Inside Val
Des coups de feu entendus au Breuil
La quiétude d’une journée d’automne qui s’installe, la forêt et le calme de la nature. À la faveur d’une route cabossée, je chemine vers un endroit où peu de personnes se risquent à traîner. Un lieu isolé où il ne fait pas bon venir tout seul. C’est tellement loin de toute autre habitation qu’il pourrait se passer toutes sortes de choses dans cette « maison perdue» et personne ne le saurait. Lorsque j’arrive enfin au but, deux coups de feu retentissent. On se croirait dans un film…
Lorsque je lève la tête, j’aperçois un groupe de personnes en train de se congratuler. Ils regardent tous dans la même direction : celle de la caméra qui a filmé toute la scène. « Bravo, c’était parfait, tu étais parfaitement dans le bon tempo et on voit bien le mouvement quand tu recharges le fusil. La scène est bonne, on passe à la suivante. » Au temps pour moi, nous sommes bien dans un film ! Plus précisément celui de Jose Luis Segura. Nous vous en avons parlé en exclusivité il y a quelques semaines.
Ambiance pesante
Une équipe vallonnière a décidé de tourner un film d’horreur entièrement dans la région. Des clins d’œil aux hauts lieux du Vallon s’enchaîneront à l’écran au fur et à mesure que l’entité maléfique « Sulpy » terrorisera les randonneurs dans nos forêts.
En ce dimanche après-midi d’octobre, une douzaine de membres de l’équipe sont présents au Breuil, au-dessus de Fleurier pour véritablement commencer la captation des images. Le vent est frais et la luminosité assez réduite. « Des conditions parfaites pour créer une ambiance pesante et mystérieuse », se frotte les mains le directeur artistique Antonio Dias.
Des images valorisantes pour la « pire commune de Suisse »
Drones, grosse caméra sur pied, micro ultrasensible, bref le matériel est de qualité professionnelle même si l’équipe du film se veut « amateur ». C’est le premier film du réalisateur Jose Luis Segura qui compte sur des acteurs et des actrices majoritairement issus de sa famille et de ses proches. Le tournage a commencé mais le budget n’est pas encore bouclé. La recherche de fonds se poursuit et les premiers retours sont encourageants. « Le concept du 100% vallonnier plaît aux entreprises et aux gens d’ici. On sent que ça interpelle et que cela suscite de l’intérêt. » À l’heure où le Val-de-Travers est cité parmi les pires communes de Suisse dans certaines « études » alémaniques, cette mise en avant dynamique du Vallon tombe plutôt à pic.
Tournage jusqu’à Noël
Le réalisateur et les autres membres du staff du film Caroline Hills sont très à cheval sur toutes les images qui seront publiées. « On veut montrer des lieux emblématiques sous des angles peu connus pour les mettre en avant et apporter du corps à l’ambiance de notre film. Les drones nous offrent de super plans, vous verrez. » Les tournages vont se poursuivre ces prochaines semaines jusqu’à Noël environ. Ce dimanche d’octobre, c’est une scène bien glauque qui est tournée. « Sulpy » tente de s’en prendre à deux petites filles et la famille réplique en sortant le fusil. Ceci explique donc les coups de feu entendus précédemment. Chaque scène est tournée plusieurs fois et sous plusieurs angles. Ce qui allonge passablement la journée.
Une tronçonneuse dans la voiture au cas où…
Débutée à midi, elle prendra fin aux alentours de 19 heures ce jour-là. Heureusement, pas de risque de déranger les voisins du côté du Breuil où seul le menuisier Olivier Favre habite. Il laisse généreusement l’équipe du film tourner chez lui et dans son jardin. Un bel écrin mais pas facilement accessible. Le chemin étant pour le moins piégeur, l’équipe a été emmenée sur place en plusieurs trajets avec un véhicule adapté. Il y a quelques jours, Olivier Favre a eu la surprise de voir deux arbres obstruer le passage lorsqu’il partait travailler de bon matin. Enfin, ce n’était pas vraiment une surprise pour lui : « Avant de partir, j’ai demandé à mon fils de charger la tronçonneuse car le vent a soufflé fort durant la nuit. J’ai eu fin nez. » Et au pire, avec « Sulpy » dans les parages, la tronçonneuse n’aurait de toute façon pas été de trop.
Kevin Vaucher