L’infrason, un son inaudible mais dangereux
À notre époque, où on légifère (à juste titre) contre le bruit provenant de la machinerie et de la circulation, il est étonnant que les vibrations et les infrasons émis par les éoliennes ne soient pas pénalisés par la loi mais que, au contraire, leur existence soit niée puisque l’oreille externe ne les entend pas.
Dans la vie, il existe de multiples dangers qui échappent à nos sens : à la plage, notre peau brûle sans qu’on voie les rayons ultraviolets (UV) qui en sont la cause ; dans une mine, l’odorat n’avertit pas les mineurs de la présence du monoxyde de carbone qui peut les asphyxier. Cette déficience sensorielle s’applique aussi aux infrasons que seule l’oreille interne entend et qui portent atteinte à notre système nerveux en provoquant des tachycardies (battements accélérés), des acouphènes (sifflements), et d’autres troubles comme l’incapacité de dormir ou de se concentrer, l’angoisse et l’inquiétude.
L’étude des infrasons ne date pas d’hier. Déjà en septembre 2010 le professeur Alec N. Salt, des États-Unis, avait démontré comment l’oreille interne réagit aux infrasons des éoliennes. Depuis, la hauteur des aérogénérateurs a pris l’ascenseur et on érige maintenant des machines gigantesques de plus de 200 mètres. Or, chaque fois que les pales passent devant leur tour, elles créent des infrasons.
À cause d’une législation obsolète certains pays (dont la Suisse, voir l’ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit, 1986) ne considèrent pas les sons avec des fréquences en dessous de 20 Hz comme une nuisance pour la population et, de ce fait, ils ne figurent pas dans leurs lois comme une menace pour la santé. Heureusement, à la suite de l’interpellation, déposée le 22.09.2020 au Conseil national par Jean-Pierre Grin (UDC, VD), Intensité des infrasons émis par les éoliennes. Des éléments nouveaux, la question des infrasons est de nouveau d’actualité. Jean-Pierre Grin cite l’article de J.-Bernard Jeanneret, un physicien suisse, ancien collaborateur au CERN, Intensité des infrasons émis par les éoliennes et sa dépendance du sous-sol et d’effets résonants dans les constructions, publié sur le site de Paysage Libre Vaud, où il démontre comment les infrasons et les vibrations des grandes éoliennes sont transmis très loin dans le sous-sol dur, par exemple le calcaire du Jura. Ces vibrations sont ensuite amplifiées dans les chambres des habitations par l’effet de résonance et peuvent être à l’origine des troubles pour la santé, décrits ci-dessus.
Dans un monde où la pollution sonore est reconnue comme un danger pour la population et celle créée par les machines de la vie moderne est prescrite par la loi, n’est-il pas le moment de légiférer sur les infrasons, dont les méfaits sont un constat scientifique, au lieu de prétendre qu’ils n’existent pas ?
Richard Wilson, Travers