Société de tir
La Butterane, toujours d’attaque !
Depuis 2010, un jeune et entreprenant comité a décidé de refixer les cibles au stand de la société de tir « La Butterane ». Sans faire de bruit – ou un minimum le samedi matin –, il fait ainsi perdurer une belle histoire débutée en 1770. Soigner le passé et innover le présent tout en respectant la tradition, telle est sa conviction. Rencontre avec les nouveaux gardiens toujours d’attaque de cet élément de patrimoine butteran.
Au cœur du village de Buttes, le stand de tir occupe une place de choix et son charme rustique apporte du caractère à l’endroit. Située à l’intersection du chemin de la Robella et de la place de l’Abbaye, la bâtisse est encore pleine de vie contrairement à ce que pourrait laisser croire de prime abord les murs marqués par le temps.
La société avait été mise en stand-by quelque temps puis un jeune comité l’a relancée en 2010,
explique le président Anthony Jornod (27 ans dont trois de présidence).
Nous étions une équipe de Butterans à 100% et on a recréé la catégorie des jeunes tireurs (JT). Aujourd’hui, nous sommes environ 200 membres dont 15 à 20 actifs adultes et une dizaine de JT qui viennent de tout le Vallon.
Voilà un retour en force pour ce comité qui pourrait bien être l’un des plus jeunes du Val-de-Travers !
251 ans d’histoire entre les mains
Cette jeune garde ne manque pas d’idées pour faire vivre sa société et elle est notamment à la base de la fameuse disco des jeunes tireurs organisée durant trois ans pour faire « tourner la boutique ».
On doit faire face à des charges conséquentes, notamment pour ce qui est de l’hypothèque et cet événement permettait de recueillir environ 3000 francs de bénéfices par année. Maintenant, on organise plutôt des matinales (une fête de 10 h 30 à 17 h), du moins avant le coronavirus.
Beaucoup de ceux qui ont rallumé la flamme de La Butterane sont encore en poste aujourd’hui avec de l’expérience en plus et de nouvelles compétences. C’est notamment le cas de Loïc Fatton, chef de stand et responsable des jeunes tireurs.
À 28 ans, il incarne lui aussi bien cet état d’esprit serein, créatif et ambitieux qui règne au stand désormais. Et n’allez pas croire qu’ils prennent leur rôle à la légère malgré leur style de management « à la cool ».
On sait que nous avons 251 ans d’histoire entre les mains,
acquiescent-ils. Effectivement, c’est le 22 mai 1770 que la Principauté de Neuchâtel a autorisé la création d’une abbaye à Buttes. C’est la fusion de plusieurs sociétés de tir du village qui a débouché sur cette décision. Quant au stand en lui-même, il a dû être construit quelques années plus tard :
On a retrouvé une plaque faisant état de ce bâtiment datée des années 1780 et les tirs se faisaient depuis l’étage à l’époque (désormais loué à Pro Neige Sports qui y stocke son matériel).
Arrêt des tirs à 11 heures pour… l’apéro !
En poussant la discussion un peu plus loin, les deux hommes révèlent d’autres détails de cette histoire qu’ils ont relancée.
Avant que le bâtiment soit utilisé pour tirer, c’était une salle de fête et il y avait un jeu de quilles au rez. On a même retrouvé des vieux jetons de 1820 et des poussières. Ce stand a du vécu et on l’entretient avec responsabilité. Le toit a été restauré. Il y a dix ans, on a découvert qu’il y avait de la Mérule qui attaquait le bois et on a décidé de tout traiter et refaire dans les normes. On est jeunes mais on sait ce qu’on fait.
Anthony Jornod, Loïc Fatton et le reste du comité font essentiellement toutes ces choses pour faire vivre le tir et le village.
Ainsi, ils ne font pas payer les cartouches aux jeunes tireurs par exemple.
Quitte parfois à devoir trouver des solutions autrement lorsqu’il faut faire face à de gros frais.
On a reçu l’obligation d’installer des récupérateurs de balles sur nos cibles pour la fin d’année passée. On a donc vendu une partie de nos terrains – situés en face du stand – à la commune pour honorer notre dû. Cela a permis de préserver notre fond de trésorerie par la même occasion.
Les tirs longue distance (330 mètres) peuvent donc toujours se faire du côté de La Butterane. C’est le samedi matin entre 9 h et 12 h que le stand est habituellement ouvert.
On arrête même vers onze heures pour que les Butterans puissent prendre l’apéro calmement sur leurs terrasses,
ajoutent-ils. Malgré l’annulation de la fête du sel, le tir du même nom est maintenu cette année, le vendredi 27 et le samedi 28 août. Comme le veut la tradition, un repas sera proposé au stand pour l’occasion. Et oui, toujours d’attaque !
Antenne 5G : la détonation !
Parmi les sujets évoqués avec le président Anthony Jornod et le chef de stand Loïc Fatton, impossible de passer à côté de celui de l’antenne 5G. Depuis l’installation d’un gabarit de trente mètres de haut à quelques encablures du stand de la société de tir « La Butterane », les réactions s’accumulent. Voici donc l’explication des propriétaires des lieux :
On a accepté l’offre de l’opérateur Swisscom concernant l’installation prochaine d’une antenne 5G sur notre terrain, c’est vrai. Dans la mesure où l’antenne n’était pas dans la ligne de tir cela ne posait pas de problème particulier. Si elle n’avait pas été implantée ici elle l’aurait de toute façon été ailleurs alors avançons avec notre temps tout simplement.
Sans entrer dans le débat des « pour » et des « contre », comprennent-ils l’inquiétude de certains riverains et Vallonniers ?
On sait que des oppositions peuvent être adressées au Conseil communal jusqu’au 25 août et qu’il en a déjà reçu. Disons que chacun est libre de son point de vue et libre de le faire connaître et c’est tant mieux. Après, combien de personnes qui râlent sur l’antenne 5G vivent avec un téléphone dans la poche ? Sont-ils réellement engagés dans leurs convictions et sont-ils surtout bien informés sur ce qu’est la 5G par rapport à la 4G par exemple ? Nous on assume pleinement notre position et c’est désormais à Swisscom de défendre ses intérêts. De même si l’antenne est installée et qu’il devait y avoir des déprédations, c’est le projet de cet opérateur, pas le nôtre.
On espère que chacun gardera raison et privilégiera le dialogue. Par un coup de fil par exemple ?
Kevin Vaucher