Handicapée moteur, elle parcourt 150 kilomètres à pied jusqu’à Berne
Du Creux du Van à Berne, il y a quelque 150 kilomètres en passant par Travers, Rothel, La Sagne, La Vue-des-Alpes, Savagnier, Enges, Le Landeron, Ins et Kerzers notamment. En voiture, c’est compliqué. En marchant, c’est difficile. Alors imaginez le faire sur des béquilles en raison d’un handicap moteur qui rend votre équilibre précaire. C’est exactement la mission que s’est donnée Cindy Taramarcaz ! Le plus drôle dans tout ça, c’est qu’elle… déteste marcher !
Parcourir 150 kilomètres à pied alors qu’on n’aime pas marcher, pourquoi faire ça, vous demandez-vous sûrement ? Bonne question ! « J’aime avant tout aider les gens, c’est ce qui me fait avancer dans la vie. Vous savez, j’ai perdu ma maman de cœur il y a 4 mois et je n’ai pas pu me préparer comme je l’aurais souhaité. Pourtant, j’ai tenu à aller au bout de cette aventure malgré tout. Je pense que c’est plus fort que moi », dit celle qui ne se sépare jamais de sa petite chienne Leya.
Près de 15’000 francs récoltés en 2022
En 2022 déjà, cette Valaisanne avait pris chaussures et sac à dos pour relier son village d’origine au Creux du Van. Ce périple de 210 bornes lui avait permis de récolter près de 15’000 francs pour une association venant en aide à des enfants de Madagascar. Cindy Taramarcaz a ressorti son matériel pour aider une nouvelle association. Il s’agit de la fondation Le Copain qui éduque des chiens d’assistance pour les personnes en situation de handicap. Chacun peut faire un don, via Twint notamment, sur le site internet de la fondation avec la mention « Handi Trekking ».
Une nuit au chalet du ski club
Le 1er août dernier, la jeune femme de 35 ans est partie de là-même où s’était soldée sa dernière aventure : sur le cirque rocheux du Vallon.
« Je veux rejoindre Berne en un mois si possible. Je compte avancer de quatre à cinq kilomètres par jour. Cela dépend du moral, de la forme et des conditions météo. »
Au matin du jeudi 8 août, nous l’avons retrouvée du côté de La Sagne où elle venait de passer la nuit au chalet du ski club. C’est grâce à la famille de la locale Nathalie Bracher que la marcheuse au grand cœur a pu avoir un toit pour la nuit. « Ce petit bout de femme me touche tellement. Je me suis beaucoup attachée à elle », confie celle qui l’a prise sous son aile le temps de quelques jours.
Accompagnée au gré des rencontres
L’habitante de La Sagne s’est occupée de la logistique de la marcheuse durant deux à trois jours. En cas de chemins difficiles ou de fortes chaleurs comme c’était le cas ces derniers jours, Cindy Taramarcaz apprécie que son « sac-remorque » de 15 kilos soit acheminé vers son prochain point d’arrivée par exemple. Il était situé à La Corbatière ce jour-là. Mis à part le point d’arrivée final, rien n’est planifié et tout se fait au jour le jour.
Il arrive que des personnes l’accompagnent l’espace de quelques pas afin de lui tenir compagnie et de l’encourager. Une amie et son chien étaient présents le 8 août sur les routes surchauffées de La Sagne. « Quand je vois ce qu’elle fait, il n’y a qu’un mot à avoir, c’est respect », confiait cette suiveuse d’un jour. Alors terminons sobrement avec un profond : respect !
Kevin Vaucher