussi raison du dernier concert extérieur des hard-rockeurs de Sideburn, finalement reprogrammé sur la scène couverte.
Prestations de haute facture
Samedi, bien que les nuages se soient dissipés au-dessus du terrain des Lerreux de Fleurier, c’est toujours une température très frisquette qui accompagna les 400 festivaliers environ et les artistes.
Leurs prestations furent de haute facture, à l’image de l’autrice-compositrice-interprète Sophie de Quay qui réserva un duo surprise avec la Neuchâteloise Angie Ott au public bravant les 5 degrés extérieur, du supergroupe rock, Gotus, qui fit deux rappels devant une scène comble ou du groupe pop-rap What Rules et un dernier concert déjanté.
Pour la dernière journée du dimanche, sous un soleil revenu et une température quelque peu plus clémente, un public familial a progressivement afflué durant l’après-midi pour voir, notamment, les Fils du facteur faire rire et danser l’assistance, le groupe Tafta faire chanter les spectateurs ou encore le Suisse alémanique Nils Burri terminer son show dans la foule. Malgré ces concerts remarquables, les 600 personnes présentes demeuraient encore loin des attentes des organisateurs, environ 1500 personnes par journée. « Cette année on y croyait vraiment, mais on a eu une ennemie contre laquelle on ne peut rien, la météo », avance Patrice Jeanneret, à l’heure d’un bilan « à chaud ».
« Trop ambitieux tout de suite ? »
Selon le directeur du Trouble A, l’objectif fixé était d’attirer 1200 personnes par soir pour être à l’équilibre, soit ce qui a été atteint sur l’ensemble des trois jours. Pourtant, les organisateurs étaient satisfaits des 600 pass 3 jours prévendus. « Les éléments naturels ont découragé certaines personnes », regrette Patrice Jeanneret, en ajoutant que la météo a eu aussi son influence sur les consommations. « Un domino négatif s’est mis en place », poursuit-il. Néanmoins, même sans la malchance météorologique, l’affluence espérée n’aurait pas été atteinte. Programmation, concept, ampleur des infrastructures, dates ou prix sont des éléments entendus pour expliquer ce constat.
« Est-ce que l’on a été trop ambitieux tout de suite ou trop voulu bien faire ? », s’interroge-t-il. « Notre réflexion au comité était de se démarquer par la programmation de grande qualité et la taille de l’événement ». Le directeur du festival évoque aussi une méconnaissance du public de la scène musicale suisse, et surtout suisse alémanique, et cite en exemple Nils Burri, « star » outre-Sarine, mais inconnu pour la majorité des spectateurs de ce week-end. « C’est probablement le gros problème », avoue-t-il. Enfin, Patrice Jeanneret reconnaît que les styles musicaux proposés ont été questionnés au sein du comité d’organisation. « Mais est-ce qu’avec plus de hip-hop ou d’électro, le jeune public serait-il plus venu ? », dit-il, dans l’expectative.
« Frustration » mais « un peu de fierté »
Alors que la deuxième édition du festival vient à peine de se clôturer, son directeur fait face à un mélange de sentiments. « Il y a de la frustration et une note de découragement, je l’avoue », explique Patrice Jeanneret. « Mais aussi il y a un peu de fierté. » Il relate qu’à nouveau, il n’y a eu que des compliments sur les infrastructures, les concerts et que les artistes ont apprécié l’accueil et la qualité des équipements. « Il n’y a eu aucun couac et aucune défection d’artistes », relève-t-il, notant leur plaisir à se produire à Trouble A.
Également, Patrice Jeanneret souligne le travail incroyable des bénévoles qui ont œuvré « avant, pendant et après » le festival pour le confort des festivaliers. Désormais, ce sont les questions financières qui seront à l’ordre du jour. « Il faut être objectif, on sera dans le rouge », reconnaît le directeur du festival, qui va « reprendre son bâton de pèlerin » auprès des créanciers du festival. Une situation analogue à celle de l’année dernière. Patrice Jeanneret estime à 20% de chance que l’histoire se poursuive. Artistiquement parfait, Trouble A sera fixé sur son potentiel avenir au mois de novembre...
Gabriel Risold