Le plus beau bureau du monde ?
Loïc Cand habite à Boveresse. Il travaille comme installateur en panneaux photovoltaïques. Mais son bonheur n’attend pas la période estivale, il le trouve également lors des mois d’hiver. Depuis 6 ans, il est l’un des trois dameurs des 53 kilomètres de pistes de ski de fond du centre nordique des Cernets. Pour ce père de famille de deux enfants, chaque tournée de six heures représente un moment de calme et de solitude où il se retrouve seul au monde, face à lui-même et face aux éléments. Et parfois même face à… une voiture !
Le calme, la nuit, la forêt, le froid et un engin de 7500 kilos pour 3.5 mètres d’envergure. À bord, la quiétude est à peine secouée par le bruit des 190 chevaux présents dans la machine. Celle-ci sillonne les aspérités du terrain qui diverge de 1100 à 1250 mètres d’altitude. L’étendue est immense ! Le centre nordique des Cernets s’allonge sur 53 bornes de pistes de ski de fond et 7.3 kilomètres de chemins pour raquettes. Les fondeurs ont de quoi rassasier leur faim de neige. Le domaine rejoint celui situé de l’autre côté de la frontière et possède aussi une ramification pour plonger en direction de La Brévine.
Joysticks apprivoisés en une journée
Dans la cabine de la dameuse, on y trouve régulièrement le Vallonnier Loïc Cand. « Je suis attaché aux grosses machines depuis tout petit », laisse-t-il glisser. Celle-là s’appelle Prinoth Husky et elle a la particularité de ne pas avoir de volant. « Tout se pilote avec deux joysticks et une pédale. C’est un coup à prendre. » Lui a appris en une journée à peine. Tracer les pistes de classique et de skating, niveler les bosses, apporter de la neige fraîche avec la lame présente devant la machine. Il sait tout faire désormais. Et il connaît les lieux aussi bien que les quatre coins de sa maison familiale.
Le poste de douane abandonné
« Un peu plus loin, nous allons passer devant un ancien poste de douane. Les douaniers venaient y travailler en ski de fond il y a une cinquantaine d’années. » Y avait-il vraiment beaucoup de passage ? « Je ne pense pas mais ils devaient avoir un jeu de cartes et une bonne bouteille de rouge », se marre cet ancien paysagiste de 31 ans. De sa précédente activité, il garde le goût de belles choses de la nature : « Regardez devant nous. C’est beau n’est-ce pas ? On pourrait se croire dans un pays nordique quand les sapins sont enneigés comme ça. »
Et… une voiture surgit !
Soudain, c’est la stupeur ! Voilà la dameuse pratiquement « capot contre capot » avec une voiture qui surgit de nulle part. Une petite dame vient à notre rencontre : « Je vais au chalet du Pâquier. Je peux passer par ici ? Le propriétaire m’a donné sa permission. » Soit, allez-y Madame. Comme quoi, il y aurait encore de quoi interrompre la partie de cartes des douaniers aujourd’hui… « Je suis déjà tombé sur des arbres au milieu des pistes et sur une quinzaine de sangliers mais jamais sur une voiture », souffle Loïc Cand avec étonnement. La virée se poursuit… Le Vallonnier s’occupe souvent du pistage durant le week-end.
La voix de Marcel Neuenschwander en « compagnon de route »
« Le responsable du centre nordique des Cernets, Pierre-Eric Rey, est retraité, il a le temps de le faire la semaine. Moi ça ne me dérange pas de passer un peu de temps dans la dameuse le week-end. » La tournée du matin commence à 5 heures et celle du soir en fin de journée. Il faut compter environ six heures pour tracer les 53 kilomètres de pistes. « Certains vous diront que c’est long mais moi j’aime ça. » Seul dans sa machine, Loïc Cand s’accompagne parfois de la voix de Marcel Neuenschwander pour vivre un match à distance sur la radio RTN. Foot, hockey ou basket, le joueur du FC Môtiers n’y accorde que peu d’importance tant qu’il continue d’onduler sur les pistes. Seul au monde ou presque…
Kevin Vaucher