Les mégots font de vieux os !
Récemment, la thématique des mégots a occupé une place importante dans l’actualité avec la campagne « Zéro mégot » de la commune de Val-de-Travers. Depuis qu’elle a pris fin, d’autres personnes ont pris le relais pour sensibiliser l’opinion sur cette question. C’est notamment le cas d’Isabelle de Warenghien qui ramasse chaque semaine les mégots qui « traînent » dans le quartier de la gare, à Fleurier. Comment agir et qui doit le faire pour que ça évolue ?
Cette sempiternelle question des mégots se consume depuis des années sans que le fléau ne disparaisse. Tout le monde est d’accord sur le constat mais personne semble en mesure de l’éradiquer. En témoignent les 200 à 400 mégots que récolte chaque semaine la Vallonnière Isabelle de Warenghien lorsqu’elle part en « opération nettoyage » sur l’avenue de la Gare de Fleurier. Il y a dix ans déjà, l’Office fédéral de l’environnement indiquait que le coût du littering (déchets sur la voie publique et en nature) s’élevait à environ 200 millions de francs par an en Suisse. 75% de cette somme est assumée par les communes.
Du mégot coule (notamment) la toxicité des rivières
Toujours selon cette source officielle, la cigarette représente 36% des déchets « égarés » par la population. Et encore, cela ne concerne que la part de ce qui est retrouvé. En effet, pensant contourner le problème, certains jettent leurs bouts de cigarettes dans les grilles d’égout. Ainsi, en plus de faire des dégâts directs sur la terre ferme, les polluants vont aussi répandre tous leurs méfaits dans les eaux de la région. « Les grilles d’égout servent à l’évacuation des précipitations vers les lacs et les rivières. Au Val-de-Travers, balancer une cigarette dans une de ces grilles revient donc à souiller directement l’Areuse. Qui elle-même va souiller le lac de Neuchâtel, les nappes phréatiques et nos ressources en eau potable », dresse la Bayardine.
1 mégot équivaut à 50 substances cancérigènes
L’ensemble du monde vivant est ainsi indirectement impacté par ce geste devenu habitude chez bon nombre de fumeurs. Même depuis la maison, via la cuvette des WC, les cigarettes arrivent à nuire en surchargeant inutilement le travail des stations d’épuration. Leur rôle est de traiter les eaux usées et certainement pas de s’occuper des eaux empoisonnées par ces déchets toxiques. Une seule cigarette contient 250 substances nocives pour la santé dont 50 sont cancérigènes. Une bonne partie de ces éléments s’accumulent dans le filtre qui met 10 à 15 ans à se décomposer. Un seul mégot peut polluer jusqu’à 40 litres d’eau. Des chiffres qui parlent.
Lacunes juridiques nationales
En Suisse, aucun cadre juridique commun ne permet de lutter contre le littering. Chaque canton y va de sa propre tambouille miracle, qui ne fonctionne visiblement pas. Chaque ville et chaque commune sont responsables de la propreté de leurs espaces publics. Certaines infligent des amendes, allant de 50 à 200 francs, pour ceux qui sont pris en flagrant délit de littering. Une mesure peu efficace en pratique car on ne peut pas placer un policier derrière chaque citoyen. Pour Isabelle de Warenghien, l’unique solution est pourtant d’attaquer encore plus fortement le porte-monnaie.
L’exemple de l’interdiction de fumer dans les restaurants
Il faut des amendes plus importantes et surtout que les sanctions soient véritablement distribuées. Le fonctionnement de notre société pousse les gens à être irresponsables, individualistes et égoïstes. Lorsque l’on touche au porte-monnaie, alors les gens ne sont pas contents mais cela rentre peu à peu dans les habitudes. Maintenant on trouve normal de ne pas fumer dans un bistrot par exemple. à Singapour, la législation est très stricte envers les personnes coupables de littering. ça fonctionne mais je n’aimerais pas y vivre pour autant.
L’état ayant la deuxième plus forte densité de population dans le monde ne rigole effectivement pas en ce qui concerne la propreté.
Des heures de nettoyage public comme sanction ?
Dans la rue, on ne peut pas fumer n’importe où. Il faut être à plus de 20 mètres d’un bâtiment dans l’un des endroits spécialement dédiés pour « tirer sa clope ». Si quelqu’un enfreint la loi, il risque jusqu’à 1300 francs d’amende. Et ne pensez pas échapper aux milliers de caméras de vidéosurveillance qui vous surveillent en permanence. En 2015, un homme qui a vidé un cendrier par la fenêtre de chez lui sur la voie publique a reçu « une prune » de 12’800 francs. Il a également écopé de cinq heures de nettoyage public à effectuer dans l’espace public. C’est radical mais ça marche !
Kevin Vaucher