La caisse du Carnavallon sonne-t-elle creux?
Certains fantasment sur l’ampleur des réserves financières du Carnavallon. D’autres pensent que son comité ferait vivre la manifestation au-dessus de ses moyens. À l’inverse, un article de la presse régionale a récemment fait état de grosses difficultés d’argent après l’édition 2023 largement déficitaire (environ 27’000 francs). Alors qui dit vrai ? Le comité du Carnavallon a ouvert ses comptes au Courrier et on va tout vous dire !
Le Carnavallon, c’est d’abord une belle histoire. Celle de Vallonniers qui ont mis tout leur cœur pour faire grandir la ferveur autour du carnaval depuis des décennies. « Dans les années 2000, c’était encore quelque chose de très petit. Cela se limitait à 400 personnes à la Fleurisia », se souvient l’ancien président Christian Moser. Il a fait partie de l’équipe qui a concrétisé l’idée de regrouper toutes les festivités à la patinoire de Fleurier autour d’une scène pour les guggens et de bars pour les fêtards. En 2007, il y avait seulement 20’000 francs dans les caisses. Puis, tout s’est accéléré brusquement. Sans doute trop brusquement pour certaines choses.
Le nez dans les comptes
À eux seuls, les carnavals 2008, 2009 et 2010 ont rapporté quelque 70’000 francs, faisant passer les actifs à près de 100’000 francs à la fin de l’année 2010. Six ans plus tard, la belle santé financière se confirmait avec des actifs qui atteignaient 127’767 francs. Ils étaient encore de 103’000 francs en début d’année 2020. C’est à partir de là que les choses se sont gâtées. Les deux années « vides » du Covid ont fait fondre le pécule d’environ 28’000 francs. Les frais fixes et incompressibles expliquent en grande partie cette perte. Le retour du carnaval, à la Fleurisia, a été un flop total et a amputé les comptes de 33’000 nouveaux francs. Et l’édition 2023 a continué de puiser dans la caisse avec un solde négatif de 27’000 francs. Ce sont donc près de 90’000 francs qui ont « disparu » en l’espace de 4 ans de façon tout à fait traçable. « Non, le comité ne part pas en vacances avec les réserves du Carnavallon. Pas un dîner ni même une pizza ne sont offerts aux membres », expose-t-il.
Le « toujours plus grand » est terminé !
Quelques écarts dans les notes de frais ont bien été constatés par le passé mais ce temps est révolu. Celui du « toujours plus grand » l’est aussi. « Les frais d’infrastructure ont explosé à une certaine période. Ils sont passés de 32’000 en 2011 à 77’000 en 2017. Il y avait toujours une bonne raison pour ajouter une boule à facettes par ici ou faire venir un DJ prétendument connu par là », évoque l’ancien vice-président Jean-Marie Modolo. Le comité actuel ajoute : « Aujourd’hui, nous avons stabilisé ces frais à hauteur de 65’000 francs environ. C’est toujours beaucoup mais cela comprend énormément de dépenses comme l’électricité, la location de WC, le nettoyage des rues, les bus de nuit, l’installation son et lumière et ainsi de suite. » Le manque de bénévoles contraint également le comité à recourir à de l’aide pour le montage et le démontage de certains éléments de « décor », ce qui n’est évidemment pas gratuit. Les membres actuels reconnaissent toutefois quelques erreurs.
Coûts rognés, erreurs reconnues et envie préservée
« Nous avons voulu garder des prix très bas aux bars et nous avons diminué le tarif d’entrée du vendredi soir (de 15 à 10 francs). Ce qui n’était sûrement pas judicieux. Depuis quelques années, les 14 membres du comité bénéficient de 10 places gratuites à distribuer pour les deux soirs et c’est aussi quelque chose d’en partie contre-productif. » Depuis que du sang frais est arrivé parmi les dirigeants du Carnavallon, les coûts ont été passablement rognés. Les neuf guggenmusiks présentes cette année ont toutes accepté de faire un gros geste financier pour soutenir l’un des deux derniers carnavals du canton (avec celui du Locle). Par ailleurs, le comité a investi dans des écrans télé avec lesquels il gagne de l’argent en les louant le reste de l’année. Des partenaires lui ont également permis d’acquérir sa propre vaisselle réutilisable qu’il pourra également soumettre à la location. « En guise de conclusion, rappelons que le Carnavallon n’a pas de dettes et qu’il a ‹ juste › besoin du soutien de la population pour continuer à faire vivre la tradition au Val-de-Travers. » C’est dit !
Kevin Vaucher