« Made in Montagne »
Le fromage est dans le pré
Certains cherchent l’amour dans le pré, d’autres les fleurs et d’autres encore juste un coin de tranquillité. Il sera très bientôt possible de vous procurer votre fromage dans le pré ou du moins pas très loin de là. Le couple Braida Dür et Lucas Schmutz proposera un self-service de produits laitiers devant sa ferme sur les hauteurs de Couvet dans quelques jours. Patience, qualité, éthique et goût du risque sont autant de graines qu’il souhaite faire germer au Vallon.
Même si Braida Dür et Lucas Schmutz ne sont pas issus de familles paysannes à proprement parler, leur projet ne sort pas de nulle part. Formé à l’art de l’agriculture et de la fromagerie, le couple d’agriculteurs s’est frotté au travail d’alpage durant plusieurs années. La femme de 39 ans a vécu dans les Grisons avant de découvrir l’Argovie puis le canton de Berne. L’homme de 31 ans a grandi en terre bernoise où il a fait des études en agronomie à Zollikofen. C’est à ce moment-là qu’ils se sont rencontrés… pour le meilleur puisqu’ils s’apprêtent à accueillir leur quatrième enfant au mois de juillet et à lancer leur affaire ensemble.
Avoir notre propre exploitation agricole est un peu l’aboutissement de toutes nos expériences vécues jusqu’ici,
dressent-ils en préambule.
Un self-service, la solution idéale
Loin d’être un coup de folie, c’est un investissement réfléchi :
Nous souhaitions quelque chose d’assez grand et les cinquante hectares que nous avons trouvés ici sont parfaits. On s’y plaît beaucoup et on ne regrette pas d’être venus en Suisse romande.
C’est aussi pour la qualité des pâturages qu’ils ont craqué pour l’endroit.
Il fallait que nos bêtes se sentent bien dans leur environnement et qu’elles puissent se nourrir sainement. Les différentes herbes présentes dans le coin sont excellentes.
C’est grâce à cette nutrition et au lait de qualité supérieure qu’ils en tirent (125 à 150 litres par jour) que l’idée de produire leurs propres fromages et produits laitiers a fait son chemin.
Le couple entend y aller par étape en commençant d’abord par installer un frigo en self-service pour vendre sa production « made in montagne » ou « made in Sur-le-Crêt 1 » si vous préférez.
Avec les enfants et l’exploitation à faire tourner, on ne peut pas s’occuper encore d’un point de vente à la journée. C’est pour cette raison que le self-service est une solution appropriée. C’est aussi un système rapide qui conviendra bien aux nombreux touristes qui passent par là, notamment le week-end.
Le frigo sera installé durant le courant du mois de mai et sera donc opérationnel durant les vacances d’été. Une période importante pour tout commerçant.
Deux containers pour faire reposer et produire
Et la petite famille ne laisse rien au hasard.
Ce n’est pas uniquement des produits naturels bio, on fait aussi particulièrement attention aux conditions de vie de nos vaches. On ne tue pas des animaux qui ont moins de deux étés sur la pâture et on veut pouvoir leur enlever la vie nous-mêmes. Pas qu’on aime ça mais cela leur évite le stress du voyage jusqu’à l’abattoir et on peut le faire en douceur en les accompagnant.
Braida et Lucas ont aussi une dizaine de moutons qui sont très utiles pour éliminer les mauvaises herbes sans pesticide. Pour accélérer la cadence et vraiment commencer à vendre leurs fromages et autres produits (yoghourts, sérés,…), deux containers ont été installés entre leur domicile et l’écurie.
L’un servira de cave pour faire reposer les fromages et l’autre servira à la production. Deux cuves à lait y seront installées pour une capacité de 700 litres environ. Ce sera très bien pour débuter. Comme on vous l’a dit, on va voir comment nos produits sont accueillis puis on pourra envisager de grandir pas à pas.
Si le duo de fromagers se veut serein, il n’empêche qu’il joue gros :
C’est le projet d’une vie. On a tout investi là-dedans avec l’aide de nos proches. Pour l’instant, on vit avec très peu de revenus et Braida continue à travailler à temps partiel.
Une situation temporaire pour ceux qui sont installés sur le haut de Couvet depuis avril 2020. D’ici à l’année prochaine, le couple espère avoir doublé son effectif de vaches laitières, passant ainsi de douze à vingt-quatre. De quoi satisfaire tout le monde et revenir de balade avec un beau bouquet de fleurs dans une main et un bon « puant » dans l’autre !
Kevin Vaucher