Jessica Alves: une revanche en musique!
« Tu es une fille qui n’arrivera à rien dans la vie, tu es beaucoup trop agitée ! » Voilà comment plusieurs personnes ont réagi à l’hyperactivité de Jessica Alves lorsqu’elle était petite. Au lieu de lui faire mal, ces critiques lui ont apporté la force de se battre pour montrer l’exemple à ses deux petites sœurs. Si elle a pratiqué la lutte quelque temps, c’est avec la douceur d’un piano que la Fleurisane a rendu les coups. Touche après touche, marche après marche, la jeune fille de 18 ans a élaboré sa revanche jusqu’à décrocher deux prestigieux prix le 27 octobre, au pied de la Tour Eiffel.
Si la vie de Jessica Alves était une musique, elle n’aurait pas un rythme classique. Dès ses premiers pas, la cadence a été très intense, presque frénétique ! Hyperactive, la petite fille trouve alors dans la musique un environnement capable de la canaliser et de la cadrer. Rapidement aussi, elle se trouve un but : « J’ai commencé le solfège à 6 ans et j’ai eu un coup de cœur pour le piano une année plus tard. Ma maman Sylvia écoutait beaucoup de morceaux de piano et cela a sans doute influencé mon choix. Surtout, j’adorais une musique du film Twilight (River flows in you) et je voulais être capable de la jouer au piano. » Un pari qu’elle a réussi vers l’âge de 9 ans, là où aucune de ses camarades d’école de musique n’avait atteint le niveau requis pour le faire.
L’envie de tout arrêter à 12 ans
« Ce morceau m’a réellement motivée à continuer dans la musique. J’ai vu que je savais faire quelque chose de mes doigts et j’avais très envie d’apprendre pour aller plus loin. » Mais la « musique de vie » de Jessica a vu son rythme ralentir et connaître un premier creux à 12 ans. « Ma prof de piano m’a subitement laissé tomber en quittant l’école de musique de Pontarlier. Cela a été un gros coup dur pour moi et je voulais tout laisser tomber. C’est ma maman qui m’a poussée à ne pas abandonner. » Loin de s’éteindre, la flamme de Jessica a véritablement commencé à devenir ardente et sa musique de vie est allée crescendo. Plus rien ne pouvait entraver sa montée en puissance. Sa nouvelle professeure, Coralie Curtit, est très exigeante. « Le feeling passait bien mais elle ne rigole pas avec la discipline. J’ai beaucoup pleuré mais je me suis accrochée. »
« Un ange gardien qui m’a sauvée »
La Vallonnière poursuit : « Moi qui aimais jouer avec mon âme, j’ai dû apprendre à rester concentrée sur la technique. J’ai compris à mesure qu’elle était comme cela avec moi car elle croyait en moi. Aujourd’hui, je la considère comme mon ange gardien. C’est elle qui m’a sauvée et qui a sauvé ma passion pour le piano. Je lui en suis très reconnaissante. » Sur le plan régional, Jessica rafle tout, année après année. Les jurés vont jusqu’à lui dire, avec humour, qu’elle devrait venir aux concours avec un sac, tellement elle remporte de prix et de trophées. En 2023, elle passe à la vitesse encore supérieure en glanant deux coupes de France lors du concours EMA de Paris. Cette compétition regroupe les meilleurs talents de toutes les écoles de musique françaises. Cette année, Jessica Alves a une nouvelle fois été sélectionnée pour y participer. Sur les 60 membres que compte son école, seuls quatre musiciens et musiciennes ont été choisis.
La reconnaissance arrive de Paris
Elle s’est « naturellement » qualifiée pour la finale parisienne lors de laquelle elle a remporté deux nouvelles coupes, en catégories « piano divertissement » et « piano jazz ». « Cela me rend fière car je ne me suis pas préparée durant quatre mois pour rien. Et surtout, j’ai pris une belle revanche en montrant que je n’étais pas une fille ‹ trop agitée qui n’arriverait à rien ›. Comment j’imagine la suite maintenant ? J’aimerais poursuivre le piano le plus longtemps possible car j’ai encore une belle marge de progression. Mais j’ai aussi des études devant moi et il n’est pas certain que je puisse rester habiter dans la région encore longtemps. » La pianiste de Fleurier terminera sa dernière année au Lycée Jean-Piaget de Neuchâtel dans quelques mois et elle se dirige vers un avenir dans le domaine de la santé. La « musique de sa vie » pourrait alors s’arrêter ou être mise sur pause. Mais ne parlons pas trop vite. C’est parfois quand on a l’impression que le son chuchote et est déclinant que le feu d’artifice musical éclate ! N’éteignez donc pas le son trop vite…
Kevin Vaucher