Il y avait un bibelot là…
« Il y avait un bibelot là, il y avait un bibelot… Je vous l’ai dit, c’est un formidable professionnel ». Certains auront peut-être reconnu ce passage référence du film « Le dîner de cons ». Eh bien samedi, il n’y avait pas de cons mais passablement de bibelots et d’autres articles de seconde main lors de l’ouverture exceptionnelle du bric-à-brac du Cora, entre 10 h et 17 h. Il y avait aussi des professionnels pour accueillir, conseiller et être à l’écoute des « gens de passage ». Dans ce lieu de vie, les réalités parfois acides du quotidien ne sont pas ignorées, elles sont simplement adoucies et apaisées.
« Le bric-à-brac du Cora fonctionne très simplement. Des personnes nous amènent des objets dont ils n’ont plus besoin et nous les revendons à prix très bas comme articles de seconde main. Pour être plus précis, on réceptionne, on trie, on stocke et on donne plus loin ce qui ne peut pas être vendu (Texaid,…). Ah, et on jette aussi un œil dans les rayons car on a remarqué qu’il y avait de plus en plus d’objets qui avaient tendance à disparaître. » En quelques mots, la gestionnaire du bric-à-brac, Corinne Boillat, a parfaitement résumé l’utilité de cet espace. Une utilité qui se confirme chaque jour qui passe.
Seconde main, première nécessité
« La seconde main marche vraiment de mieux en mieux depuis deux à trois ans. Je pense que l’inflation actuelle pousse aussi une partie de la population à se tourner vers ce type de solution pour soulager son porte-monnaie. » Il serait intéressant d’en connaître les causes exactes mais il est probable que l’augmentation des vols, même dans les magasins à prix réduits, soit corrélée avec la diminution en flèche du pouvoir d’achat dans notre pays. « C’est sans doute une des explications. Peut-être que certains viennent se faire la main ici avant d’aller voler dans les grandes surfaces, plus surveillées. » Bref, revenons-en à nos moutons Monsieur Cheval (autre référence filmographique).
ça sentait le sapin ?
On ne peut pas dire que ça sentait le sapin avant que le bric-à-brac ne déménage à la rue du Patinage 1 mais presque : « Nous avons quitté nos locaux de la rue du Sapin en fin d’année 2020 et on a vraiment gagné au change. Nous avons une belle surface qui nous permet d’exposer un large choix d’articles (vêtements, livres, vaisselle, meubles, déco,…). » En plus du grand espace du rez-de-chaussée (en entrant au Cora, à gauche), il y a encore une grande chambre avec des objets pour enfants et ados à l’étage. Bon nombre de jeux et de jouets y trouvent une deuxième vie. Samedi, l’affluence a été bonne bien qu’un peu poussive dans la matinée.
À la force des poignets
« Nous avons eu un peu moins de monde que l’année dernière puis il y a eu un meilleur afflux dans l’après-midi », se réjouit Corinne Boillat. Des objets dont tout le monde semblait ignorer l’usage ont même trouvé des acheteurs. C’est notamment le cas de cette boule d’entraînement qu’il convient de prendre dans sa main et de la faire tourner pour muscler ses poignets. Un jeune homme est reparti avec, en se chauffant joyeusement les poignets sous la pluie. Le bric-à-brac a également tenu à faire une place à EcoVal avec qui il collabore régulièrement. « Cette structure favorisant le retour à l’emploi reconditionne et rénove notamment des vieux meubles. Nous avons fait un peu de place pour qu’elle puisse proposer quelques pièces restaurées. »
Des bras recherchés pour de la seconde main
Une table et ses quatre chaises étaient déjà vendues avant midi et un beau bureau faisait de l’œil à pas mal de visiteurs. En revanche, un énorme paravent, élaboré avec des milliers de paquets de cigarettes, ne semblait pas vouloir prendre la tangente. « Il est sûrement beaucoup trop grand. Ce serait plus adapté pour un restaurant. »
Avis aux amateurs restaurateurs qui ont l’esprit suffisamment taquin pour ajouter cette « pièce de musée » qui rappelle sans le dire qu’il était possible de torailler dans les restaurants il y a une dizaine d’années encore. Et pour les bibelots (car il y avait bel et bien un bibelot là…), le bric-à-brac recherche quelques paires de bras d’hommes solides pour porter du lourd au moins une fois par semaine. Des bras pour de la seconde main, ça se tient…
Kevin Vaucher