Foire de Couvet
Le jour de foire est arrivé !
Il y a dix ans, le Vallon fêtait les trois cents ans de la foire de Couvet. Malgré les obstacles et les chamboulements engendrés par la pandémie, ce pan dʼhistoire est toujours debout. Au moment même où le quotidien des gens, leurs liens avec les autres et leur façon de consommer sont chamboulés comme jamais auparavant, la foire dʼautomne de Couvet revêt une importance toute particulière. Elle a lieu demain.
Quʼest-ce quʼune foire si ce nʼest un lieu de vie, dʼéchange et de commerce ? Des éléments importants à lʼépoque et le fait de les réunir en un même lieu pendant quelques heures était déjà un événement en soi. En qualité de témoin privilégié du temps qui passe, la foire a subi dʼimportantes transformations au cours des siècles (oui des siècles, on peut le dire).
25 porcs pour lʼengrais
À tel point que son visage actuel diffère largement de ce quʼil était en 1711. Le Courrier pourrait-il rendre compte ainsi de la foire de Couvet 2021 qui se tient demain ?
Le marché au bétail, très fréquenté, comptait 335 têtes de gros bétail et 25 porcs pour lʼengrais. Beaucoup de marchands étrangers sʼy rencontraient et malgré les prix toujours très élevés, ils ont réussi à expédier 14 wagons, soit un total de 65 bêtes. Cʼétait mot pour mot le récit de la manifestation en 1907. Ce nʼest vieux « que » de 114 ans alors imaginez celui de 1711.
Retour en arrière express ?
Après tant dʼannées écoulées et tant dʼévolutions à conter, nous devrions être à mille lieues des préoccupations de 1711. Pourtant, Covid aidant, nous nous retrouvons aujourdʼhui dans une situation qui nʼa peut-être jamais été aussi proche de la configuration initiale. La population ne recherche-t-elle pas à retrouver de la vie, à échanger à nouveau normalement et à commercer librement ? Et si finalement, ces quelques mois de restrictions avaient conduit à un retour en arrière express de plus de trois cents ans ? Pas pour tout évidemment mais pour lʼessentiel.
Cinq boulangeries et autant de boucheries
Cela dépend où on place lʼessentiel me direz-vous. Pour certains, lʼessentiel passe par lʼassiette. à lʼépoque, on venait y chercher une bête engraissée pour nourrir la famille durant lʼhiver. Mais on sʼy déplaçait aussi pour trouver quelques victuailles à se jeter immédiatement sous le palais. Lʼhôtel-pension de Tempérance proposait ainsi « de la restauration à toute heure. Gâteaux, jambon véritable et bricelets au beurre, même à lʼemporter. » À Couvet, il y avait jusquʼà cinq boulangeries, autant de boucheries et de multiples épiceries.
Consommation sur place à nouveau possible
Dʼautres faisaient des kilomètres pour faire des affaires. « La fabrique de pains dʼépices et de biscuits de Renens sera au bout du pont », pouvait-on ainsi lire sur certaines annonces. Pour beaucoup de nos ancêtres, cʼest lʼodeur et surtout le goût du gâteau au fromage qui leur est resté en mémoire. Quʼauraient-ils pensé de la dernière foire de printemps de Couvet où il nʼétait plus possible de déguster de la nourriture et des boissons dans le périmètre de la foire ? Bonne question.
Et bonne nouvelle dʼautomne surtout, la situation sanitaire permet à nouveau la consommation de denrées alimentaires directement sur place. Après le retour à lʼétat dʼesprit de lʼépoque, reste-t-il un peu de place pour celui des estomacs dʼantan ?
Kevin Vaucher