Foire d’automne de Couvet
La foire, on en parle ?
La foire d’automne de Couvet a beau avoir été autorisée, deux fois par année, par le roi de Prusse en 1711, elle n’a pas toujours eu un écho très franc dans les médias. Ceci s’explique évidemment par l’absence de moyens médiatiques dans le passé très lointain. Par la suite, les évolutions ont permis de relater un peu mieux ce qui se passe chaque dernier vendredi du mois de mai et d’octobre à Couvet.
Commençons par une précision importante. Jusque vers le milieu du 19e siècle, on appelait « presse » l’ensemble de la production imprimée. Le terme s’est ensuite affiné pour désigner collectivement les journaux et les périodiques. Ceux-ci ont pour ancêtres les feuilles volantes, inspirées par l’actualité et imprimées au gré des besoins sur une page unique. Elles sont apparues au début du 17e siècle en Europe. En Suisse, le développement n’a pas avancé au même rythme selon les régions linguistiques. Jusqu’au 18e siècle, le lectorat se limitait à une élite alphabétisée. Par ailleurs, une énorme censure était maintenue par les autorités.
1848 : liberté de la presse
La liberté de la presse a été inscrite dans la Constitution fédérale en 1848 seulement. Une presse très politique a alors vu le jour. À l’heure où les partis modernes n’existaient pas encore, elle a servi de vecteur d’opinions au sein de la population. Le but premier de ces journaux était propagandiste, on se souciait donc peu de ses réalités économiques. La commercialisation de la presse est intervenue dans les années 1870 en Romandie. De 1830 à 1870, quelques 200 journaux y ont ainsi vu le jour. Il en reste bien peu sous leur forme initiale aujourd’hui et le Courrier du Val-de-Travers hebdo demeure l’un des plus anciens encore en activité. Pour rappel, il a été créé en 1854.
Alors, on en parle de la foire ?
Ce rappel historique permet maintenant de nous pencher plus directement à l’intérieur du Courrier. Grâce à nos archives, qui cherchent toujours à être numérisées, nous avons voulu savoir comment la foire d’automne de Couvet était « couverte » par les journalistes d’alors. Nous avons donc ouvert les Courrier de 1974 (il y a 50 ans), de 1979 (45 ans) et de 1999 (25 ans). Surprise : mises à part les annonces en lien avec la manifestation, il y avait peu, voire carrément rien, à se mettre sous l’œil. Au mieux, le « reportage » se limitait à une photo et à quelques lignes « bateaux » de ce type : « Il faisait un beau temps d’automne, les marchands ont fait de bonnes affaires et les Vallonniers étaient fort nombreux à arpenter la Grand-Rue ainsi que la place des Collèges. »
Agression et coups de feu aux Bayards
Mouais, c’est décevant, on est d’accord ! Du coup, on a laissé dériver notre regard sur d’autres pages et nous sommes tombés sur deux à trois pépites qu’on ne peut s’empêcher de partager avec vous. Ainsi, on apprenait notamment qu’une agression avait eu lieu et que des coups de feu avait été entendus en 1979 aux Bayards. L’article fait mention de « gitans français » qui ont fait signer un chèque de 500 francs à un agriculteur, sous la menace d’un couteau. Dans le même village, une femme a entendu une détonation en rentrant chez elle et une trace de balle a été retrouvée sous son véhicule. La police excluait l’hypothèse d’une balle perdue tirée par des chasseurs.
Des truites sous narcose
Toujours à cette époque, le Courrier titrait « truites sous narcose ». Photo à l’appui, on y relatait le baguage de 3400 truites à la pisciculture de Môtiers. Cette action avait pour but de tracer les déplacements des truites afin de savoir si elles terminaient dans les rivières de la région ou dans les lacs (les truites étant relâchées ensuite dans l’Areuse). Ce sont les pêcheurs qui avaient la tâche d’envoyer la bague à l’inspectorat de la pêche lorsqu’ils avaient capturé l’une de ces truites. Il est précisé que le baguage n’avait pas été douloureux puisque pratiqué sous narcose. On apprend aussi que l’idée d’un hymne du Val-de-Travers avait été soumise à la population pour un Fleurisan souhaitant garder l’anonymat. Sa proposition l’a finalement rejoint dans l’anonymat. Bref, on vous souhaite de tomber sur d’aussi jolies « perles » (d’époque ou non), ce vendredi, à la foire d’automne de Couvet. Partez à la découverte, c’est si bon !
Kevin Vaucher