Inside Val
Les recrues attendent la marche sous appareil respiratoire
La marche en avant continue de s’accélérer pour les recrues 2022 des sapeurs-pompiers. Ces dernières semaines, leur formation a impliqué plus de quatre heures de cours passées en formation à distance. Cinq examens ont ainsi dû être réussis avant d’accéder à la phase suivante. Cette phase s’est déroulée le 8 mars au hangar de Couvet. Des présentations théoriques et des exercices pratiques y ont été proposés. La prise en main du système de communication radio et l’assimilation du système d’alarme sont maintenant validés. Lors de la prochaine étape, le 26 mars, c’est avec l’appareil respiratoire isolant (ARI) que les recrues feront plus ample connaissance. Une marche vallonnée de plusieurs kilomètres va enfin aller titiller leurs ressources physiques. Hâte que ce premier face-à-face avec le véritable terrain commence.
Petit à petit, la quinzaine de recrues vallonnières des sapeurs-pompiers touchent aux choses sérieuses. Elles commencent à entrer dans des exercices toujours plus concrets qui les mèneront dans quelques mois à l’intégration des différents groupes d’urgence du Vallon. Cette montée en puissance au niveau des responsabilités et de l’implication s’est traduite dans leur formation ces dernières semaines. Il y a d’abord eu un gros bloc d’examens théoriques à passer. Qui dit cinq modules dit forcément cinq examens. Le premier sujet concernait la sécurité. Pour rester efficace, un pompier doit savoir calculer les risques à prendre et respecter certaines consignes pour ne pas mettre en danger ses camarades d’intervention. Avec l’équipement complet, le rapport aux cinq sens est complètement chamboulé. Il n’y a plus d’odorat (en raison du masque), le champ visuel est réduit et l’acuité auditive est fortement diminuée.
La « ligne guide », ce repère matériel important
Si on y ajoute le toucher limité, le poids de l’appareil de protection respiratoire et la liberté de mouvement loin d’être optimale, on comprend facilement que la vigilance de l’équipe doit être irréprochable en tous points. Le deuxième sujet avait trait aux différents appareils utilisés en opération et il était lié au troisième concernant le matériel. Les recrues se sont penchées par exemple sur la « ligne guide ». Celle-ci permet de savoir au toucher si l’on se dirige vers le sinistre ou vers la sortie de la zone de feu (grâce à des « nœuds » plus ou moins rapprochés sur la corde). Puisque les sens sont très limités avec l’équipement de quinze à vingt kilos, il est parfois compliqué de s’y retrouver en intervention. Cette ligne guide est un repère matériel important.
Il y a aussi l’autoroll qui permet de relier les coéquipiers ensemble à 1.25 mètre de distance. Ce qui permet d’avancer en groupe et de n’égarer personne en chemin. Les deux derniers modules concernaient le protocole d’engagement et de rétablissement (fin de mission). Dans le périmètre d’un incendie, le matériel du pompier se retrouve souillé par des fumées toxiques, des cendres et des suies sous forme solides, ce qui peut potentiellement l’endommager. Il est notamment primordial de procéder à un premier nettoyage sur place puis à un nettoyage complet en caserne. Le masque et le dispositif respiratoire sont plongés dans quatre bains de nettoyage, de rinçage et de désinfection afin de les remettre en parfait état d’action pour la prochaine intervention.
Les oreilles rouges comme signal d’alarme à la chaleur
Le 8 mars, les recrues se sont retrouvées à Couvet pour deux heures trente de formation pratique et théorique sous la direction du responsable d’instruction Fabio Castellani et du responsable logistique Sébastien Cloléry. L’équipement de protection a été passé en revue. L’occasion de rappeler qu’il n’y avait pas de cagoule à l’époque et que le signal d’alarme pour une chaleur trop élevée était visuel.
Dès que les oreilles des hommes devenaient rouges, il fallait commencer à s’inquiéter,
ont-ils exposé avec le sourire. Tout est évidemment bien plus encadré aujourd’hui et de gros progrès ont été faits jusque dans des détails à priori anodins.
Le nombre de bandes phosphorescentes a été diminué car elles emmagasinent beaucoup de chaleur et la protection est affaiblie à ces endroits.
C’est loin d’être anodin sur des brasiers pouvant atteindre 800 degrés en plafond. Sous l’équipement, dans la chaleur, au cœur des fumées et dans un environnement souvent bruyant en raison de la combustion, la communication est aussi une chose capitale pour coordonner les opérations. Une introduction au langage radio a donc été proposée aux recrues.
« À Castellani de Vaucher, répond »
Une multitude de codes automatisés interviennent tous les jours pour ouvrir, mener et fermer une discussion standard de la vie quotidienne (salutations, formules de politesse, respect des tours de parole,…). Il est donc logique que les pompiers et d’autres métiers utilisant des systèmes radio pour communiquer aient leur propre langage (armée, police,…). Le « langage feu » des pompiers est très simple, il y a d’abord une phase d’identification (À Castellani, de Vaucher) puis la requête qui est terminée par « répond ». Très important, celui qui reçoit le message doit obligatoirement quittancer le fait qu’il l’a bien reçu (« Compris »). Puis il répète la requête ou l’ordre en question pour s’assurer que c’est le bon, il donne sa réponse et termine par « répond ». C’est la base ! Il faut être court, concis et précis pour limiter au maximum le risque d’incompréhension. Imaginez les dégâts que peut faire un feu d’appartement en trois ou quatre minutes de perdues pour une mauvaise utilisation de la radio.
Le réflexe des 3 dl d’eau
Au Val-de-Travers, il y a treize antennes relais pour que les communications radio puissent fonctionner partout. Finalement, la soirée s’est terminée sur un exercice qui a placé les recrues en situation d’urgence. La Centrale neuchâteloise d’urgence a simulé une urgence mission en condition réelle. Dans ce cas, chaque sapeur reçoit un message et un appel auquel il doit répondre immédiatement pour confirmer ou non sa présence. S’il est disponible, il a 5 à 7 minutes pour s’habiller en tenue, se rendre à la caserne et partir en intervention. Pas le temps de tergiverser. Seul petit « écart » autorisé, s’il reste dans le temps imparti, penser à ingurgiter 3 dl d’eau pour rester hydraté le plus longtemps possible une fois sur zone. Ça peut paraître bête dit comme ça mais ça peut être un réflexe vital pour un pompier. C’est avec leur livret de service désormais en poche et avec la marche sous appareil respiratoire en ligne de mire que les recrues sont reparties au chaud… avant le prochain « ordre de marche ».
Kevin Vaucher