Le Repaire, y’en a pas deux !
Le Repaire est unique. C’est une association cantonale qui a choisi d’investir quelques coins de forêts pour sociabiliser les enfants. Au rythme des saisons et à travers la nature, ils sont encouragés à explorer leurs propres ressources et leur potentiel. Au Val-de-Travers, c’est dans le « cocon » du canapé forestier de Plancemont que l’accueil se fait chaque mercredi matin de 8 h 30 à 11 h 30. Ce n’est pas une seconde école mais plutôt une mise en éveil des trois à quatre ans pour leur développement personnel et social. Pourquoi ne pas essayer ?
L’origine de cette initiative, c’est au Val-de-Travers qu’on la trouve ! En 2011, deux femmes passionnées de nature ont eu l’idée de créer des ateliers pour enfants en extérieur pour qu’ils puissent s’exprimer autrement. Et librement aussi ! Active comme vendeuse au kiosque de Couvet, Maria Juvet était l’une des initiatrices du projet initial (avec Séverine Tâche). Elle a rapidement constaté qu’elle était « copiée » à droite à gauche.
Notre action a vite fait des « petits » ailleurs dans le canton et différents groupes se sont créés. Pour partager nos expériences et nos besoins, on a alors décidé de réunir nos forces avec la création de l’association « Le Repaire » en 2013.
Des animatrices du Littoral, qui venaient apporter leur savoir par ici, ont créé leur groupe sur leur lieu de vie par exemple.
Au début, nous recevions chaque semaine les jeunes non scolarisés le mercredi matin et des enfants plus grands une fois par mois. Aujourd’hui, la demande fait que nous avons gardé uniquement les mercredis matin.
Une pré-école de vie
Les activités se sont très diversifiées dans le bas du canton avec des cours presque tous les jours. Du yoga en nature, des activités à la ferme, en allemand, en nocturne ou lors d’anniversaires sont régulièrement à l’ordre du jour. Au Vallon, les trois animatrices en place – Maria Juvet, Natacha Blanc et Silvia Belotti – travaillent dans d’autres domaines en parallèle et ont décidé de rester sur l’idée de base par la force des choses.
Si des nouvelles personnes sont prêtes à donner du temps et qu’il y a une demande pour faire plus de choses, on pourra tout à fait envisager d’enrichir notre offre.
Pour le moment, le groupe du mercredi matin se compose de douze enfants. À partir de huit, c’est suffisant pour maintenir ce rendez-vous chaque semaine et c’est déjà une bonne chose.
Les jeunes sont âgés de trois à quatre ans et ne vont pas encore à l’école. C’est un âge parfait pour qu’ils prennent de bonnes habitudes en expérimentant différentes choses.
Notre but est de leur apprendre à gagner en autonomie, à développer leur capacité motrice, à laisser aller leur créativité et à se sociabiliser avant d’arriver sur les bancs scolaires.
En gros, ils sont accompagnés durant une année pour maximiser leur développement personnel et leur façon d’interagir avec les autres tout en étant sensibilisés à certaines causes. Celle de la nature est évidente mais il y en a d’autres.
Nous ne voulons pas jouer le rôle de l’école avant l’heure donc nous n’avons pas de cours précis à donner. C’est plutôt une pré-école de vie pour acquérir certaines connaissances et quelques bons réflexes.
Dans le « cocon » du canapé forestier
Parmi ces réflexes civiques, il y a celui de ne pas jeter ses déchets par terre notamment. Et apparemment, beaucoup d’adultes n’ont pas été sensibilisés à ce sujet dans leur jeunesse. En extérieur, les jeunes ne sont pas installés derrière des pupitres mais sur le canapé forestier de Plancemont près de la piste vita.
C’est un endroit qui a été créé en 2011 en collaboration avec le garde forestier. Il est idéalement situé pour bénéficier d’un maximum d’ensoleillement tout au long de l’année. Je peux certifier que c’était un bon choix car on est aussi allé quelques fois au canapé forestier de Môtiers cet hiver et je peux vous dire qu’on prenait vite un coup de froid,
s’échauffe Maria Juvet.
À la suite de la naissance du canapé forestier de Plancemont, les écoles ont sauté dans le sillage pour créer d’autres lieux du genre dans tout le Val-de-Travers (Fleurier, Saint-Sulpice, La Côte-aux-Fées…). « Le Repaire » aime décidément faire des petits.
Assimiler pour faire la paire
Avant de tomber dans la marmite de la « pédagogie par la nature » et la vente, la Covassonne faisait un métier totalement différent. Elle était laborantine en chimie.
J’ai pris ce tournant vers la pédagogie car j’ai suivi Séverine Tâche dans ce projet. J’aime bien la vie associative et je l’avais connue dans des sociétés sportives du Vallon d’ailleurs. Créer quelque chose qui n’existait pas pour les enfants a été un fort stimulant pour moi.
Ses trois enfants, âgés de 16 à 21 ans aujourd’hui, ont naturellement participé à plusieurs ateliers de « repaire » plus jeunes. Par la suite, ils ont aussi donné des coups de pouce dans l’encadrement des enfants en forêt.
Ce qui est positif et important pour nous c’est que chaque enfant prenne du plaisir sur le moment. Mais c’est aussi qu’il en garde un bon souvenir quand il grandit.
Cette assimilation entre bon souvenir et forêt aura ainsi tendance à le pousser à bien se comporter avec la nature. Assimiler pour faire la paire, telle est la force du « Repaire » !
Kevin Vaucher