La flamme de la reconstruction
Christelle Bihler pourrait s’appeler mère courage. Confrontée à trois reprises à l’épreuve de la fausse couche – dont une très tardive en 2017 –, la résidente des Bayards a pourtant refusé de sombrer totalement. Passée par des moments délicats, elle a refait surface notamment grâce à l’appui d’associations et à sa passion pour la fabrication de bougies artisanales. De là est né son atelier « Étincelles bougies » et la bonne action que l’on va vous présenter.
Cette bonne action, c’est la vente d’une bougie spéciale rouge et blanche dont l’intégralité des bénéfices est reversée à l’association Naîtr’étoile.
Le blanc renvoie aux ailes des anges et le rouge à la couleur de notre amour. Si les personnes qui commandent une bougie ont perdu un enfant, ils peuvent noter son nom sur une étiquette personnalisable s’ils le souhaitent (sinon une petite étoile y sera apposée). Il est bien évidemment aussi possible de passer commande sans avoir vécu ce drame
,précise Christelle Bihler. Cela fait déjà quelques mois qu’elle confectionne des bougies artisanales dans la grande ferme familiale des Bayards où elle vit avec son mari Thierry et sa fille Charlotte. Une petite qu’ils ont eue il y a six ans avant que le couple soit confronté à trois fausses couches entre 2016 et 2018.
De l’enfer aux flammes de l’espoir
Inéluctablement touchés et fragilisés par ces événements, les deux parents ont cependant réagi différemment. Si son mari n’a rien laissé transparaître « en bon chef de famille qu’il est », Christelle a vacillé.
J’ai vécu une vraie descente aux enfers eu j’ai mis longtemps à m’en remettre. Si je n’ai pas sombré, c’est grâce à ma famille et à mon amour pour nos animaux. Ce n’était pas évident, notamment après l’épisode de 2017 où nous avons perdu Juliette qui avait vingt semaines. Vous voyez, elle avait déjà un prénom et nous lui avions acheté ses affaires. Et finalement il a fallu abandonner tout cela en même temps que l’on enterrait notre enfant. Je me souviens encore du jour où je suis allée chercher les cendres de ma fille, c’était terrible.
Cette employée de La Semeuse à 50% a finalement réussi à apaiser sa douleur avec le temps et à travers la réalisation de bougies artisanales et naturelles.
Je ne suis pas manuelle d’habitude mais ça va tout seul dès que je me mets à en fabriquer. Comme si une force supérieure guidait mes mains. Ça peut paraître idiot mais c’est bien de cette façon que je le perçois,
confie la jeune femme de 33 ans. Elle a ainsi créé son propre atelier en début d’année – « Étincelles Bougies » – et a eu la bonne surprise de constater un vrai intérêt pour son activité.
Je collabore avec des artisans du Vallon et les gens apprécient ce côté local.
Une association portée par quatre femmes
Les plus jeunes y trouvent aussi leur compte :
J’organise des ateliers pour enfants et adultes. Les plus petits adorent créer leurs propres bougies, sélectionner leur parfum, choisir leur contenant et ensuite le décorer. Les voir repartir avec le sourire est mon plus beau cadeau.
La « maîtresse du feu » est également sensible à la planète et privilégie des contenants réutilisables (bocaux, tasses, boîtes à thé,…). Le must de ces dernières semaines ? Une tasse Harry Potter qui a fait l’objet d’une cinquantaine de commandes en un temps record grâce à son compte Facebook et à la collaboration d’Océ’Annick à Fleurier.
Mais la série qui lui tient le plus à cœur, c’est donc la bougie rouge et blanche qu’elle a créée afin de soutenir l’association Naîtr’étoile.
Celle-ci a été fondée en 2019 par quatre mamans ayant vécu des interruptions médicales de grossesse.
Basées à Fribourg avec des relais dans le canton de Neuchâtel, leur but est d’apporter des informations et une aide qui leur avait manqué lorsqu’elles ont vécu cette épreuve. La perte d’un enfant ainsi que le deuil périnatal sont des causes encore très taboues et leur travail est important. Le bénéfice de chaque bougie – vendue au prix de douze francs – est intégralement reversé à l’association avec preuve du versement. Pour toutes demandes, adressez-vous à christelle.bihler@gmail.com ou passez par le blog https://etincelles-bougies.blogspot.com/.
La bougie c’est la lumière, c’est une façon de dire qu’on ne les oublie pas,
tient-elle à ajouter en guise de conclusion.
Kevin Vaucher