Film Caroline Hills
Jour de tournage dans les murs du Courrier
Samedi matin, la brume est tout juste levée quand le drone de l’équipe de tournage du film vallonnier « Caroline Hills » survole le bâtiment du Courrier. À Fleurier, la quiétude matinale contraste avec l’agitation ambiante autour du bâtiment de la Place-d’Armes. Plusieurs scènes importantes doivent être tournées dans la journée et tout se met gentiment en place. Personne ne le sait encore mais c’est parti pour cinq bonnes heures de tournage. Et ça tombe bien, on y était !
S’il est impossible de vous révéler la teneur exacte des images, on peut déjà vous dire que les murs du Courrier du Val-de-Travers hebdo ont commencé à parler ! C’est ici, dans ces murs, que des réponses vont être trouvées dans l’affaire de disparitions répétées de randonneurs dans la région. L’intrigue du film vallonnier Caroline Hills s’enrichit de lieux emblématiques du Vallon, forts d’histoires et de secrets en tous genres. Au Courrier, l’équipe de tournage a été servie car toute l’actualité vallonnière a passé les portes de la bâtisse de la Place-d’Armes depuis 1854. « C’est une chance énorme que de pouvoir filmer ici. C’est génial et on remercie vraiment le Courrier et le couple Rota de nous avoir confié leurs murs durant quelques heures », reconnaît le réalisateur José Luis Segura.
De grands moyens matériels
Drones, caméras sur rails, steadicam pour apporter du mouvement à l’action, rien ne manque pour capturer au mieux les images qui feront partie de ce long métrage dont la sortie est prévue en 2025. Scène après scène, la rédaction du Courrier et les machines de l’Imprimerie Montandon servent de décor à l’intrigue. Votre « serviteur » Kevin Vaucher a volontiers accepté le rôle qui lui a été proposé par l’équipe de Caroline Hills. Les graphistes du lieu, Garance Landry et Caroline Karakash, ont concocté quelques faux articles, judicieusement glissés dans les archives, pour servir et nourrir l’histoire. « Les deux équipes ont vraiment eu une excellente collaboration et c’est super agréable de voir que nous sommes soutenus dans cette aventure », continue le réalisateur.
Pourquoi les films français sont-ils chiants ?
Pour ce qui est des dialogues, rien n’a été fixé à l’avance. Ce n’est pas du « appris par cœur ». « Je laisse volontairement la place à l’improvisation dans le but de faire plus naturel à l’écran. » José Luis Segura donne les grandes lignes et les acteurs du jour brodent quelque chose là autour. Les scènes sont simples et les directives claires. Tout va assez vite mais il faut souvent reprendre les mêmes gestes et les mêmes mots pour tourner plusieurs fois la scène. Deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois ! « Il faut avoir suffisamment de contenu pour varier les angles de caméra et apporter du dynamisme à notre film. On entend souvent dire que les réalisations françaises sont un peu chiantes. Ce n’est pas si mauvais mais il manque juste de rythme. »
Le mystère de la bouteille d’eau
En parlant de rythme, je prendrais bien un peu d’eau car cela fait trois heures que nous avons commencé. Pendant que le directeur Duilio Rota fournit quelques éléments d’histoire aux membres de l’équipe, je me désaltère et pose ma bouteille sur le bureau. Le preneur de son et assistant réalisateur Alexander Lantigua bondit alors pour se saisir de la bouteille. « Elle n’était pas sur la table lors des prises précédentes, il faut la retirer, sans quoi nous devrons expliquer aux spectateurs comment une bouteille d’eau est apparue par magie sur ton bureau, entre deux coupes », se marre-t-il. Pas bête, effectivement. Il a l’œil Alexander ! Lui qui travaille dans la fibre optique au quotidien. ça fuse ! Faisons grâce au public du mystère de la bouteille d’eau et continuons plutôt à approfondir celui du film.
Dans le vieil ascenseur du Courrier
Les caméras empruntent désormais le vieil ascenseur du bâtiment. Celui-ci mène jusqu’aux archives. Une mine d’or qui retrace 170 ans de vie au Val-de-Travers. L’espace est restreint et les conditions de tournage se compliquent. La luminosité est difficile. « Heureusement, la pénombre ajoute un ton mystérieux à la scène », tempère José Luis Segura. La fatigue est présente et les ventres sont toujours vides. Mais tout le monde tient la concentration pour sortir les dernières séquences.
Il est 14 h 30 quand le tournage se termine. Il ne reste plus qu’à ranger le matériel pour le ressortir le lendemain dans les gorges. Le film va encore se muscler avec l’apparition d’hommes en armes dans les forêts du Vallon. Les surprises ne font que commencer…
Kevin Vaucher