La protection des animaux est-elle devenue un business ?
Ces dernières semaines, plusieurs affaires ont fait grand bruit dans les médias dans le monde de la protection des animaux. Qu’ils soient liés à des questions de gestion du personnel ou à des questions de l’utilisation des dons, ainsi qu’à leur répartition, ces histoires ont une même répercussion. Elles fragilisent la confiance placée par la population dans toutes les associations. Non, la protection des animaux n’est pas condamnée à être un business et la majorité des structures le prouvent.
Cette question relative au business a de quoi mettre de mauvais poil bon nombre de structures qui agissent au quotidien pour les animaux. « Les cas négatifs qui font du bruit médiatique sont néfastes pour tout le monde. Il s’agit d’exceptions qui viennent ternir l’image de l’écrasante majorité des associations qui font très bien leur travail », peste Tomi Tomek. La présidente de SOS Chats Noiraigue ne fait pas dans la demi-mesure pour défendre « ses chats » qu’elle recueille depuis plus de 40 ans dans une ferme, au pied du Creux du Van.
Pas de place pour les chats de la SPA du Val-de-Travers
« Actuellement, nous avons fait venir des médicaments de Chine pour traiter la péritonite infectieuse de l’un de nos chats. Il est interdit en Suisse mais plus ou moins toléré car il permet de sauver des vies. Nous faisons toujours tout notre possible pour le bien-être de nos animaux. » Autour d’elle, ils sont désormais 100 tout rond, si l’on compte la récente arrivée du premier bengal de la « chatière du paradis ». Cent chats, c’est la limite fixée par le vétérinaire cantonal. Ce qui explique pourquoi SOS Chats n’a pas pu accueillir l’un des 50 chats à replacer de la SPA du Val-de-Travers. « En plus, ils étaient trop gentils pour venir chez nous. Nous nous occupons uniquement des cas les plus difficiles (agressifs, malades,…). »
2000 membres soutien
Chez SOS Chats Noiraigue, tout est toujours très transparent. « Nous avons créé une fondation en 2015 avec le but de soutenir notre association. Nous réalisons différents événements pour soulever des fonds et nous aider à faire vivre notre sanctuaire. » Un défilé de mode vegan sera par exemple organisé le 2 novembre à Prilly. Aujourd’hui, SOS Chats bénéficie en plus du soutien d’environ 2000 membres qui versent une contribution mensuelle qui permet à du personnel qualifié de prendre soin des bêtes à quatre pattes. « Nous avons quatre employées à 60% et plusieurs bénévoles. Moi-même, je suis 100% bénévole depuis 1981. »
Bijoux vendus pour nourrir les chats
Au début, Tomi Tomek nourrissait les chats grâce à son métier. « Je faisais des spectacles et cela me permettait d’engranger environ 800 à 1000 francs par représentation. » Et comme cela ne suffisait pas, elle a vendu l’ensemble de ses bijoux. Et puis, il y a eu assez de membres soutien pour engager une personne, puis deux, puis trois… Le nombre de chats recueillis a augmenté et les charges se sont alourdies. Quelle est la plus grosse dépense selon vous ? La nourriture ? Eh non, ce sont les soins vétérinaires. « Comme nous avons pas mal de chats malades ou sauvages, ils ont besoin de beaucoup de traitements et d’attention. » Cette réalité-là plaît sans doute moins aux médias car elle est moins « vendeuse ». C’est pourtant la vérité de ce qui se passe dans bon nombre de refuges d’animaux. Et il est important de le faire savoir également.
Kevin Vaucher