Frelon asiatique
Les apiculteurs appellent la population à la vigilance
Depuis un peu plus d’un mois, Marco Ventrici, président de la société d’apiculture du Val-de-Travers, a capturé plusieurs frelons asiatiques dans le cadre d’une étude qu’il mène actuellement. Lui et son comité appellent la population à la vigilance pour repérer l’insecte ou la construction de nids.
« On pensait que des frelons asiatiques seraient capturés, mais pas autant », reconnaît d’emblée Marco Ventrici. Avec la collaboration d’une dizaine d’amis apiculteurs du canton, le président de la Société d’apiculture du Val-de-Travers (SAVDT) a attrapé plus d’une vingtaine de spécimens de l’espèce, dont une quinzaine au Val-de-Travers, depuis le début du mois d’avril. Tous sont des reines fondatrices, soit qui seront à l’origine de la création d’un nid primaire. Ces captures ont été réalisées dans le cadre d’une étude menée par Marco Ventrici pour son brevet fédéral d’apiculteur. Celle-ci vise à établir la sélectivité du processus de piégeage des insectes et se déroule avec un protocole de recherche soutenu par le Cabi, un organisme international visant, notamment, à étudier et lutter contre les espèces invasives.
L’apiculteur de Couvet n’a jamais prôné l’usage de pièges pour protéger les ruches du frelon asiatique. Néanmoins, la progression rapide, l’année dernière, de l’hyménoptère étranger l’a motivé à lancer une étude, sur une année, sur dix sites dans le canton. « Il y a peu d’études documentées et réalisées avec un protocole sur le sujet », relève Marco Ventrici, en notant que certainement la pratique ne sera pas l’unique réponse à opposer à l’espèce. Son étude a pour objectif de déterminer si certains pièges, tous fonctionnant sous le principe de la nasse, peuvent capturer uniquement les frelons asiatiques tout en laissant la possibilité aux autres insectes de s’échapper. « Si pour protéger nos ruches, il faut détruire la biodiversité, cela n’a pas de sens », estime-t-il.
Agir maintenant
Au-delà de l’étude menée par le président de la SAVDT, l’ensemble de son comité est alarmé par le nombre de prises après seulement un mois d’étude. « Depuis deux ans, les apiculteurs sont au courant du problème, mais désormais il faut aussi sensibiliser la population », estime Stéphanie Bürri, membre du comité de la SAVDT. Elle rappelle que cette dernière a son rôle à jouer pour débusquer l’insecte nuisible. « Pour construire son nid primaire, le frelon peut utiliser l’avant-toit d’une maison, d’un cabanon de jardin ou un interstice dans un tas de bois », explique-t-elle, en intimant à chacun de contrôler régulièrement les pourtours de son chez-soi. Membre du comité de la SAVDT, Liam Menoud ajoute que des espaces protégés, fentes dans des murs ou entre des toitures, peuvent constituer des lieux de création de nid primaire du frelon asiatique.
Primaire, car une fois établie, une colonie construira un nid secondaire plus important, généralement en hauteur dans une cime d’arbre par exemple. Alors qu’un nid primaire peut compter une cinquantaine d’individus et une reine, un nid secondaire peut être composé de plusieurs milliers de frelons et donner naissance à plusieurs centaines de reines qui essaimeront l’année suivante. La destruction d’un nid primaire exige ainsi moins d’investissement matériel, humain et financier. « Avec les températures clémentes, la construction des nids primaires devrait commencer maintenant », remarque Stéphanie Bürri, en soulignant l’importance de trouver ceux-ci le plus vite possible.
« Il faut que tout le monde soit en éveil »
Les apiculteurs du Val-de-Travers appellent ainsi la population à être vigilante en surveillant l’extérieur de son habitation pour voir si un nid est créé. « Plus il y a d’yeux qui cherchent, mieux c’est », note Liam Menoud, convaincu que localiser et détruire ces premiers nids est primordial pour juguler l’espèce. Si un nid ou un frelon asiatique (noir avec une extrémité arrière et des pattes jaunes, et non rousses comme au frelon européen) devait être observé, ils préconisent de le signaler sur frelonasiatique.ch, où vidéo ou photo peut même être envoyée comme preuve. Les référents de la région sont ensuite délégués sur place pour confirmer la présence de l’espèce.
Même si, pour l’instant, l’impact du nuisible reste limité au niveau cantonal, certains apiculteurs, notamment au Vallon, ont subi de fortes prédations l’année dernière. Le frelon asiatique attaque les abeilles pour nourrir ses larves, mais pas uniquement, tout autre insecte peut constituer une proie. En cas de prolifération, il sera un défi global. « Ce n’est pas seulement le problème des apiculteurs, c’est une menace pour la biodiversité et à terme aussi un problème sanitaire pour les métiers de paysagiste ou de forestier-bûcheron », exposent les membres du comité de la SAVDT, en renouvelant leur appel à la vigilance de la population. « Il faut que tout le monde soit en éveil », estiment-ils.
Gabriel Risold
Informations et signalements :
www.frelonasiatique.ch/fr/