La fureur de vivre !
Vendredi passé, je suis allé au contact des « gens de la foire » dans les rues de Couvet. Pas en prenant des nouvelles des exposants mais de ceux, sans qui, aucun événement n’existerait : les visiteurs. Pourquoi sont-ils là, qu’est-ce qu’ils achètent et combien de temps restent-ils sur place ? Parmi les tendances, celles de « revoir du monde » et de rencontrer des connaissances au gré des stands étaient largement prioritaires. Cette envie de renouer des liens, défaits par la pandémie, a insufflé comme un petit vent de fureur de vivre dans la cité vallonnière.
C’est peu après midi que je rentre en action dans cette douce furia populaire. évidemment, la nourriture est l’une des attractions de la foire à ce moment de la journée. Beaucoup me répondent qu’ils ont leurs habitudes chez un tel alors que d’autres s’essaient à des choses plus exotiques.
On s’est dit qu’on allait tenter un petit plat péruvien,
me glisse à l’oreille un trentenaire. D’autres élaborent des « stratégies d’action » à l’avance, validées par des années d’expérience.
On entre dans la foire par le giratoire près de l’hôtel de l’Aigle et on descend la Grand’Rue en observant un par un les stands. Puis on s’arrête manger une saucisse et acheter du gâteau au fromage,
déroule un couple de sexagénaires. Malgré ce plan hautement élaboré, le mari René arrive toujours à surprendre et à débusquer l’objet le plus improbable de la foire.
À tous les coups, cet objet termine sur un meuble à prendre la poussière avec ceux des années précédentes,
rigole son épouse.
« Plus de monde, plus vite »
Cette année, il n’y a pas que René qui a surpris. Beaucoup de Vallonniers avaient opté pour faire « le pont de l’Ascension » et l’affluence matinale a ainsi été gonflée.
Il y a eu plus de monde plus vite,
confirmait une habitante depuis le coin de sa fenêtre. Son constat m’a rapidement été confirmé à travers les allées bien fréquentées. Vous voulez encore une autre surprise ? Alors jetons rapidement un œil derrière le restaurant « Le Picotin ». C’est un peu à l’écart de la fête que Sébastien Hirschi a sorti un atout fumant de sa remorque. Depuis des années, il fait mouche à tous les coups avec les enfants grâce à sa locomotive à vapeur. Certes, c’est un modèle réduit mais elle fonctionne comme « une vraie » et cela lui permet de transporter quelques enfants sur un petit wagon, installé à l’arrière. Ce mécanicien sur auto et poid lourd a travaillé durant vingt ans comme bénévole au sein du Vapeur Val-de-Travers. Il œuvrait à la réfection et à l’entretien des locomotives dans les ateliers de l’association.
90 kilos vaporisant et hurlant !
Cette locomotive pèse 90 kilos et je l’alimente avec du charbon anthracite (ce qui donne une flamme blanche). Il y a une partie « foyer », que je nourris toute la journée. Je n’ai besoin que d’eau et de charbon pour la faire avancer. Je roule sur un arc de cercle, à 3 – 4 km/h. Malgré la petite taille de la loco, je peux tirer jusqu’à mille kilos grâce à six kilos de pression vapeur (6 bars). La soupape de sécurité est obligatoire pour éviter que la machine n’explose.
À la fin de la foire, ce sont plus de 250 jeunes qui ont été tractés par son ingénieuse machine.
Je ne fais payer personne pour prendre place dans « mon petit train ». Le fait de partager cette passion de la vieille mécanique, que m’a transmise mon père, est largement suffisant pour moi.
Plus loin de cette ambiance très ferroviaire, un autre espace pour enfants avait fait le plein : celui des manèges. Quasiment tous les jeunes m’ont confirmé que ces attractions étaient leur motivation numéro une de venir à la foire.
De 14 à 89 ans, tous aux manèges !
Le « trampoline élastique », permettant de prendre un peu de hauteur en toute sécurité, a fait carton plein. Adrien (14 ans) a réussi à attirer toute la famille vers le collège pour voir ses acrobaties, y compris l’arrière grand-maman de 89 ans. Les grands-parents Silvia et Jean-Paul n’étaient pas loin non plus. Si madame était « heureuse de retrouver des connaissances perdues de vue durant la pandémie », monsieur pestait de ne pas avoir trouvé un large choix de plantons pour satisfaire ses envies de jardinage.
Y’a plus de Covid, y’a plus de masques mais y’a plus nos plantons fribourgeois non plus ! On a passé quatre heures à la foire et je ne les ai pas vus,
rapportait ce Vallonnier « pur jus », qui a fait son apprentissage chez Dubied.
Des stands locaux, comme le FC Couvet et le Club de patinage du Val-de-Travers, étaient bel et bien là, eux ! Et ça se bousculait au portillon pour avoir une place au soleil dans leur périmètre. Belle popularité ! De quoi faire une recette suffisante pour attirer un gros renfort au FC Couvet en 2022/23 ? En tout cas, il y en a un qui n’est pas près de quitter Couvet et sa foire, c’est Jean-Claude Maire et ses « pralines de champion ». Cela fait 55 ans qu’il fait tourner ses noisettes, ses cacahuètes et ses amandes dans une pralinière. De l’eau, du sucre et environ une heure de chauffe dans ladite pralinière et le tour est joué. Ensuite, il n’y a plus qu’à emballer ! Emballés, comme ses nombreux et fidèles « habitués de la praline ». Sa devise :
Les bonnes choses marchent toujours.
Alors c’est bon, la foire covassonne n’est pas près de disparaître !