Le drogué est «repoussant», l’alcoolique est «sympa». Vraiment?
La question de départ à cet article résume tout ! Toutes les addictions ne sont pas égales devant le jugement social. « L’alcool est étrangement socialement valorisé. C’est la seule drogue que l’on doit s’excuser de ne pas consommer en soirée », esquisse très justement Scott Nussbaum d’Addiction Neuchâtel. Dans la société, une personne qui a trop bu va faire rire alors qu’un drogué va faire peur et on s’en tiendra éloigné. Pourtant, l’alcool est une substance et elle fait des victimes chaque année.
Une grosse pression sociale
L’alcool a un coût : il pèse plus de 4 milliards par année à la collectivité selon l’OFSP. « On ne parle malheureusement pas assez de ce genre de réalité lorsqu’il s’agit de cette substance en vente libre. » Alors pourquoi ? Est-ce justement parce qu’il s’agit d’un produit légal ? « Sa facilité d’accès et sa visibilité sont des facteurs mais il y en a bien d’autres. Les lobbys font un gros travail, dans l’ombre, pour que sa banalisation perdure. En France, ils ont réussi à empêcher la diffusion de spots de prévention durant un événement sportif majeur par exemple. Par ailleurs, c’est aussi une question de culture. Dans certains contextes, il y a une pression sociale qui s’exerce pour pousser à la consommation. Certaines personnes qui tentent de s’en défaire subissent parfois de plein fouet l’isolement social car elles restent chez elles pour ne pas subir cette pression. »
Rien de malsain à vouloir s’en sortir
Addiction Neuchâtel possède un site à Fleurier qui accompagne et soigne celles et ceux qui sont tombés dans l’entonnoir de l’addiction. Les professionnels qui y travaillent accueillent des personnes qui essaient de s’en sortir. Il n’y a rien de malsain là-dedans et la société ferait mieux de s’en féliciter plutôt que de s’en méfier. Informer, prévenir, expliquer et surtout partager, c’est dans ce but qu’Addiction Neuchâtel organise un moment de rencontre, sur le thème de l’alcool, jeudi 31 octobre à la salle Fleurisia à Fleurier. « Nous ouvrirons les portes dès 17 heures avec un moment de détente…autour d’un verre ! Nous présenterons différentes boissons alternatives sans alcool. Il y aura des bières, des cocktails et même du Mauler sans alcool », pose Scott Nussbaum.
Rendez-vous le 31 octobre
Deux témoignages de personnes dépendantes, devenues abstinentes à l’alcool, auront lieu. « Il sera possible de leur poser des questions, à elles, ainsi qu’aux professionnels d’Addictions Neuchâtel. » Des stands seront aussi présents pour démêler le vrai du faux autour de ce produit qui cristallise de nombreuses fausses croyances. « Une vidéo réalisée avec un enfant de parent dépendant sera notamment diffusée. On n’y pense pas immédiatement mais les jeunes sont aussi des victimes collatérales de l’alcool lorsque leurs parents en consomment. Ils sont dans une situation très délicate et c’est un gros poids pour eux. » Pendant que les adultes sont accaparés par leur addiction, l’enfant est souvent délaissé. « Mais terminons sur une bonne note. Précisons que la majorité des consommateurs arrivent à réguler leur consommation et ne sont donc ni dans le camp des abstinents ni dans celui des dépendants.
Kevin Vaucher
Besoin de conseils ou d’accompagnement ? Vous trouverez des réponses et du soutien à cette adresse : addiction-neuchatel.ch