D’importance patrimoniale et historique
L’église de Môtiers va faire peau neuve
Datant probablement du 8e siècle, l’église Notre-Dame va être l’objet d’une importante restauration durant l’année 2021. Des travaux, tant intérieurs qu’extérieurs, sont nécessaires pour pérenniser cet édifice d’une haute valeur patrimoniale.
L’année 2021 sera celle de la réhabilitation pour l’église de Môtiers. Certes, des travaux de drainage et d’assainissement des pieds de la façade ont déjà eu lieu au mois de septembre dernier, mais les plus importantes étapes de restauration se feront tout au long de cette année. Elles consisteront à réparer les crépis extérieurs et intérieurs, les parements en pierre de taille du clocher, à restaurer la charpente médiévale, à consolider le beffroi et à remplacer le système de chauffage.
Je suis très content car l’église le mérite,
nous avoue Jean-Samuel Bucher, diacre de la paroisse du Val-du-Travers et président de l’Association pour la restauration de l’église de Môtiers. Celui qui a initié l’idée d’une rénovation, il y a huit ans, nous explique que plusieurs éléments demandaient une rapide prise en charge, notamment la toiture et les murs de l’édifice. Dans la voix du président de l’association transparaît une certaine joie à l’idée d’enfin voir la concrétisation de ce projet.
Nouvelle rénovation, anciennes techniques
L’église paroissiale Notre-Dame, rebâtie aux 15e et 16e siècles, a déjà connu plusieurs rénovations dont la dernière date de 1981. Néanmoins, ces dernières n’ont pas pu préserver l’édifice des atteintes du temps, ainsi, les dommages du bâtiment nécessitent une restauration importante.
Également, les techniques employées dans les précédentes rénovations ont provoqué certains dégâts d’aujourd’hui,
détaille le diacre. En exemple, les renforts en béton, totalement hermétiques, qui n’ont pas « permis aux murs de respirer » et qui ont favorisé le développement d’une humidité malsaine.
L’actuelle réhabilitation se fera avec des procédés anciens et respectueux des constructions médiévales en pierre. Celle-ci a été confiée au soin du bureau d’architecture et d’ingénierie Stirnemann qui a déjà participé à la réfection de la Maison des Six-Communes à Môtiers.
À la fois pour collaborer avec les acteurs locaux et l’expertise,
souligne Jean-Samuel Bucher. Le chantier ne devrait pas dépasser l’année 2021, même si la priorité n’est pas à la rapidité, mais à la qualité de la restauration de cette église qui daterait du 8e siècle.
Diverses sources de financement
Ce projet de réhabilitation est mené par l’Association pour la restauration de l’église de Môtiers, constituée en 2018. Depuis, celle-ci a patiemment recherché des donateurs et mécènes pour le financement d’une partie de la rénovation, estimée à environ 2 millions de francs. L’association s’est approchée de nombreuses fondations, associations, paroisses et s’est tournée vers l’ensemble des communes de Suisse. Résultat de cette recherche de fonds : 663’561 francs. Le reste du budget sera constitué de subventions fédérales (Fr. 338’000.-) et cantonales (Fr. 270’000.-) ainsi que de l’apport de la Commune de Val-de-Travers, propriétaire de l’édifice (environ Fr. 600’000.-).
La Commune a produit un véritable effort,
relève Jean-Samuel Bucher, en soulignant qu’il est depuis plusieurs années en contact étroit avec Yves Fatton, président du Conseil communal et chargé du dicastère en question. également, le diacre se montre étonné de la générosité de certaines paroisses suisses alémaniques et ne manque pas de souligner l’apport de la Loterie romande. Pour le reste, la discrétion restera de mise, toutefois, Jean-Samuel Bucher est satisfait du montant récolté, alors que les communes ont toujours moins de moyens à disposition et que les acteurs du mécénat sont toujours plus sollicités.
Importance patrimoniale et historique
Cette restauration offre aussi des possibilités d’analyse archéologique à l’Office cantonal du patrimoine et de l’archéologie (OPAN). « L’étude durera deux ou trois semaines et consistera principalement dans l’analyse des murs décrépis », explique Jacques Bujard, chef de l’OPAN et conservateur cantonal. Déjà, quelques observations ont pu être menées et s’avèrent prometteuses pour établir la chronologie et les étapes de la construction de l’édifice. Le conservateur cantonal nous expose que le site du prieuré Saint-Pierre, fondé au tournant des 6e et 7e siècles, a déjà été l’objet de plusieurs études, mais que l’analyse de l’église Notre-Dame demeure en quelque sorte la dernière « pièce du puzzle ».
Cette analyse est de grande valeur, car nous n’avons que très peu d’archives et sources écrites,
précise Jacques Bujard, en ajoutant que les premières mentions de l’église ne datent que de 1100.
De ce fait, l’église Notre-Dame et le prieuré Saint-Pierre, auquel elle était rattachée avant la réforme, constituent un important témoignage du développement monastique dans l’Arc jurassien, à l’instar des premiers lieux de culte de Romainmôtier.
Ceci nous renseigne sur les axes de circulation et les lieux de passage de l’époque,
explique le conservateur cantonal. Un monastère n’est pas uniquement lieu de prière, mais surtout un organisme de contrôle et de régulation des flux de circulation. L’église paroissiale de Môtiers recèle encore quelques secrets.
La population aura l’opportunité de « vivre » la réhabilitation de l’église au plus près à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, le 12 septembre prochain. Ce jour-là, le site sera accessible aux visiteurs et le comité de l’Association pour la restauration de l’église de Môtiers et des représentants de l’OPAN seront présents pour répondre à toutes leurs interrogations. Enfin, un site internet au sujet de la rénovation de l’édifice est en phase de construction (https://sites.google.com/view/eglisedemtiers/accueil).
Gabriel Risold