Frédéric Mairy
Un candidat à la force tranquille
Cette semaine, la chancellerie de l’état de Neuchâtel publiait la liste des candidats à l’élection pour le Conseil d’état. Parmi les 21 noms, celui du conseiller communal de Val-de-Travers, Frédéric Mairy. Rencontre et portrait avec le candidat du Parti socialiste.
Avec le beau temps de ce mardi après-midi, le conseiller communal propose de s’installer à l’extérieur. Idée judicieuse qui permet un entretien à distance et sans masque.
Je pense que c’est une évolution naturelle,
constate d’emblée Frédéric Mairy, lorsqu’on l’interroge sur sa candidature. Celui qui a été désigné candidat à l’unanimité le 23 janvier dernier lors du congrès du Parti socialiste neuchâtelois (PSN) estime que le timing est bon pour se présenter à l’élection au Conseil d’État. Ainsi, sa réflexion fut assez rapide et motivée par le sentiment de pouvoir apporter ses qualités à un échelon politique supérieur.
Certes, conseiller d’État, c’est une autre dimension, mais je pense que mes compétences peuvent être utiles à l’évolution de notre canton ,
expose-t-il, assis à la table de pique-nique devant le bâtiment communal de la rue des Collèges de Couvet. Compétences que Frédéric Mairy exerce à l’exécutif de Val-de-Travers depuis huit ans et à la présidence de l’Association des communes neuchâteloises depuis 2016.
Une grande expérience communale
Auparavant, Frédéric Mairy a siégé au Conseil général de Travers et à celui de la commune fusionnée. Il était même le premier « étranger » à siéger au Conseil général dans le canton, alors qu’il est natif de celui-ci. Un solide parcours politique mais uniquement communal en raison de son passeport belge.
À ce moment-là, la question ne se posait même pas ,
rigole le désormais double national, sous le soleil tiède de fin d’après-midi. Cette absence de cursus politique au niveau cantonal n’effraie pas Frédéric Mairy.
C’est un léger manque de visibilité, mais cela fait partie du jeu ,
concède-t-il, en soulignant que tous les candidats seront confrontés à ce défaut en raison des mesures sanitaires. En effet, les événements traditionnels de campagne seront remaniés afin de les respecter. Ainsi, des « Facebook lives » remplaceront quelque peu les stands de fin de semaine.
Malheureusement, la convivialité des rencontres sera moindre,
regrette le chef du dicastère de l’économie, des finances et de la cohésion sociale. Un léger crève-cœur pour l’élu qui apprécie le contact avec la population et les électeurs.
Succéder à Jean-Nat Karakash?
Une campagne qui aura pour objectif de maintenir les trois sièges socialistes au Conseil d’État et pour Frédéric Mairy de succéder à un autre Vallonnier : Jean-Nat Karakash.
Je lui ai succédé à la commune, alors pourquoi pas ?
plaisante le seul candidat habitant le Val-de-Travers. Même si l’exécutif cantonal œuvre pour l’ensemble du canton, le conseiller communal souligne qu’une diversité des lieux de résidence des conseillers d’État est toujours une richesse. D’ailleurs, il a constaté de nombreux mots de soutien des habitants du Vallon depuis qu’il est candidat. Des attentions quotidiennes qui l’ont agréablement surpris et le confortent dans sa décision de viser l’exécutif cantonal, et ce même à la suite de sa réélection au Conseil communal.
Cependant, plus que la voix des régions périphériques, Frédéric Mairy veut porter ses valeurs au Conseil d’État pour affronter les défis sociaux, écologiques et économiques à venir. L’élu communal est très attaché à la question écologique et celles corollaires de la mobilité, de l’assainissement du parc immobilier ou de l’énergie. Une problématique climatique qui impactera aussi le secteur économique. Selon Frédéric Mairy, l’état doit assumer ses responsabilités pour un canton prospère tout en étant ouvert, solidaire et inclusif pour chacun et chacune. De grandes et enthousiasmantes valeurs qui pourraient se heurter au contact d’une certaine « Realpolitik ». Toutefois, de son patronyme scout, « Caribou volontaire », Frédéric Mairy reconnaît avoir certainement conservé l’adjectif.
Une jeunesse vallonnière
Le Val-de-Travers, Frédéric Mairy l’a sillonné et le connaît presque par cœur. Né à Fleurier en 1973 de parents belges, son père, instituteur, était venu enseigner en Suisse, il a grandi à Buttes, habité Môtiers puis Travers. Sa famille était « peu politisée », mais s’investissait bénévolement et grandement dans le milieu associatif. Un investissement pour la collectivité qui demeure central pour ce père de trois enfants, aujourd’hui adolescents, et qui vit avec eux et sa compagne à Couvet, désormais. Avec cette éducation éloignée de la politique, se rappelle-t-il quand est né son intérêt pour celle-ci ? « Ce n’est pas « à peu près », je peux vous dire exactement quand », sourit-il. Après avoir étudié à Neuchâtel, des études en communication et en publicité le conduisent à Strasbourg. En Alsace, au contact d’une grande ville et d’un nouveau contexte, l’étudiant d’alors découvre une autre réalité, se nourrit de nouvelles lectures et approfondit ses réflexions. Quelques années de vie à Paris renforceront aussi ses convictions et sa volonté d’agir pour la chose publique.
Ancien journaliste à L’Express et à L’Impartial, Frédéric Mairy a également collaboré pour le Théâtre du passage comme chargé de communication puis directeur adjoint. Preuve du grand intérêt pour la culture qui anime ce « lecteur compulsif » qui a aussi publié deux ouvrages aux éditions d’Autre Part et Slatkine. Mais l’horizon de Frédéric Mairy n’est pas que littéraire et culturel, il pratique la course à pied, la randonnée et le tennis. également, le candidat du Parti socialiste prend volontiers place derrière les fourneaux pour y laisser s’exprimer son imagination. Au menu, des mets variés, mais sûrement pas de cuisine politicienne…
Gabriel Risold