L’Atelier de céramique de Fleurier
Engouement et émotions énormes !
Imaginez-vous Tintin sans Milou, Batman sans Robin ou Laurel sans Hardy ? Difficilement ? Eh bien c’est pareil pour le duo formé par Patricia Schick et Marie-France Bitz. Les deux femmes travaillaient la céramique ensemble depuis près de trente ans. Chaque année à la période de Noël, elles ouvraient leur atelier de Fleurier pour leur grosse vente annuelle. La disparition aussi tragique que rapide de Marie-France laisse donc un grand vide. La 28e exposition de céramique de cette année sera donc la dernière. L’engouement et l’émotion sont énormes !
« Je me vois encore arriver dans l’atelier de céramique de Marie-France. Je n’y connaissais rien du tout. Elle m’a dit ‹ assied-toi près de moi, fais comme moi et pour le reste débrouille-toi › », glisse dans un rire tendre sa complice Patricia Schick. « Plus tard, elle m’avait avoué qu’elle imaginait que j’abandonnerais après deux mois. 28 ans plus tard, c’est finalement elle qui m’a quittée. Lâcheuse va ! » Comment mieux résumer la relation « chien et chat » tellement forte de ce duo vallonnier ? J’ai beau chercher mais on ne fera pas mieux.
Un lien tissé et chouchouté
Les deux femmes s’étaient trouvées et elles ne se sont plus jamais lâchées. D’abord installé en face de la gare de Môtiers, le binôme a ensuite déplacé ses plaques d’argile dans son atelier de la rue de l’Industrie de Fleurier. Les clients ont suivi et une autre belle histoire s’est tissée : « Nous avons toujours naturellement créé un lien privilégié avec nos clients. Lors de nos ventes annuelles de Noël, c’était devenu un rendez-vous pour nous, bien sûr, mais aussi pour eux. Un moment de partage avant les fêtes où on prenait le temps de les rencontrer pour prendre des nouvelles autour de nos céramiques. » De là est née une fidélité incroyable au fil des ans.
« La maladie l’a emportée en deux mois »
Rien ne semblait pouvoir détricoter ce lien, tissé avec tellement de sincérité. Et pourtant. « Marie-France a eu des problèmes de santé ces derniers mois. Elle a dû être rapatriée de ses vacances et on lui a découvert une terrible maladie qui l’a emportée en deux mois.
C’est un choc encore aujourd’hui », pose dignement Patricia. « Ce n’est pas la plus belle fin pour notre histoire mais c’est ainsi. Que voulez-vous faire ? Samedi, lors de l’ouverture annuelle, je me suis retournée et elle n’était pas là. C’était très compliqué pour moi. » Heureusement, la Vallonnière a pu compter sur le soutien de ses fameux clients !
Un hommage si fort
Dès le premier jour d’ouverture, le 14 décembre, lAtelier de céramique de Fleurier a littéralement débordé d’émotions. « Jamais je n’ai connu une ambiance pareille. C’était si fort, indescriptible, irréel. Jamais je n’avais vu quelque chose comme ça en presque 30 ans d’activité. Il y avait du monde partout. Comment l’expliquer ? Par ce lien qui nous relie à nos clients et surtout par l’hommage qu’ils avaient envie de rendre à Marie-France. » Son absence ne l’aura jamais rendue aussi présente au cœur de l’atelier (et probablement aussi dans celui des gens). 70% du stock a été écoulé le samedi. Mais il reste encore de belles pièces à découvrir ces jeudi 19, vendredi 20 et samedi 21 décembre (de 11 h à 17 h).
Pour vous, Marie-France…
L’émotion, elle, reste et restera jusqu’au bout : « C’était difficile à l’ouverture et je me prépare encore à être chamboulée à la clôture. » L’intensité du moment sera d’autant plus puissante que cette 28e exposition-vente sera la dernière de l’Atelier de céramique de Fleurier. Patricia en rendra la clef en mars 2025. Orpheline de sa complice, elle continuera la céramique de façon plus mesurée. « Je vais conserver le four à céramique mais je ne ferai plus de grosses ventes comme celle-là. Je suis retraitée depuis cinq à six ans mais la céramique m’occupait quand même à un bon 60%. Je vais lever le pied. » Et nous, on lève les yeux au ciel en guise de conclusion, en dédiant volontiers ces quelques lignes à Marie-France…
Kevin Vaucher