Kevin Vaucher
Nouvelle vague sur le Vallon
Rassurez-vous à nouveau, la nouvelle vague ne se réfère toujours pas à la pandémie. Il s’agit de la suite de l’opération transparence débutée la semaine passée. En effet, deux nouvelles « signatures » ont fait leur apparition dans votre journal ces derniers mois et nous vous les présentons. Second volet de cette présentation avec Kevin Vaucher (32 ans).
Gabriel (G) : Cette semaine, Kevin, nous inversons les rôles. Avec un patronyme comme le tien, difficile de dissimuler ton origine du Val-de-Travers, mais peut-on en savoir un peu plus ?
Kevin (K) : Oui, je suis un enfant du Vallon et je ne cherche pas à le cacher. J’en suis très fier. Dans ma jeunesse, j’ai aussi transité quelques années par La Chaux-de-Fonds, Le Crêt-du-Locle et La Brévine avant de revenir ici. L’ancien pasteur du Val-de-Travers, René Perret, étant mon « second papa » depuis 1997, je suis souvent passé par la cure de Môtiers où il habitait avec ma maman Chantal. Personnellement, je suis installé du côté de Buttes. Célibataire sans enfant, j’ai deux frères, trois demi-frères et une demi-sœur.
En fait, tu peux enlever le mot « demi ». J’aimerais aussi avoir une pensée pour des personnes très proches disparues très jeunes et qui ont aussi leur place à mes côtés.
G : Avant d’écrire pour le Courrier, quel a été ton parcours dans le journalisme ?
K : J’ai croqué dans la pomme du journalisme avant mes dix ans en créant un « journal » relayant les actualités de la région et traçant le portrait de quelques personnalités locales. C’était quelque chose que je faisais avec certains de mes frères et que nous distribuions à la famille et à quelques connaissances. Plus officiellement, j’ai fait plusieurs stages
– notamment à la RTS – et j’ai commencé à travailler dès le lycée pour payer mes études. J’ai fait très régulièrement des reportages puis j’ai pris des responsabilités dans le domaine de la communication auprès de certains gros clubs comme le HCC ou d’événements comme le plus grand tournoi de street-hockey au monde.
J’ai collaboré avec certaines fédérations nationales, j’ai produit du contenu pour différents journaux ainsi que des magazines spécialisés et je me suis aussi largement frotté au numérique et aux réseaux sociaux. Après mon certificat de maturité réussi et mon bachelor universitaire en journalisme et sciences humaines en poche, je suis notamment passé par Canal Alpha où je travaillais pour le journal télévisé et ArcInfo où je me suis éclaté dans un job local avec des sujets tout aussi locaux. J’ai également œuvré à la Ville de Neuchâtel où j’ai fait partie du Service de l’information et de la communication. Là, j’ai davantage planché sur ce qui avait trait à la culture et à la politique en étant au plus proche des conseillers communaux. J’étais aussi en charge du journal de la Ville qui sortait chaque semaine.
G : Kevin, ton expérience des médias et de la communication est d’une grande richesse. Je suppose que celle-ci influence le regard que tu portes sur le métier ?
K : Je n’idéalise nullement ce métier où les petites combines et les trahisons gangrènent bon nombre de rédactions. Personnellement, j’ai pris le bon et j’ai jeté le reste. Comme je n’ai jamais eu de mentor jusque-là, j’ai dû me battre pour survivre dans ce milieu. Et en règle générale, j’ai toujours dû me battre dans ma vie. Rien ne m’a été donné et c’est tant mieux, cela m’a grandement renforcé. C’est sans doute pour cette raison que j’ai une affection particulière pour ceux qui bataillent au quotidien, souvent contre plus fort qu’eux. à l’inverse, j’exècre la victimisation facile et la complainte constante qui sont toujours davantage mises en avant par la majorité des médias. Le « journalisme de bureau » qui consiste à reprendre des informations toutes prêtes et le « journalisme de masse » qui débouche sur la même information traitée de la même façon dans tous les médias me consternent aussi. Ce n’est pas comme cela que je perçois le journalisme personnellement.
G : Justement, quelle est ta perception du journalisme ?
K : J’aime l’investigation, la vraie. Pas celle qui consiste à fouiller dans les poubelles. J’aime les « petits journaux locaux » qui effectuent encore un travail utile pour faire briller les gens de leur région. C’est ça la vraie vie, c’est ça qui compte vraiment, c’est ça qui me fait vibrer aujourd’hui encore. Il y a un autre style de journalisme que je trouve précieux, c’est celui qui se fait en zone de guerre, au plus près des populations. Ayant effectué l’armée chez les grenadiers de chars avec spécialisation tireur d’élite (sniper), je pourrais aller en zone de combat mais les grands médias ne se donnent de toute manière plus les moyens d’offrir ce genre de reportages à leurs lecteurs. Le rôle d’éclaireur, qui fait la réelle nécessité de ce métier, se perd malheureusement.
G : Je constate que ta motivation d’écrire au quotidien est toujours présente. Quelle en est la raison ?
K : J’ai toujours préféré l’action au blabla et la recherche de vérité au jugement facile. Je ne juge donc pas les autres sur ce qu’ils sont ou ce qu’ils disent mais sur ce qu’ils font. Tenir un journal local, se battre tous les jours pour qu’il vive et qu’il se développe en y laissant ses tripes, voilà ce qui est un vrai combat et un vrai journalisme de terrain. Voilà ce qui fait aussi que j’ai infiniment plus de respect pour la famille Rota qui donne tout depuis des années pour son journal que pour des rédactions plus grandes à qui l’on donne plus mais qui font moins ou moins bien. C’est une source de motivation. Tout comme la recherche d’originalité plutôt que le buzz malsain et la valorisation plutôt que la dramatisation. C’est possible de le faire au « Courrier » et c’est aussi ce qui fait que j’adore travailler ici.
Pour moi, un article réussi c’est quand le journaliste arrive à s’effacer pour mieux mettre en avant le sujet qu’il traite et les gens qu’il rencontre. Parfois, certains me demandent si leur vie est si intéressante que ça pour mériter un article. C’est touchant et « énervant » à la fois car il y a tellement de gens qui se brident et n’osent pas croire en ce qu’ils font ou ce qu’ils sont, je trouve ça dommage. Alors je me fais une mission et une fierté aujourd’hui d’aller trouver toutes les pépites du Val-de-Travers et de vous les faire découvrir dans nos colonnes.
G : Après ces considérations professionnelles, peux-tu nous en dire plus sur tes centres d’intérêts personnels ?
K : J’ai plusieurs passions telles que certains faits politiques et historiques ainsi que la géopolitique. Mais le plus important de mes passe-temps, c’est le sport. Plus jeune, j’ai pratiqué l’athlétisme avec quelques finales suisses à la clé, j’ai aussi joué au street-hockey en LNA et participé à des mondiaux et des championnats d’Europe. Une médaille européenne me rappelle à ce bon souvenir. J’ai également essayé d’autres sports comme le hockey, le tennis, le foot ou encore le vélo. Et bien sûr le sport de combat et la course à pied. Depuis quelques bonnes années maintenant, je me suis spécialisé dans le marathon avec un certain succès (meilleur coureur « étranger » – non français – au marathon de Colmar 2018). Et je participe aussi à d’autres événements comme Sierre-Zinal ou le Swiss Canyon Trail. Je cours tous les jours entre quinze et trente-cinq bornes. Il y a donc de fortes chances que vous me croisiez un jour ou l’autre sur les chemins du Vallon. Au plaisir de vous y rencontrer.
Gabriel Risold