Le diamant vert du Val-de-Travers 2
Kappa venait de révéler la véritable raison de sa venue au Val-de-Travers : un mystérieux diamant vert. « Un diamant vert ? Une malédiction ? Mais de quoi tu parles », demandent Ciel et Val, interloqués. « En me rendant dans la bibliothèque de mon île Yakushima, je suis tombé sur un vieux numéro du Courrier du Val-de-Travers hebdo. Il était caché à l’intérieur de la revue scientifique que je venais chercher. Que faisait-il là ? Aucune idée ! Un article évoquait l’attaque d’un convoi de sel et de bijoux sacrés par des malfrats locaux. S’ils ont fini par être arrêtés, le butin n’a jamais été retrouvé », détaille-t-il. On y fait notamment état d’un diamant vert à la valeur inestimable.
Il est vrai qu’à l’époque, le sel et d’autres marchandises de grandes valeurs transitaient par le Val-de-Travers. Une intense contrebande avait lieu, malgré la présence de gabelous (des soldats chargés de sécuriser les chemins officiels entre la Suisse et la France). Et les actes malveillants ne manquaient pas. Pour conclure sa révélation, Kappa fait mention d’une lettre manuscrite en papyrus sur laquelle il est écrit :
Le long du cours d’eau tu chercheras. Vers la cascade tu te dirigeras et riche tu deviendras. Mais pour ça, la chute tu éviteras !
Cela ressemble fort à un itinéraire. Mais vers quoi ? Le diamant vert ? Ou alors est-ce un piège ? La menace à peine voilée de « la chute » qui est promise aux aventuriers un peu trop curieux pourrait en retenir certains. Mais pas notre trio de choc.
L’âme de Rousseau plane sur Môtiers
Décision est prise : les trois amis vont suivre cette piste pour voir jusqu’où elle peut les mener. Mais avant cela, un petit passage chez Charles Michel s’impose. C’est l’une des mémoires du Vallon. Peut-être saura-t-il guider les aventuriers vers un lieu plus concret. L’habitant de Boveresse plonge dans ses vieux bouquins d’époque et il suggère à l’équipe d’aller jeter un œil vers la cascade de Môtiers. Arrivés à la cascade, Ciel, Val et Kappa se rendent près de la grotte. Un étrange monsieur se tient près de celle-ci. « Bonjour mes amis. Je suis Jean-Jacques Rousseau. Je vous accompagne dans votre quête. » Comme ils sont réceptifs aux énergies naturelles, et parfois surnaturelles, les amis ne sont pas choqués de rencontrer le « promeneur solitaire » qui a vécu à Môtiers entre 1762 et 1765. Ciel questionne alors Rousseau : « Que pensez-vous de l’être humain et avez-vous déjà entendu parler du diamant vert ? » Il se gratte la tête…
Le gang des « Green Scorpions »
Après plusieurs longues secondes de réflexion. Il répond : « Ma philosophie se base sur l’idée que l’Homme est naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt. Ce sont les interactions avec les autres individus qui le rendent méchant et c’est ce qui conduit à l’accroissement des inégalités et à la délinquance. J’ai entendu parler d’une bande de bandits qui sévissait à l’époque. On les appelait les ‹ Green Scorpions ›. Je n’en sais pas plus malheureusement. » L’air de rien, les compères continuent de marcher en direction des gorges de la Poëta-Raisse. Toujours aucune trace d’un quelconque trésor dans le coin. Le chemin est parsemé de ponts et de passerelles. Il faut faire attention car elles peuvent s’avérer glissantes. Val repense aux derniers mots du manuscrit papyrus : « la chute tu éviteras ». Alors que Rousseau s’éclipse dans le calme et la beauté des lieux, le trio se sent comme épié. Les amis ont l’impression d’être suivis. Non ! Pas par un fantôme. Mais par quelqu’un qui savait qu’ils allaient être là. Il n’y a personne d’autre autour d’eux, ils sont vulnérables. Ciel lève les yeux et se demande s’ils ne sont pas tombés dans un guet-apens. Soudain, une branche craque…
Scarlett Moor – Kevin Vaucher